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Zeus

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Zeus
Dieu de la religion grecque antique apparaissant dans la mythologie grecque
Le buste de Zeus découvert à Otricoli, en Italie.
Le buste de Zeus découvert à Otricoli, en Italie.
Caractéristiques
Nom grec ancien Ζεύς / Zeús
Fonction principale Roi des dieux
Fonction secondaire Dieu du ciel et de la foudre
Résidence Mont Olympe
Lieu d'origine Grèce
Période d'origine Grèce antique
Groupe divin Divinités olympiennes
Parèdre Héra
Équivalent(s) Jupiter, Tinia
Culte
Région de culte Grèce antique
Temple(s) Temple de Zeus à Olympie
Lieu principal de célébration Jeux olympiques antiques à Olympie
Date de célébration Tous les quatre ans
Famille
Père Cronos
Mère Rhéa
Fratrie
Premier conjoint Métis
• Enfant(s) Athéna
Deuxième conjoint Thémis
• Enfant(s)
Troisième conjoint Héra
• Enfant(s)
Quatrième conjoint Léto
• Enfant(s)
Cinquième conjoint Maïa
• Enfant(s) Hermès
Sixième conjoint Alcmène
• Enfant(s) Héraclès
Septième conjoint Sémélé
• Enfant(s) Dionysos
Huitième conjoint Danaé
• Enfant(s) Persée
Neuvième conjoint Mnémosyne
• Enfant(s) Les neuf muses
Dixième conjoint Déméter
• Enfant(s) Perséphone
Onzième conjoint Léda
• Enfant(s)
Douzième conjoint Perséphone
• Enfant(s) Mélinoé
Treizième conjoint Séléné
• Enfant(s)
Quatorzième conjoint Callisto
• Enfant(s) Arcas
Quinzième conjoint Europe
• Enfant(s)
Seizième conjoint Eurynomé
• Enfant(s) Charites
Dix-septième conjoint Io
• Enfant(s) Épaphos
Dix-huitième conjoint Ploutô
• Enfant(s) Tantale
Dix-neuvième conjoint Électre
• Enfant(s) Dardanos, Émathion, Iasion, Harmonie
Symboles
Attribut(s) Le foudre, le sceptre en bois de cyprès, l'égide
Animal L'aigle, le taureau
Végétal Le chêne

Zeus (en grec ancien Ζεύς / Zeús) est le dieu suprême dans la religion grecque antique. Il est le dieu du ciel et le roi des dieux, la figure par excellence de la souveraineté et de l'autorité, celui qui maintient l'ordre dans le monde.

Cronide, fils du titan Cronos et de la titanide Rhéa, marié à sa sœur Héra, il a engendré, avec cette déesse et avec d'autres, plusieurs dieux et déesses, et, avec des mortelles, de nombreux héros, comme le conte la théogonie d'Hésiode (VIIIe siècle av. J.-C.). La mythologie grecque le met en scène très fréquemment.

Nom et épithètes

Étymologie

Le nom Zeus (nominatif : Ζεύς / Zeús ; vocatif : Ζεῦ / Zeû ; accusatif : Δία / Día ; génitif : Διός / Diós ; datif : Διί / Dií) repose sur le thème *dy-ēu-, issu de la racine indo-européenne *dei- qui signifie « briller ». Elle est également à l'origine du sanskrit द्याउः / dyāuḥ, signifiant « ciel lumineux », et du latin diēs, signifiant « jour »[1]. En grec ancien, on la retrouve dans les mots ἔνδιος / éndios et εὐδία / eudía qui désignent respectivement le midi (l'apogée de la journée) et le beau temps. Ce nom entre dans la composition de nombreux mots : le nom des Dioscures (Διόσκουροι / Dióskouroi, les « jeunes de Zeus »), la cité de Dioscourias, Dioscoreetc. Les Grecs juraient souvent par le nom de Zeus, via les expressions Μὰ τὸν Δία / Mà tòn Día et Nὴ τὸν Δία / Nề tòn Día.

Épithètes, épiclèses

Dans la littérature et l'épigraphie, Zeus est désigné par diverses épithètes (ou épiclèses) mettant en avant ses diverses spécificités[a] : pouvoirs, lieux de cultes, rituels qui lui sont consacrés, liens avec d'autres divinités. Il est le dieu grec qui dispose du plus d'épithètes, et de loin.

Cette profusion d'épithètes cultuelles suscite les réflexions de l'orateur Dion Chrysostome, qui considère qu'un sculpteur doit adapter sa manière de représenter le dieu en fonction de l'épithète concernée, chacune présentant sa spécificité :

« seul des dieux, (Zeus) est appelé Patèr (« père ») et Basileus (« roi »), Polieus (« de la cité ») et Philios (« amical ») et Hetaireios (« des hétairies »), et aussi Hikesios (« des suppliants ») et Xenios (« hospitalier ») et Epikarpios (« des fruits ») et il a des milliers d'autres épiclèses en rapports avec ses bienfaits ; on l'invoque comme Basileus en raison de son autorité et de sa puissance, comme Patèr, je pense, en raison de sa sollicitude et de sa gentillesse, Homognios (« de la parenté ») en raison de la communauté de parenté qui unit les dieux et les hommes, Ktèsios (« des richesses ») et Epikarpios, dans la mesure où il (Zeus) est à l'origine de tous les fruits et est le donneur de richesse et de puissance. »

— Dion Chrysostome (trad. Pierre Brulé), Discours XII, dit Olympique, 71-77[2].

Parmi les épiclèses renvoyant à ses domaines de compétences, on peut relever :

  • la pluie et la foudre : Hyetos, Ombrios « pluvieux », Keraunios « de la foudre », Kataibates « qui fait descendre (l'éclair/la foudre du ciel) », etc.[3]
  • les relations entre personnes : Xenios « hospitalier », Hikesios « des suppliants », Philios « de l'amitié/amical », etc.[4]
  • le foyer et la vie domestique : Ktesios « des richesses », Herkeios « de l'enceinte/de la clôture », etc.[3]
  • la famille et les groupes de parenté : Patrôos « ancestral/des pères », Phratrios « de la phratrie », etc.[3]
  • la protection contre les crises : Sôter « sauveur », Eleutherios « libérateur », Apotropaios « qui prévient/écarte le mal », Alexikakos « qui écarte les maux », etc.[4]

Ces épithètes ne fixent pas forcément de limites aux compétences du dieu : une analyse des rites consacrés à Zeus Polieus « de la cité » à Cos semble indiquer qu'il a des aspects agricoles et chthoniens[5].

Les épithètes locales (ou topiques) renvoient à un nom de lieu où Zeus dispose d'un lieu de culte, dans bien des cas des montagnes. Par exemple Laphystios « Du (mont) Laphystion », Labraundos « de Labraunda », Panamaros « de Panamara », etc.[4]

On trouve aussi des combinaisons du nom de Zeus avec ceux d'autres divinités : Zeus Dionysos, Zeus Ammon, Zeus Sabazios, Zeus Sarapis, etc. Ces formes connaissent une certaine popularité en Orient à l'époque romaine impériale. Dans la plupart des cas, cela vise probablement à élever la dignité des dieux dont le nom est accolé à celui de Zeus, ou à assimiler à Zeus une divinité d'origine étrangère, plutôt qu'à isoler un autre aspect de Zeus[6].

Dans la littérature, Homère l'affuble de nombreuses épithètes (épithètes homériques) renvoyant aussi bien à son statut de fils de Cronos (Kronides), sa nature céleste (Olympios « Olympien », Hypsistos « le très haut »), son rôle de dieux des pluies et de la foudre (Nephelegereta « assembleur des nuées », Kelainephes « à la nuée noire », Terpikéraunos « qui aime la foudre »), son statut patriarcal (Pater andron te theon te « père des dieux et des hommes »), ses fonctions dans les relations sociales (Xenios « hospitalier », Horkios « du serment », Hikesios « des suppliants »), ses lieux de cultes (Dodones/Idethes medeon « protecteur de Dodone/de l'Ida »), etc.

Expressions et onomastique

Le nom de Zeus est très présent au quotidien par les anciens Grecs, qui l'invoquent dans leurs conversations, notamment par l'expression ne ton Dia « par Zeus ! » courante dans la littérature athénienne classique. Ils construisent également des noms de personnes à partir de lui (noms « théophores ») : Diodote, Diodore, Zénodote, Zénodore qui signifient « Don de Zeus » ; Diogène « Rejeton de Zeus » ; Dioclès « Gloire de Zeus » ; etc.[7]

Origines

Le dieu du ciel diurne

De toutes les principales divinités grecques, Zeus est le seul dont l'origine ne souffre pas de contestation : c'est originellement un dieu du ciel diurne et lumineux tel qu'il s'en retrouve dans les panthéons des peuples de langues indo-européennes. Cela ressort en premier lieu de l'étymologie de son nom, qui comme vu plus haut s'explique par la linguistique : son nom dérive de la racine indo-européenne signifiant « briller », d'où le « jour » (par opposition à la nuit), voire plus précisément dans ce cas « le resplendissant » ou « le ciel clair »[8],[9],[10]. Il se compare à l'indien Dyaus pitar et au romain Diespiter/Iuppiter, où se retrouve également le terme signifiant « père », renvoyant à son rôle patriarcal. L'expression Zeu pater « Zeus père » est d'ailleurs attestée en Grèce, notamment chez Homère[11],[11],[12],[10]. Néanmoins ce n'est que chez les Grecs et les Romains que cette figure occupe la position la plus importante dans les panthéons[9].

De là dérivent ses compétences célestes encore présentes dans la religion grecque antique, notamment par le biais de son rôle de maître des éléments atmosphériques régnant depuis les sommets des montagnes[11], même si son identité a évolué avec le temps, notamment par le contact avec d'autres systèmes religieux. Cela concerne probablement des divinités des peuples occupant la Grèce avant l'arrivée des premiers locuteurs de langues grecques (comme les « Minoens »), à propos desquelles ne peuvent être émises que de vagues suppositions, faute de documentation, qui pourraient expliquer par exemple les spécificités du Zeus crétois[13],[14].

Un dieu de l'Orage ?

Le contact avec les pays situés à l'est du monde égéen a sans doute aussi joué dans l'évolution de Zeus par rapport à son modèle originel. Plusieurs spécialistes de religion grecque ont souligné les similitudes entre Zeus et les « dieux de l'Orage » de l'Anatolie et de la Syrie (Teshub, Tarhunna, Hadad, Baal), qui semblent prendre le dessus sur son incontestable caractère originel de dieu céleste. Les Grecs ont en tout cas généralement identifié Zeus à ces divinités lorsqu'ils les ont rencontrées et ont cherché à leur trouver un équivalent dans leur panthéon[15],[9],[10],[16].

Ces dieux de l'Orage, en particulier connus grâce aux sources hittites et ougaritiques, sont les maîtres des forces atmosphériques, commandeurs des vents et pourvoyeurs des pluies. Ils sont donc associés à la fertilité et à la procréation, ce à quoi renvoie leur animal-attribut, le taureau. Leur rôle est donc essentiel pour les bonnes récoltes et la prospérité du pays. Ils ont également pour attributs la foudre et la hache. Leurs résidences se trouvent au sommet des montagnes. Ce sont des figures souveraines, garantes de l'ordre du monde et de la protection du royaume, avec un caractère guerrier. Ils sont souvent couplés dans le monde anatolien à des divinités solaires féminines[17],[18],[19].

Zeus présente donc plusieurs similitudes avec ces figures, qui pourraient selon I. Rutherford s'expliquer notamment par une influence de la mythologie levantine sur celle du monde grec. Mais il y a aussi des différences significatives, en premier lieu son caractère originel de dieu céleste. De plus, malgré la proximité géographique, il y a peu d'éléments pour établir des influences entre les panthéons de l'Anatolie hittite et ceux de la Grèce[20].

Zeus dans les tablettes mycéniennes

Tablette de Pylos enregistrant les offrandes à Zeus, Héra et Drimios. XIIIe siècle av. J.-C., Musée national archéologique d'Athènes.
Traduction partielle : « Pylos accomplit une cérémonie au sanctuaire de Zeus, et apporte des cadeaux, et mène des « porteurs » : pour Zeus, 1 BOL en ARGENT (?), 1 HOMME ; pour Héra, 1 BOL en ARGENT (?), 1 FEMME ; pour Drimios, fils de Zeus, 1 BOL en ARGENT (?)[21] »

Les plus anciennes sources documentant l'existence de Zeus sont les tablettes mycéniennes de la fin du XIIIe siècle av. J.-C., écrites en linéaire B (transcrivant une forme ancienne de grec). Il dispose à Pylos (Messénie) d'un temple à son nom, appelé Diw(i)jon, où il est vénéré aux côtés d'Héra, qui est donc déjà considérée comme son épouse. Ils y sont également associés à Dirimios, qui est dit « fils de Zeus », divinité qui n'apparaît pas dans la documentation postérieure. Un prêtre porte un titre qui l'associe au culte de Zeus, diwion. Une autre divinité liée à Zeus qui apparaît à Pylos est Diwja, Dia, dont le nom est la contrepartie féminine de Zeus (qui rappelle la Dioné de Dodone), qui dispose elle aussi d'un sanctuaire à son nom. L'autre corpus majeur de textes en linéaire B, celui de Cnossos en Crète, documente un Zeus avec une épithète bien connu de la documentation classique, Zeus du mont Dicté (diktajoi Diwei), avec un sanctuaire en ce lieu. Cela semble indiquer qu'il y a eu un syncrétisme entre les cultes des « Mycéniens », population de langue grecque qui établit sa domination sur la Crète, et les « Minoens », autochtones de langue non-grecque qui pratiquaient depuis plusieurs siècles des cultes sur les sommets. Quant au contenu du culte qui est rendu à Zeus, les tablettes étant de nature administrative, elles enregistrent des livraisons d'offrandes (vases, huile, peut-être des vêtements). On apprend aussi qu'il donne son nom à un mois de Cnossos (Diwios), durant lequel il est probable qu'une fête soit rendue en son honneur. Zeus est donc déjà une divinité importante (même s'il a été avancé que Poséidon soit plutôt la divinité majeure de Pylos), dont le culte est associé aux hauteurs, forme un couple avec Héra, mais la mythologie le concernant ne peut être connue par les sources écrites[22],[23].

Pouvoirs et fonctions

Comme les autres divinités majeures des panthéons grecs, Zeus se décline en une multitude d'aspects se manifestant dans des domaines de compétences différents, qui sont tout autant de facettes de sa personnalité/puissance divine. Sa puissance est « multi-dimensionnelle »[24],[25].

Selon J.-P. Vernant : « la religion vivante des Grecs ne connaît pas un Zeus unique, mais des Zeus différents, qualifiés par des épithètes cultuelles qui les rattachent à des domaines d'activités définis. Ce qui importe dans le culte, c'est d'invoquer le Zeus qui convient dans une situation bien précise[26]. » Il y a également une pluralité d'interprétations du dieu dans les œuvres des poètes et des philosophes. En pratique il est donc souvent traité « comme un consortium de dieux plutôt que comme un dieu unique aux multiples facettes[27]. »

Pour autant, il existe bien derrière ces différentes figures de Zeus des éléments d'unité, « un horizon culturel commun que les Grecs associent à la puissance divine que tous appellent « Zeus » », sur lequel « viennent s'inscrire le ciel, le pouvoir, la souveraineté, l'autorité, pour ne citer que les éléments les plus apparents que fait surgir le nom même de Zeus » (G. Pironti)[28]. Ce pourrait être plus spécifiquement un dieu dont la caractéristique fondamentale est le pouvoir de souveraineté[29], même s'il n'est pas évident de la retrouver dans toutes ses déclinaisons[30].

De ce fait, les études sur Zeus se concentrent souvent sur certains de ses aspects que sur la figure en général, trop diverse et complexe : un culte en particulier, une forme d'art, son rapport à la justice ou au destin, ou à d'autres divinités. Les spécialistes qui ont cherché à donner une image synthétique de Zeus (W. Otto, J.-P. Vernant, W. Burkert) ont chacun à leur manière mis l'accent sur sa puissance considérable et sa suprématie, donc son statut de dieu souverain[31].

Un dieu du ciel et des forces atmosphériques

Les phénomènes atmosphériques

Statue de Zeus brandissant le foudre. Glyptothèque de Munich.

Dieu du ciel lumineux, Zeus préserve son aspect céleste, visible dans une de ses épithètes, Ouranios « céleste ». Selon Archiloque, « le ciel est (son) empire (kratos)[32]. » Si Zeus n'est pas le ciel, « certains caractères de ce ciel, le pouvoir qu’il exerce sur la vie humaine, constituent comme des voies à travers lesquelles la puissance de Zeus est rendue présente aux hommes[33]. »

Il est surtout reconnu dans le monde grec comme un dieu de ce qui vient du ciel, les phénomènes atmosphériques et les mouvements météorologiques[34],[35]. Homère en fait l'« assembleur de nuées » (nephelegereta) et le dieu à la « noire nuée » (kelainephes). Il est tenu pour responsable de tout un ensemble de phénomènes atmosphériques, ou plutôt il les incarne : on ne dit pas « il pleut », mais « Zeus pleut »[36],[9]. Dans Les Nuées d'Aristophane (368), lorsque Strépisiade apprend que Socrate ne croit pas que Zeus existe, il lui demande qui ferait pleuvoir si c'était le cas. Parmi ses manifestations se trouvent donc aussi bien les pluies, averses et tempêtes, les chutes de neige, les nuages, les rayons de soleil, que les éclairs[37]. Il a aussi une capacité à retenir les pluies et à provoquer la sécheresse : l'orateur Isocrate le décrit comme le « dispensateur de l'humidité et de la sécheresse » (Éloge de Bousiris, 13)[38].

Dieu des pluies, il porte les épithètes cultuelles Ombrios et Hyetios « de la pluie/pluvieux »[3],[39]. On lui fait donc des prières et des offrandes pour qu'il fasse pleuvoir et soit ainsi bénéfique aux récoltes[40],[9]. Pausanias (VIII, 38, 4) rapporte que les Arcadiens accomplissent des rites en l'honneur du Zeus du mont Lycée (Lykaios) lorsqu'une sécheresse frappe leur pays[41]. Sur l'île de Cos, une association cultuelle est consacrée à Zeus Hyetios, organisant chaque mois un pèlerinage et un sacrifice au dieu, connue par une inscription d'époque hellénistique[41],[42].

Il est un dieu des orages, du tonnerre, des éclairs et de la foudre. Homère emploie pas moins de vingt-six épithètes qui le relient à ces phénomènes (erigdoupos, terpikeraunos, etc.)[36]. Dans le culte, il est connu par des épithètes telles que Keraunios « de la foudre » et Kataibates « qui fait descendre (l'éclair/la foudre du ciel) », Brontaios « tonnant »[3],[39]. La foudre est en particulier vue comme la manifestation de sa puissance (épiphanie) et un de ses principaux attributs (notamment dans l'art). Il s'en sert pour envoyer des messages aux humains, pulvériser ses ennemis et ceux qui commettent des actes mauvais. Un lieu frappé par la foudre devient inviolable et lui est souvent consacré[43],[10],[38],[44].

Il peut aussi être Ourios « qui envoie des vents favorables », en particulier invoqué par les marins souhaitant arriver à bon port[45].

La hauteur et les montagnes

Le mont Hellanion sur l'île d'Égine, lieu d'un ancien sanctuaire de Zeus.

Dieu atmosphérique et souverain, Zeus est aussi un dieu de la hauteur, dominateur et majestueux, dont le lieu de résidence par excellence est situé sur les montagnes entourées de nuages[46],[3]. La tradition la plus commune le fait naître sur le mont Ida en Crète, celle d'Arcadie sur le mont Lycée[47].

De manière caractéristique, les lieux de culte sont situés sur les sommets de montagnes ou collines. Plusieurs communautés, notamment en Béotie, vénèrent un Zeus Karios/Karaios/Keraios « du sommet ». Le mont Pélion donne lieu à un rituel de sacrifice de mouton en l'honneur Zeus Akraios « de la hauteur ». Zeus Hypatos « le plus haut » a son sanctuaire sur le mont Hypatos en Béotie. Le sommet de l'île d'Égine comprend un sanctuaire dédié à Zeus Hellanios « des Grecs »[47],[48]. Plein d'autres exemples sont connus : en Attique Zeus est vénéré sur plusieurs monts, dont le Hymette et le Parnès[41] ; les Arcadiens le célébraient sur le mont Lycée (Zeus Lykaios)[49] ; les Crétois au mont Dicté (Zeus Diktaios) et au mont Ida (Zeus Idaios)[50] ; etc.

Zeus est en particulier associé à l'Olympe, sa résidence et le siège de la royauté divine dans la tradition grecque depuis au moins Homère. Olympios « Olympien » est une de ses épithètes les plus répandues. C'est en ce lieu qu'il se tient, au-dessus de tous, et qu'il exerce son rôle de roi des dieux : il y convoque les autres dieux, qui y tiennent des banquets luxueux et discutent des affaires du monde. Dans les mythes, l'Olympe est tantôt présenté comme une montagne dont le sommet, enneigé, est très élevé et donc à l'écart du monde des humains (Iliade, VIII, 3-4), ou comme un domaine céleste, pas vraiment distingué du « Ciel » (Ouranos) (Iliade, V, 749-754 ; Théogonie, 689-690), autre lieu de résidence divine par excellence. Ce terme désigne plusieurs montagnes, mais plus particulièrement le plus haut sommet de la Thessalie qui devient avec le temps plus particulièrement associé à Zeus[51],[52]. On y vénère Zeus Olympios, mais le principal sanctuaire local dédié à Zeus se trouve au pied de la montagne sur son côté nord, à Dion[53].

Les aspects chthoniens et la fertilité

Malgré son caractère fondamental de dieu céleste, Zeus se voit rendre de nombreux cultes sur des aspects chthoniens, liés aux forces terrestres et souterraines, voire au monde infernal et aussi en lien avec la fertilité[54],[55],[56].

L'aspect chthonien du dieu est souvent mis en avant pour Zeus Meilichios (ou Meilikhios) « doux », un dieu que les fidèles cherchent à apaiser afin de s'attirer ses bienfaits, notamment pour sa capacité à apporter la prospérité, dans des cultes souvent accomplis dans un cadre domestique ou par des groupes de parenté (voir plus bas). Cette interprétation ressort notamment du fait qu'il est souvent représenté sous la forme d'un serpent, animal lié aux forces souterraines[55],[57]. Mais aucune source antique ne le range dans la catégorie (du reste assez vague) des divinités chthoniennes, et cette classification ne permet pas vraiment de comprendre ses fonctions[58].

Zeus est parfois explicitement surnommé Chthonios ou Katachthonios « souterrain », « dans la terre ». Pausanias (II, 2, 8) dit que l'agora de Corinthe comprend un lieu de culte pour trois Zeus décomposés de manière verticale : un Zeus Hypsitos « très haut », lié aux hauteurs, un Zeus sans épiclèse, et un Zeus Chthonios, lié à la terre. La signification de ces épiclèses est discutée, souvent interprétées en lien avec le monde infernal, qui pourrait s'appliquer plus spécifiquement à Katachthonios. Hésiode (Les Travaux et les Jours, 465-467) prescrit de prier Zeus Chthonios, en même temps que Déméter, au moment des premiers labours afin d'avoir une bonne récolte. Une association similaire se trouve dans une inscription de Mykonos évoquant des sacrifices destinés à Zeus Chthonios et à Gê (le Terre) Chthoniê, donc là encore pour la fertilité de la terre[59].

Ce dernier point renvoie à tout le moins au fait qu'on prête à Zeus le pouvoir de contribuer à l'enrichissement du sol et à la croissance des plantes, que ce soit par un rôle lié à l'humus et à la terre ou aux pluies et au ciel (ou plus généralement à sa capacité à assurer la prospérité des humains). C'est donc aussi une divinité agraire. Eschyle renvoie à ce rôle dans des passages de sa tragédie Agamemnon : il parle de « Zeus et les sillons de l'année, (qui) par de nombreux et d'amples dons, savent éloigner la famine » (1110)[60] et de la douceur de « la bonne rosée de Zeus pour le germe au sein du bouton » (1380)[61]. Plutarque (Œuvres morales, 158e) évoque Zeus Ombrios « pluvieux », vénéré conjointement à d'autres divinités agraires, Déméter Proerosia « du labour » et Poséidon Phytalmios « qui fait croître ». Il joue donc un rôle essentiel dans la protection des récoltes (y compris face aux catastrophes naturelles), ce que confirment encore des inscriptions provenant d'Asie mineure, l'invoquant dans un contexte agraire sous ses épithètes célestes (Aithrios « du ciel clair », Brontaios « tonnant », Astrapaios « qui lance des éclairs », Olympios)[62]. Il agit sur la croissance de la végétation, donc des cultures. Zeus fait partie des dieux auxquels on attribue le plus des épithètes construites à partir du mot karpos « fruit », « récolte », « production agricole », après Déméter[63]. On lui connaît par des inscriptions des épiclèses telles qu'Epikarpios « des fruits » et Karpophoros « fructifère », mais aussi Phytalmios et Aldemios « qui fait croître », Thallos « rameau » ou encore Georgos « agriculteur », aussi Demetrios « de Déméter » qui le relie là encore à la déesse agraire par excellence[64],[65].

Un dieu souverain et surpuissant

La position suprême

Zeus est une figure royale, le roi des dieux, qui ressort notamment de son épithète Basileus « Roi », attestée dans plusieurs endroits du monde grec (Cos, Paros, Lébadée, Érythrées, Élatées) et qui est employée majoritairement pour lui[66]. Dans l'art (et aussi la littérature), il a pour attributs royaux le trône et le sceptre, ainsi que son animal l'aigle, comme l'illustre de la manière la plus éloquente sa statue chryséléphantine faite par Phidias pour son sanctuaire d'Olympie, devenue une référence pour la représentation des monarques[67],[68]. Sa majesté ressort encore dans les épithètes Megas « grand » et Megistos « très grand », qui lui sont données plus qu'à tout autre dieu[69].

Selon J.-P. Vernant, il est fondamentalement un dieu souverain : « un des traits essentiels de Zeus est qu’il siège, chez les dieux et dans tout l’univers, au sommet de la hiérarchie, qu’il détient le commandement suprême, qu’il dispose d’une force supérieure lui permettant une domination entière sur autrui[70]. » Là où les autres dieux, notamment ses frères Poséidon et Hadès, sont maîtres d'un domaine limité, Zeus exerce la souveraineté (basileia) sur le cosmos tout entier, parce qu'il a prouvé qu'il était supérieur aux autres prétendants à sa domination, après avoir renversé son père Cronos pour prendre sa succession, triomphé lors de la Titanomachie et enfin vaincu Typhon (suivant ce qui est relaté dans la Théogonie d'Hésiode)[71].

C'est également la figure patriarcale par excellence, le « père des dieux et des hommes » (Iliade I, 544 ; IV, 235 ; etc. ; Théogonie 542, 643, 848)[72],[38]. C'est aussi le dieu panhellénique par excellence, qui reçoit les épithètes Hellanios/Hellenios « des Grecs » (qui s'interprète aussi « du mont Hellanios » à Égine) et Panhellenios « de tous les Grecs »[73].

Plusieurs passages de l'Iliade indiquent clairement que Zeus est le plus fort des dieux, et que son autorité repose en partie sur cela. Dans un passage (VIII, 19-27), il se vante du fait que, dans une lutte de traction à la corde, les autres divinités réunies ne seraient pas assez fortes pour le faire tomber[74]. Sa puissance s'incarne dans son attribut principal, la foudre, qu'il fait s'abattre sur ceux qu'il veut châtier. Y est souvent associé son regard perçant et fulgurant, qui lui permet de tout percevoir plus rapidement que quiconque[75].

La supériorité de Zeus n'est pas que physique, puisque, bien qu'il ne soit pas omniscient, il est le plus sagace des dieux, celui qui est plus que les autres doué de mètis, l'intelligence rusée. La tradition mythologique rapporte depuis Hésiode qu'il a absorbé la déesse personnifiant cette capacité, Métis, et est dès lors devenu lui-même l'incarnation de cette qualité. Dans la Théogonie, son intelligence est tout aussi importante que sa force, voire plus, pour expliquer comment il prend le pouvoir[76]. Dans les épopées et les hymnes homériques, il domine les autres divinités par sa sagesse et son autorité morale, s'affirmant par sa capacité à faire des arbitrages et à régler les querelles[77]. Personne ne peut le contraindre ou le forcer à rendre des comptes[72]. Mais il existe aussi des limites à sa capacité à agir et à imposer sa volonté aux autres divinités et au cours des choses : le plus puissant des dieux n'est pas tout-puissant[78].

Quelques poètes et penseurs ont pourtant apporté une inflexion à cette vision commune, pour élever Zeus à un statut qui s'approche de la toute-puissance et de l'universalité. C'est notamment le cas d'Eschyle, qui en fait un dieu capable d'accomplir tout ce qu'il veut, la cause de tout (Suppliantes, 524 et sq. ; Héliades, fr. 70)[79],[73],[80]. Dans le courant orphique, il devient également une figure dépassant sa stature habituelle, tandis que dans le stoïcisme il devient une figure panthéiste, le monde dans sa totalité, qui rend les autres figures divines insignifiantes[73],[81].

L'épiclèse Hypsistos « très haut » qui devient une désignation courante pour Zeus à l'époque romaine (surtout aux IIe – IIIe siècle ap. J.-C.) a suscité divers débats quant à son origine et sa signification. Son expansion en Orient coïncide avec celui du monothéisme juif puis chrétien, ce qui fait que l'origine de ce Zeus a souvent été située à l'est et mise en rapport avec le développement dans ces régions de l'idée de dieu suprême (hénothéisme) voire unique (monothéisme), et aussi d'une forme de religiosité plus personnelle. Du reste on trouve encore plus d'attestations d'un « Dieu très haut », Theos Hypsistos, qui correspond bien à cette image, et dans plusieurs cas Zeus Hypsistos est affublé d'autres épithètes proclamant sa grandeur voire sa supériorité sur les autres dieux (un « mégathéisme »). Mais c'est discuté : d'autres spécialistes ont avancé l'impossibilité de tirer des généralités, cette épithète pouvant avoir plusieurs significations, ou encore qu'il s'agissait d'un dieu d'origine macédonienne (autre région où son culte est bien implanté), qu'il présente bien souvent des profils correspondant à celui d'un Zeus « classique » (notamment Zeus Olympios), sans pour autant exclure qu'il intègre des éléments d'un nouveau type, devenant dans certains cas une sorte de dieu tout-puissant (que ce soit Zeus ou le « Dieu » unique)[82],[83].

La régulation du cosmos

Statue de Zeus provenant de Pergé (Turquie). IIe siècle ap. J.-C. Musée d'Antalya.

Quand bien même il n'est pas le créateur du monde, Zeus prend, en tant que figure souveraine suprême, des décisions déterminant son organisation et le cours des choses[84],[72].

Cela s'applique d'abord à la sphère divine. Si Homère et Pindare considèrent que la répartition des pouvoirs divins s'est faite par tirage au sort, pour Hésiode (Théogonie, 881-885) c'est Zeus lui-même qui s'est chargé de cela, et a plus généralement assigné à chacun des dieux son rôle dans le cosmos. Il agit de même quand il donne sa fille Perséphone à son frère Hadès qui n'avait pas d'épouse (Hymne homérique à Déméter)[85],[86]. C'est aussi lui qui admet de nouveaux membres dans le cercle olympien en leur accordant l'immortalité et en les accueillant à sa cour, notamment son fils Héraclès et son amant Ganymède[87],[88]. Son autorité est acceptée et s'étend tout d'abord aux divinités, comme cela se voit dans les mythes rapportant son arbitrage lors de querelles déchirant la société olympienne[77]. Mais il existe épisodiquement quelques contestations, et surtout des limites au pouvoir de Zeus : ses actes peuvent être contestés par les autres divinités, il doit respecter leurs prérogatives et ne peut pas agir à sa guise en toute circonstance[89].

Pour les humains, il ne joue pas forcément un rôle dans leur origine, mais dans la régulation de leur société et de leurs rapports avec les dieux, donc là encore la répartition des honneurs et charges (timai) dans l'univers. Il gère en règle générale l'univers d'une manière distante et indirecte[90]. Il est en permanence au courant de ce que font les mortels : selon Hésiode, « l’œil de Zeus voit tout et sait tout » (Les Travaux et les Jours, 267)[91]. Zeus communique ses volontés aux humains par le biais de ses envoyés (Hermès, Iris) dans les mythes, et sinon par des signes omineux (surtout la foudre) et des oracles (souvent par l'intermédiaire de son fils Apollon, mais en personne à Dodone et à Olympie) qui doivent être interprétés[92],[93],[94]. Quelques épiclèses renvoient à ce rôle : Semios et Semaleos « (qui donne) des signes », Terastios « qui envoie des présages », Phemios « qui révèle »[95],[94]. Selon le poète Archiloque, il est « entre les dieux le plus véridique des devins, le seul qui de ses prophéties détienne l'accomplissement[96]. » On lui reconnaît la capacité à donner leur pouvoir aux devins, à commencer par le plus éminent d'entre eux dans la mythologie, Tirésias.

Il peut intervenir si besoin, en imposant sa volonté et des châtiments sur des individus, des collectivités, voire l'humanité toute entière. Cela ressort par exemple du cycle de mythes des origines impliquant Prométhée et du mythe des races où il décide de remplacer chaque génération[38],[97],[98]. La guerre de Troie correspond également à un projet de Zeus, tel que le relataient les Chants cypriens (épopée dont il ne reste que des fragments). Le roi des dieux répond à une demande de la déesse Gaïa, la Terre, qui ne supportait plus le poids des humains devenus trop nombreux. Avec l'aide de Thémis, il échafaude le plan conduisant au jugement de Pâris, à l'enlèvement d'Hélène et au conflit meurtrier qui allège le fardeau de Gaïa[99],[100]. Cette capacité de distribuer le bien ou le mal aux humains est illustrée par Homère, à travers la bouche d'Achille, sous la forme de deux jarres, une pleine de bienfaits et l'autre pleine de dons mauvais, que le dieu peut ouvrir à sa guise (Iliade, XXIV, 525-533). Bien souvent les humains ne comprennent pas pourquoi il le fait, ce qui a donné lieu à de nombreuses réflexions dans l'Antiquité[87].

C'est le fil qu'ont filé les dieux pour les pauvres mortels :
vivre dans le tourment. Eux, ils sont sans angoisse.
Car deux jarres sont posées sur le sol de Zeus.
Ses dons mauvais sont dans l'une, l'autre est pour ses bienfaits.
À qui Zeus, qui prend plaisir à la foudre, fait le don d'un mélange,
cet homme rencontre tantôt un mal, tantôt un bien.
À qui il donne des dons lugubres, il en fait un réprouvé
qu'un taon malsain, dévoreur de bœuf, entraîne sur la terre divine,
et il vagabonde, sans estime ni des dieux, ni des mortels.

— Homère (trad. P. Judet de La Combe), Iliade, XXIV, 525-533[101].

La justice

À tout le moins, Zeus est le garant de l'exécution de la justice : toute loi procède de lui[102]. Chez Hésiode, le lien entre Zeus et la justice est manifesté par le fait que sa première épouse est Thémis, « le règlement »/« la loi », qui symbolise le fait que son règne est placé sous le signe de la « norme »[103]. Elle lui donne notamment pour filles les trois Heures, Eunomie, Dicé et Eiréné, c'est-à-dire « Bonne loi », « Justice » et « Paix ». L'idée de justice (dikè) repose en particulier sur le lien entre un acte jugé et sa récompense ou sa punition, et est ainsi placée sous la supervision de Zeus. Selon les conclusions de J. Rudhardt : « il arrive que le cours des événements apporte sa récompense ou son châtiment à l’auteur d'une action ; ce mécanisme est divin. L'exigence de justice, les manifestations de la justice dans l’histoire sont liées à l'action du dieu qui assure l'équilibre du monde et qui en garantit l'ordonnance[104]. »

Dans la pratique, la « justice de Zeus »[105], telle qu'elle se manifeste dans les mythes par ses punitions et récompenses, ou par leur absence, a pu être définie comme imprévisible, impénétrable, n'ayant pas de règles établies, sans considérations morales. Dans la littérature, tantôt le dieu semble agir de manière à donner aux humains ce qu'ils méritent en fonction de leurs actes (Odyssée, Les Travaux et les Jours), d'autres fois ses actes sont jugés incompréhensibles (notamment chez Eschyle) si ce n'est arbitraires. Il échafaude des plans sur plusieurs générations, ce qui les rend difficiles à comprendre pour les mortels dont la vie est éphémère et qui n'en voient pas l'issue. Lui-même n'est pas un modèle de vertu, et il punit avant tout ceux qui lui ont manqué de respect ou qui ont porté atteinte à son champ de compétences (notamment l'hospitalité). Cela renvoie aux contradictions et inconsistances émaillant la religion grecque, où l'idée de dogme est absente et la spéculation relativement libre. Plusieurs poètes et penseurs grecs, tels que Théognis, ont ainsi questionné cette apparente tolérance du dieu envers ceux qui agissent mal, alors que d'autres, à commencer par Hésiode et Solon, ont tenté de faire de Zeus un garant de la morale, punissant les impies et ceux qui commettent des actes mauvais[106],[107].

Zeus, qui décide si l'homme est louable ou inavouable,
dit ou maudit, par son seul vouloir d'immense Cronide.
Il fortifie d'un geste, d'un geste il fustige la force,
il rabaisse l'insigne, d'un geste il hausse l'infirme,
il redresse d'un geste le tors et tord qui se dresse —
Zeus grondant aux cieux, habitant une haute demeure !
Daigne entendre, exauce, perpétue ta justice !

— Hésiode (trad. P. Brunet), Les Travaux et les Jours, 3-9[108].

« LE CHŒUR : Ah ! Si le dénouement pouvait être celui de nos vœux ! Le désir de Zeus n'est point aisé à saisir. Mais, quoi qu'il arrive, il flamboie soudain, parfois en pleines ténèbres, escorté d'un noir châtiment, aux yeux des hommes éphémères.
Il retombe toujours d'aplomb, jamais ne va à terre, le sort dont Zeus a décidé d'un signe de son front qu'il devait s'achever. Les voies de la pensée divine vont à leur but par des fourrés et des ombres épaisses que nul regard ne saurait pénétrer.
Zeus précipite les mortels du haut de leurs espoirs superbes dans le néant ; mais sans s'armer de violence : rien ne coûte d'effort à un dieu. Sa pensée trône sur les cimes et de là même achève ses desseins, sans quitter son siège sacré. »

— Eschyle (trad. Paul Mazon), Les Suppliantes[109].

Le destin

Les questions sur la justice de Zeus renvoient plus largement à son implication dans le sort des humains, leurs bonheurs et leurs souffrances, donc à la question du « destin », moira/aisa, littéralement « partie », « portion », qui a fait couler beaucoup d'encre. Elle renvoie principalement au moment de la mort des humains, inévitable en raison de leur condition de mortel, mais prend avec le temps un sens plus large jusqu'à se rapprocher de la notion moderne. En tant que dieu le plus puissant et gouverneur du monde, Zeus joue un rôle primordial sur le cours des choses. Pausanias rapporte qu'on lui donne en plusieurs endroits l'épithète de Moiragetes, « qui dirige le destin » (ce qui est confirmé par diverses sources épigraphiques)[110].

Faute de description claire de son rôle dans la conduite des destinées, les études ont en particulier analysé sa capacité à influer sur le cours des événements de la guerre de Troie dans l'Iliade, bien que de toute évidence, cette description soit en partie dictée par les besoins du récit et n'a pas pour but de donner une analyse théologique des forces gouvernant le sort des humains (elle diverge du reste de la vision qu'en donne l'Odyssée)[111],[112]. Grâce à sa puissance supérieur à tout autre être, Zeus peut souvent agir sur le cours des choses, mais il y a aussi des limites à sa capacité à agir, en particulier lorsqu'il doit accepter malgré lui la mort au combat de son fils Sarpédon. Lors du combat fatal à Hector, qui lui a offert de nombreux sacrifices et qu'il apprécie, Zeus manie une balance d'or penchant en sa défaveur et symbolisant le fait que son destin touche à son terme (Iliade, XXII, 209-213). Zeus pourrait agir, mais il éviter de le faire sur les conseils des autres divinités afin de ne pas perturber l'ordre de l'univers en créant un dangereux précédent. Cela renvoie aux limites de sa puissance et au devoir qu'a un souverain de se plier aux coutumes et de respecter les prérogatives de ses sujets[113],[114].

Dans la Théogonie d'Hésiode, Zeus est le père des Moires, qui sont les personnifications du destin des humains, autres filles du couple Zeus-Thémis qui renvoient comme les Heures à la norme dans le règne de Zeus[103]. Son épithète Moiragetès peut aussi s'interpréter « conducteur des Moires », et ils sont associés dans un culte à Athènes[115]. Cela lui confère théoriquement le statut d'« ultime décideur de ce qui arrive » (T. Gantz)[79].

Les traditions postérieures maintiennent l'ambiguïté sur le rapport de Zeus au destin : certains auteurs considèrent que les volontés des Moires s'impose à Zeus et qu'il n'a donc pas de responsabilité dans les souffrances des mortels (Hérodote, Bacchyalide, Platon), d'autres continuent à lui faire jouer un rôle majeur (Théognis). Lucien de Samosate se moque de ces inconsistances dans son dialogue Zeus confondu[87].

Un dieu de l'ordre politique, social et familial

Dieu souverain, source d'autorité par excellence, Zeus chapeaute de nombreuses activités politiques et sociales, que ce soit directement ou indirectement. En premier lieu, « toute souveraineté humaine procède de Zeus[102] », depuis celle du roi jusqu'à celle du chef de famille ; autrement dit, c'est « une autorité patriarcale qui s'exerce dans tous les domaines[116]. » Il est celui parmi les dieux qui est le principal responsable des activités politiques et juridiques, de leur transmission aux humains, de leur organisation au sein des communautés, et de leur protection[117]. Il peut donc être vu comme « le grand mainteneur de l'ordre matériel et moral »[118], le « patron de l'État, gardien des institutions et garant de l'exercice de la justice[119]. »

Son culte n'est certes presque jamais central dans les cités, car il se place au-dessus de la mêlée, mais sa puissance se retrouve souvent en arrière-plan. Les cultes de Zeus « renforcent les sources traditionnelles d’autorité et les normes de comportement, que ce soit au sein de la famille, du groupe de parenté ou de la cité[120] », et ses pouvoirs sont recherchés pour garantir l'ordre et la justice, le règlement des conflits, l'hospitalité, le respect des serments, etc.

Les rois et la royauté

Tétradrachme du royaume Seleucide représentant Zeus.

Dans les épopées homériques, le pouvoir d'un « roi » (basileus) est conféré par Zeus (Iliade I, 277-279 ; II, 196-197), qui octroie au souverain le sceptre qui symbolise son autorité (Iliade II, 46, 100-108, 186 et 268). Le pouvoir qu'ont les rois de juger les différends dérive de l'autorité de Zeus, qui récompense ceux qui sont du côté de sa justice et châtie ceux qui la bafouent (Iliade XVI, 384-392 et XXI, 522-524 ; Odyssée XIX, 108-114)[121],[33]. Dans la même veine, selon Hésiode « les rois viennent de Zeus » (Théogonie 94-96)[122]. Homère comme Hésiode disent que les rois sont « nourris par Zeus »/« nourrissons de Zeus » (Iliade II, 196 ; Théogonie 82). Selon Hésiode encore, ces protégés de Zeus sont dotés par ses filles les Muses de l'éloquence qui leur permet de bien exercer leur fonction en mettant fin aux conflits (Théogonie, 80-92)[123].

En pratique, la royauté disparaît du monde grec des cités aux époques archaïque et classique, à l'exception de Sparte et des entités politiques du nord (notamment la Macédoine), le pouvoir monarchique, quand il existe, étant aux mains des tyrans. Deux d'entre eux, Pisistrate d'Athènes (v. 515) et Théron d'Agrigente (v. 480), projettent des temples monumentaux à Zeus Olympios, qui participent à la légitimation de leur pouvoir. Aucun des deux n'est achevé en raison de la fin des régimes tyranniques[124]. En Macédoine, l'idéologie royale accorde une grande importance à Zeus, considéré comme l'ancêtre de la dynastie. C'est à la suite des conquêtes de son plus célèbre souverain, Alexandre le Grand, que la monarchie devient l'institution politique primordiale du monde grec durant l'époque hellénistique (323-30 av. J.-C.). Zeus est alors mobilisé pour l'idéologie royale[125]. L'hymne que le poète alexandrin Callimaque consacre à Zeus met en particulier en exergue la stature souveraine du dieu, sous la protection duquel il place son roi, Ptolémée II[126].

Une fois la domination romaine établie sur le monde grec, Zeus reste étroitement associé aux monarques, en l'occurrence les empereurs. Il s'observe notamment une assimilation de plusieurs d'entre eux à Zeus dans le cadre du culte impérial, qui se marque par la titulature, en particulier sous les Julio-Claudiens : dans des inscriptions d'Asie mineure, Auguste se fait ainsi appeler dans des inscriptions Sebastos Zeus Patrôos « Auguste Zeus ancestral » et Sebastos Zeus Kaisar Olympios « Auguste Zeus César olympien »[127]. À Athènes, Hadrien s'associe à plusieurs aspects de Zeus, dont il reprend les épithètes à son compte : Olympios « Olympien » dont il restaure le temple à Athènes et qu'il fait représenter sur des monnaies ; Eleutherios « libérateur » dont il se dit le fils ; Panhellenios « de tous les Grecs » dont il fait la promotion du culte[128].

Les activités politiques

Autel de Zeus Agoraios, agora d'Athènes.

Source de l'autorité dans les communautés politiques, et garant du droit et de l'organisation politique, Zeus est connu sous différentes formes en lien avec les activités politiques et les groupes sociaux. Il est souvent associé à Athéna, par excellence la divinité protectrice des cités et de leurs institutions[129].

Une de ses épithètes est Polieus, « de la cité », qui incarne la cité en tant qu'organisation politique[130]. À Athènes, Zeus Polieus est associé à Athéna Polias, la protectrice de la cité, ce qui est une manière de montrer qu'elle occupe cette position parce qu'elle est la fille de Zeus et qu'il la cautionne. Mais c'est elle qui est invoquée comme puissance active pour protéger la cité et ses institutions[131],[132].

Il est également plus directement lié à certaines institutions centrales dans la vie politique de la cité, là encore en association avec Athéna : à Athènes comme à Sparte, il est Agoraios « de l'agora » (le centre de la cité ; évoqué dans le théâtre athénien comme force de persuasion politique) et Boulaios/Amboulios « du conseil » (Boulè)[130],[133],[134]. Le duo Zeus-Athéna protège aussi les activités des phratries, groupes infra-civiques d'Athènes, sous les épithètes Phratrios/Phratria[35],[135].

Le foyer, la famille et la parenté

La fonction souveraine de Zeus se retrouve aussi au niveau du foyer, l’oikos des anciens Grecs, puisqu'il en est le protecteur et fait l'objet de cultes dirigés par le chef de famille, autorité suprême au niveau domestique[33], et peut être vu comme l'archétype du patriarche[136]. Cela est surtout documenté à Athènes.

Zeus Ktesios « des richesses » agit sur l'acquisition et la préservation des biens de la famille. Sa protection s'exerce en particulier sur les magasins et lieux de stockage, et il semble plus précisément associés aux jarres, type d'objet qui pourrait servir à le symboliser. L'orateur Isée (Sur la succession de Kiron, 16) cite un bon père de famille qui conduit son culte en présence de sa famille proche, sans esclaves et étrangers, mais dans d'autres foyers une audience plus large est admise[137],[138],[139].

Zeus Herkeios « de l'enceinte/de la clôture » semble aussi associé aux foyers et aux familles, mais son rôle est complexe à comprendre. Il semble vénéré dans la cour des maisons athéniennes et son culte est considéré comme un devoir pour toute famille qui se respecte (aussi pour les groupes plus larges que sont les phratries). Il pourrait être plus spécifiquement le protecteur des liens familiaux[137],[140].

Associé à Héra, Zeus est également une divinité du mariage, lorsqu'il porte les épithètes renvoyant à son épouse, Heraios « d'Héra » et Teleios « accompli (par le mariage) » (quand Héra est elle-même surnommée Teleia). Le couple est vénéré conjointement lors de rituels de « mariage sacré » et divers rites nuptiaux comme ceux qui ont lieu lors du mois des noces à Athènes, Gamelion[141],[142],[143].

Zeus est Patrôos, ce qui peut s'interpréter comme « ancestral » ou « des pères ». Il peut alors jouer le rôle de protecteur des pères mais aussi des ancêtres familiaux[144]. Platon l'associe à un Zeus Homognios « protecteur de la famille » (Lois, 881d2). Ces aspects du dieu et d'autres déjà évoqués en lien avec les groupes de parenté (notamment Phratios et Herkeios) renvoient aussi au fait qu'il joue un rôle dans la filiation, la continuation de la ligne paternelle, le fait qu'il « sert à dire le « parental » dans la culture grecque » (P. Brulé)[145]. Hérodote (VI, 67-68) rapporte ainsi que le roi de Sparte Démarate prend Zeus Herkeios à témoin lorsque ses adversaires mettent en doute le fait qu'il soit le fils de son père. À Messapé, le sanctuaire de Zeus a livré de nombreux modèles en terre cuite de phallus, qui semblent indiquer que les hommes lui faisaient des offrandes pour qu'il les aide à devenir père[146].

Zeus Sôter « sauveur » joue aussi un rôle dans le cadre domestique. Eschyle en fait à plusieurs reprises le dieu qui octroie l'autorité au chef de famille, et qui protège l'intégrité de la maison (il « garde les foyers des justes » selon un passage des Suppliantes[147]). On lui verse également des libations lors des banquets (symposion)[136].

En revanche, au moins en contexte athénien, Zeus ne se préoccupe pas de la croissance des enfants, et n'intervient qu'à la marge des rites de passage : c'est un dieu pour adultes[148].

Les relations et crises sociales

Relief dédié à Zeus Philios, représenté allongé sur une couche de banquet. Athènes, seconde moitié du IVe siècle av. J.-C. Ny Carlsberg Glyptotek.

Figure d'autorité, Zeus est un dieu qui joue sous plusieurs aspects le rôle de garant des relations interpersonnelles, qui sont investies d'un aspect sacré, ritualisées et reçoivent sa sanction (hospitalité, amitié, supplication, serment, etc.), et qui agit contre les actes allant à leur encontre (meurtre d'étrangers, atteintes aux hôtes, non-respect des serments, etc.), qui sont susceptibles de perturber l'ordre social (cela renvoie aussi à son rôle de garant de la justice) et d'entraîner une « pollution » qu'il faudrait purifier[130],[149],[150].

Il est à ce titre le protecteur des étrangers et de leur accueil sous son aspect Xenios « hospitalier ». Il est le garant de l'hospitalité (xenia), et celui qui ne respecte pas cette pratique encourt son châtiment[151]. Il est le garant de l'amitié (philia), quand il est Philios « de l'amitié/amical », plus précisément l'incarnation du lien au sein de petits groupes sociaux, sans doute sous la houlette d'un « patron »[152]. Ce Zeus est aussi lié au banquet (symposion) : on lui fait des libations et on dresse même une couche pour l'accueillir dans des banquets athéniens[153],[154].

Il est également le garant du serment (horkos) sous l'épithète Horkios « du serment » et punit les parjures. Zeus figure souvent en premier dans les listes de divinités au nom desquelles jurent ceux qui prêtent serment. Pausanias (V, 24, 9) décrit comment les athlètes et leurs pères prêtaient serment devant la statue de ce Zeus avant de concourir à Olympie, et que cette statue représentait le dieu brandissant la foudre qui s'abattrait sur ceux qui enfreindraient leur serment[155],[156],[157]. Zeus Hikesios « des suppliants » protège ceux qui adressent une supplication (hiketeia/hikesia), un autre acte particulièrement important dans les rapports sociaux antiques, avec un aspect ritualisé et religieux prononcé[158],[159].

Zeus peut être vu plus largement comme une une figure de la médiation, de la transition voire des transactions sociales (P. Ellinger). Plusieurs de ses fonctions le lient à la résolution de crises, par différentes manières. Il faut quoi qu'il en soit s'attacher ces différentes figures de Zeus pour expier une faute et être lavé de ses crimes. Plusieurs épithètes font référence à son côté vengeur et punisseur : Alastoros/Elasteros Palamnaios « vengeur », Phonios « sanglant » (ou « des meurtriers », ceux qui veulent expier leur faute), Laphystios « dévoreur ». Ces aspects le rapprochent des spectres vengeurs et des Érinyes (les « Furies »). D'autres en revanche sont du côté du pardon et de la réconciliation : Hikesios « des suppliants » déjà évoqué, Phyxios « des fugitifs » (pour leur réintégration), aussi Euménès « bienveillant » et Meilichios « doux ». Ou directement en lien avec les actes de purification et d'expiation du mal mettant fin aux crises comme Exakestèr « expiatoire » et Katharsios « purificateur »[160]. Parmi les divinités grecques, Zeus joue en effet un rôle majeur dans les rituels de purification, notamment les crimes de sang, qui doivent être lavés sous la supervision de Zeus Katharsios[161],[162].

Zeus est également à Lesbos un pourvoyeur de concorde, Homonoios/Omonoios « de la concorde », en tant que garant du bon ordre des choses[163].

Un dieu bienfaiteur et sauveur

Zeus est également actif dans tout un ensemble de domaines qui mettent en évidence sa capacité à changer le cours des choses, donner une issue favorable à une situation potentiellement dangereuse, protéger les gens exposés aux dangers, assurer la paix et la prospérité.

Il est un dieu de la victoire et des moments décisifs. Il est connu sous l'épithète Tropaios « qui détourne les ennemis » (ou « qui détourne les maux » ; on trouve aussi Apotropaios et Alexikakos[164]). On lui dédie un tropaion « trophée », en remerciement de son appui pour obtenir une victoire[165],[166]. Il est aussi Eleutherios « libérateur », quand il aide à repousser ceux qui souhaitent asservir autrui. Il est notamment célébré sous cet aspect à Platées pour avoir aidé à défaire les Perses lors des guerres médiques (Éleuthéries)[165],[136].

Zeus Sôter « sauveur » est une figure très populaire, déjà évoquée pour son rôle protecteur dans le cadre familial. Il est aussi bien invoqué dans la protection des individus que dans celle des communautés voire de toute la Grèce. Durant l'époque hellénistique on lui consacre dans plusieurs cités des fêtes appelées Soteria pour célébrer l'éloignement de dangers. Les plus célèbres sont celles instaurées dans le grand sanctuaire de Delphes (dédiées à Zeus Sôter et au dieu local Apollon) après la défaite de l'invasion galate en 279[167]. Le rôle protecteur du Zeus sauveur se fait au Pirée en lien avec sa fille Athéna Soteira. Ils sont vénérés lors de la fête des Diisoteria. Des marins font des offrandes pour les protéger lors des voyages en mer. Des troupes militaires leur demandent également protection pour des expéditions[168],[136].

Zeus Meilichios « doux » est également un dieu bienfaiteur, qui a comme vu plus haut également un rôle dans la purification, voire un lien avec les forces chthoniennes. C'est un aspect de Zeus populaire dans tout le monde grec. Il est invoqué par des individus et des groupes sociaux pour sa capacité à apporter prospérité et abondance. À Athènes il est vénéré lors de la fête des Diasies[169],[170],[171].

En raison de son statut de dieu des éléments du ciel et de dieu protecteur, Zeus est couramment invoqué par les navigateurs qui souhaitent se prémunir des tempêtes et effectuer un voyage sans encombres, ou le remercier d'être arrivé à bon port. Il reçoit alors des épithètes spécifiquement marines (Thalassios « marin », Limenoscopos « gardien du port » et Apobaterios « du débarquement »), ou en lien aux vents (Ourios « qui envoie des vents favorables »), ou bien il est invoqué sous ses aspects habituels aspects protecteurs (Sôter, Meilichios) ou encore sous l'épithète locale Zeus Kasios « du mont Casios (de Péluse) »[172].

L'instauration du règne de Zeus dans la mythologie

Naissance et enfance

Rhéa, Amalthée allaitant et la danse des Curètes (dessin d'un bas-relief d'autel romain).
Rhéa présentant une pierre emmaillotée à Cronos (dessin du bas-relief d'un autel romain).

La version la plus répandue du récit de la naissance de Zeus est celle donnée par Hésiode dans sa Théogonie (453-491). Zeus est le dernier-né des Cronides, les six enfants du Titan Cronos et de sa sœur Rhéa. Cette descendance est considérée comme la branche olympienne par opposition à celle des Titans. Cronos, craignant la prédiction de ses parents, Ouranos et Gaïa, qu’il engendrerait un rival qui régnerait à sa place, a avalé ses cinq premiers enfants dès leur naissance. Pour qu'un de ses fils échappe à ce sort, Rhéa élabore un stratagème avec l'appui de Gaïa et d'Ouranos. Elle part en Crète pour donner naissance à Zeus, qu'elle confie à Gaïa qui le cache dans une grotte. Elle donne à Cronos une pierre entourée de langes, qu'il prend pour un enfant et avale[173],[174].

La Théogonie est silencieuse sur l'enfance de Zeus : elle dit simplement qu'il grandit vite. Des textes postérieurs ajoutent des éléments à l'enfance de Zeus. L'enfance de Zeus est généralement localisée en Crète. La grotte où il est dissimulée est située sur le mont Ida ou bien sur le mont Dicté. Il aurait eu pour nourrices des nymphes, dont l'identité varie selon les versions. La plus répandue rapporte qu'il est élevée par Amalthée, qui le nourrit avec le lait d'une chèvre ; ou alors Amalthée est le nom de la chèvre, et la nymphe qui l'élève est nommée Adrastée (Callimaque et d'autres après lui). Selon un récit rapporté notamment par Ovide, cette chèvre aurait brisé une de ses cornes qui est devenu la corne d'abondance. Zeus utilise plus tard la peau de cette chèvre pour confectionner l'égide, arme protectrice qui va lui servir dans sa guerre contre les Titans. Une autre légende rapporte que les Courètes, des divinités secondaires, réalisent une danse martiale devant la grotte afin que Cronos ne puisse entendre les cris de l'enfant[175],[176].

D'autres régions de Grèce revendiquent d'être le lieu de naissance de Zeus et de son enfance, suivant des récits qui sont notamment rapportés par Pausanias. En Arcadie, il passe pour être né au mont Lycée et y a été élevée par trois nymphes, dans un lieu qui porte le nom « Crète », renvoyant à la tradition dominante. En Messénie existe une légende selon laquelle Zeus enfant aurait été caché dans cette région par les Courètes[174]. Le poète Callimaque dans son Hymne à Zeus se demande qui a menti, et tranche en défaveur des Crétois qu'il considère comme de sempiternels menteurs, parce qu'ils ont aussi érigé un tombeau au dieu alors qu'il est immortel. Mais la plupart des autres auteurs privilégient la version crétoise[177].

La conquête du pouvoir suprême

Le récit de la conquête du pouvoir par Zeus est là encore principalement connu dans la version qu'en donne la Théogonie d'Hésiode. La Bibliothèque du Pseudo-Apollodore est aussi essentielle pour concilier ce récit avec d'autres traditions, notamment celle de la Gigantomachie. On reconnaît derrière ces récits des mythes de succession et de souveraineté (impliquant une lutte entre plusieurs générations divines), avec des motifs de mythes de combat divin, qui visent à justifier la suprématie de Zeus, qui prouve sa légitimité à régir le monde en surmontant ces épreuves par sa force et son intelligence. Ces mythes présentant des parallèles et thèmes communs avec des traditions mythologiques « orientales » (notamment celles du Levant et d'Anatolie, aussi la Mésopotamie)[178],[179],[180],[181].

Devenu adulte, Zeus décide de détrôner son père et de délivrer ses frères et sœurs. Le récit qu'en donne Hésiode est relativement bref. Il était sans doute plus développé dans un récit de Titanomachie qui a disparu. Le premier acte de Zeus est de forcer son père à recracher ses frères et sœurs : dans la Théogonie il y parvient par la force, avec l'appui de Gaïa ; chez Apollodore c'est Métis qui l'appuie, en donnant une potion vomitive à Cronos. Il recrache ses enfants dans l'ordre inverse de leur avalement, donc en commençant par la pierre substituée à Zeus, ce qui explique peut-être pourquoi celui-ci est généralement considéré comme l'aîné bien que Rhéa l'ait mis au monde en dernier. Cette pierre est placée à Delphes (omphalos)[182],[174].

Zeus n'a cependant pas encore renversé Cronos, qui bénéficie de l'appui des autres Titans. Dans la Théogonie, l'étape suivante de la stratégie est la libération des Cyclopes, emprisonnés dans le Tartare, qui lui offrent en récompense la foudre. Zeus cherche à se rallier des appuis pour la guerre à venir en annonçant qu'il confirmera la honneurs de ceux qui seraient ses alliés, et en donneraient à ceux qui n'en avaient pas en remerciement de leur soutien. Il libère ensuite les Hécatonchires (les « Cent-Bras »), également prisonniers au Tartare, sur les conseils de Gaïa, pour qu'ils l'aident à combattre les Titans. La bataille contre les Titans, la Titanomachie, s'engage entre Zeus et les Olympiens postés sur le mont Olympe et Cronos et les Titans postés sur le mont Othrys. Avec l'aide des Hécatonchires et des actes décisifs de Zeus, les Olympiens l'emportent. Le récit d'Apollodore présente des divergences puisque la Titanomachie dure une dizaine d'années, et Zeus ne libère les bannis du Tartare qu'au moment de la bataille décisive. Dans tous les cas les Titans défaits sont emprisonnés dans le Tartare, sous la garde des Hécatonchires[183],[176].

« Lorsque Zeus fut devenu adulte, il prend comme complice Métis, la fille d'Océan, et celle-ci fait avaler à Cronos une drogue qui l'oblige à vomir d'abord la pierre et ensuite les enfants qu'il avait avalés. Avec eux, Zeus mena la guerre contre Cronos et les Titans. Comme ils se battaient depuis dix ans, Gè (Gaïa) prophétisa à Zeus la victoire, s'il prenait pour alliés ceux qui avaient été jetés dans le Tartare. Il tua Campé, qui surveillait leur prison, et les délivra. Les Cyclopes donnent alors à Zeus le tonnerre, l'éclair et la foudre, à Pluton le casque et à Poséidon le trident. Munis de ces armes, ils triomphent des Titans. Après les avoir enfermés dans le Tartare, ils leur donnèrent pour gardes les Cent-Bras. »

— Pseudo-Apollodore (trad. J.-C. Carrière et B. Massonie), Bibliothèque, I, 6[184].

Après cette victoire, Zeus est intronisé roi des dieux, et comme promis il procède à la répartition des prérogatives et honneurs (timai) entre ces alliés, à commencer par ses frères Poséidon et Hadès, qui se voient respectivement confier les domaine maritime et infernal. Selon Hésiode, Zeus décide de ces attributions, mais selon Homère, Pindare et Apollodore, la répartition se fait par tirage au sort[85],[176]. Cela fait quoi qu'il en soit le règne de Zeus un règne de justice et de droit, avec une juste répartition des droits et des fonctions, se démarquant du règne chaotique des Titans, fondé sur la violence[185].

Lorsque les dieux bienheureux parachevèrent leur tâche,
et, triomphant des Titans, rétablirent leur rang et leur force,
ils poussèrent Zeus l'Olympien au regard immense,
sur les conseils de la Terre (Gaïa), à prendre le sceptre et le trône
des immortels : et Zeus répartit à chacun ses charges.

— Hésiode (trad. P. Brunet), Théogonie, 881-885[186].

Une autre guerre participant de l'affirmation du pouvoir de Zeus est la Gigantomachie, le combat entre les Olympiens et les Géants, êtres gigantesques enfantés par Gaïa. Elle est ignorée par Hésiode, mais apparaît par des allusions et surtout des représentations artistiques dès l'époque archaïque. Il faut attendre Apollodore pour en avoir un récit développé. La raison de la révolte des Géants n'est pas connue. L'affrontement se réalise sous la forme d'une série de duels, avec l'intervention d'Héraclès qui est le seul à pouvoir achever les Géants, une fois qu'ils ont été mis hors de combat par les dieux[187],[188].

Zeus dardant son foudre sur Typhon, hydrie à figures noires, v.  Collection des Antiquités, Berlin.

L'épreuve finale pour Zeus est le combat contre Typhon/Typhée, monstre redoutable disposant d'une centaine de têtes de serpent. Selon la version dominante il est le fils de Gaïa (qui lui donne naissance pour venger la mort des Géants selon Apollodore), mais l'Hymne homérique à Apollon rapporte une version atypique qui en fait le fils d'Héra, qui l'enfante seule pour se venger du fait que son époux ait enfanté seul Athéna. Si Typhon est généralement reconnu comme l'adversaire le plus dangereux pour Zeus, qui l’affronte et le défait seul. Hésiode rapporte un affrontement bref, mais les récits postérieurs ajoutent des éléments comme la fuite des autres divinités, effrayées par le monstre, et différentes péripéties lors du combat (notamment chez Apollodore). Zeus parvient à triompher grâce à sa foudre. Typhon est ensuite emprisonné sous le mont Etna[189],[190].

Zeus, Prométhée et les humains

La répartition des rôles prérogatives et honneurs sous l'égide de Zeus implique aussi une interaction avec le monde des humains. Cela a donné lieu à un ensemble de mythes dont la figure dominante, aux côtés du roi des dieux, est le Titan Prométhée. Cet équivalent grec du « fripon » (trickster) attesté dans plusieurs traditions mythologiques, joue à plusieurs reprises des tours à Zeus, au profit des mortels (dont il est le créateur suivant ce que rapportent certains auteurs tardifs), jusqu'à causer sa perte[191].

Ces mythes sont d'abord rapportés par Hésiode dans la Théogonie et Les Travaux et les Jours. Il rapporte d'abord de le mythe des cinq races d'humains, race d'or, d'argent, de bronze, des héros et de fer, Zeus causant la destruction des deux premières, et conduisant la dernière dans sa chute lors de ses confrontations avec Prométhée[192]. Le premier épisode a trait aux sacrifices que rendent les dieux aux hommes et au don du feu à ces derniers. Selon ce que rapporte le poète, dans ces temps primordiaux divinités et hommes (il n'y avait pas encore de femmes) avaient cherché à répartir les rôles lors d'un banquet à Méconé (plus tard Sycione) autour la répartition des restes d'un bœuf sacrifié. Prométhée, qui dirige l'arbitrage, est pour une raison indéterminée du côté des hommes et propose à Zeus de choisir entre d'un côté les os dissimulés sous de la graisse appétissante, et de l'autre la chair et les entrailles dissimulées sous l'estomac de l'animal jugé repoussant. Hésiode dit que Zeus voit derrière la duperie (sans doute pour sauver la réputation de clairvoyance du dieu), mais qu'il choisit quand même la graisse et les os qu'elle cache[193],[194]. Ce mythe a suscité diverses interprétations chez les historiens modernes, notamment chez J.-P. Vernant et M. Detienne qui ont vu dans le partage du bœuf sacrificiel à Méconé un mythe expliquant le sacrifice animal dans la religion grecque et plus généralement la séparation entre hommes et dieux[195],[196],[197]. En représailles, Zeus confisque le feu aux humains, mais Prométhée parvient à le dérober. Cela suscite une seconde série de vengeances de Zeus. Prométhée est quant à lui soumis à un autre châtiment interminable, celui d'être enchaîné sur un rocher et d'avoir son foie dévoré par un aigle. Il punit les hommes en suscitant la création de la première femme, Pandore, façonnée par Héphaïstos, vue comme une source de tourments sans fin pour les hommes (comme l'illustre le mythe de la boîte de Pandore)[193],[194]. Cette histoire des femmes comme châtiment divin est reprise dans des discours misogynes antiques : elles sont « le pire fléau que Zeus ait fait » selon le poète lyrique Sémonide d'Amorgos[198].

Eschyle (ou un auteur anonyme lui ayant emprunté son nom) donne une réinterprétation de la figure de Prométhée et de sa relation avec Zeus dans une trilogie de tragédies dont seul la première, Prométhée enchaîné, est préservée. Prométhée y devient une figure plus générale de bienfaiteur de l'humanité (à qui il apprend la construction des maisons, des bateaux, l'écriture, l'interprétation des présages, etc.), et même de Zeus qu'il aurait conseillé durant sa lutte contre les Titans, qui trouve sa perte en se plaçant du côté des mortels. Il détient néanmoins un secret que Zeus veut lui faire révéler : l'identité de la femme qui donnerait au roi des dieux un fils plus puissant que lui (Thétis). Zeus y apparaît sous un jour défavorable, comme un tyran peu soucieux de justice, ingrat envers Prométhée et souhaitant également la destruction de l'humanité actuelle (sans qu'on sache pourquoi, ni comment Prométhée l'empêche de le faire). La trilogie se conclut sans doute par la libération de Prométhée par Héraclès, après la révélation de l'identité de la femme avec laquelle Zeus doit éviter de s'unir[199],[200]. La trilogie d'Eschyle qui débute avec Prométhée enchaîné est ainsi construite sur le danger qui menace la souveraineté du maître des dieux : « elle met en scène, dans la souveraineté, non pas l'aspect de stabilité et de permanence, comme chez Hésiode, mais un état de crise que Zeus ne pourra surmonter qu'au prix d'une réconciliation avec le Titan enchaîné, d'une libération de ses liens, d'une transformation du pouvoir royal dans le sens de la justice et la réflexion » (J.-P. Vernant)[201].

Le dialogue Protagoras de Platon apporte d'autres éléments à ce mythe. Prométhée transmet le feu et les techniques aux hommes, mais il leur manque la capacité à s'organiser politiquement et donc à faire bon usage de ces dons. Zeus dépêche donc Hermès pour qu'il leur apporte le sens de pudeur et de justice, qui leur permet de former des communautés politiques[117],[202].

« Zeus alors, inquiet pour notre espèce menacée de disparaître, envoie Hermès porter aux hommes la pudeur et la justice, afin qu'il y eût dans les villes de l'harmonie et des liens créateurs d'amitié.
Hermès donc demande à Zeus de quelle manière il doit donner aux hommes la pudeur et la justice : “Dois-je les répartir comme les autres arts ? Ceux-ci sont répartis de la manière suivante : un seul médecin suffit à beaucoup de profanes, et il en est de même des autres artisans ; dois-je établir ainsi la justice et la pudeur dans la race humaine, ou les répartir entre tous ?” — “Entre tous, dit Zeus, et que chacun en ait sa part : car les villes ne pourraient subsister si quelques-uns seulement en était pourvus, comme il en arrive des autres arts ; en outre tu établiras cette loi en mon nom, que tout homme incapable de participer à la pudeur et à la justice doit être mis à mort, comme un fléau de la cité.” »

— Platon (trad. P. Vicaire et J. Laborderie), Protagoras[203].

L'origine directe de la race humaine actuelle se trouve dans le couple formé par Deucalion, fils de Prométhée, et Pyrrha, fille d'Épiméthée (frère de Prométhée et époux de Pandore). Ceux-ci doivent d'abord survivre à un déluge provoqué par Zeus avec ses pluies, en s'embarquant sur une arche (le mythe est manifestement d'inspiration orientale). Le dieu aurait agi ainsi en raison de la méchanceté des humains (la race de bronze chez Apollodore ; le crime de Lycaon chez Ovide). Lorsque le déluge s'achève, Deucalion débarque et offre un sacrifice à Zeus Phyxios « des fugitifs ». Le dieu lui dépêche Hermès qui lui demande ce qu'il désire, et il répond qu'il souhaite une nouvelle race humaine. Deucalion et son épouse la créent en lançant des pierres : celles qu'il jette devienne des hommes, celles qu'elle jette des femmes[204],[205].

Zeus dans la société divine et héroïque

Le père et roi des dieux

Zeus est considéré comme le père des dieux, ce qui renvoie autant à sa stature patriarcale qu'au fait qu'il enfante une bonne partie des divinités majeures des Grecs[206]. Comme toute autre divinité d'un système polythéiste, il est en relation avec d'autres divinités pour exercer sa puissance, mais il l'est plus que tous les autres, et il peut être considéré qu'il est le seul dieu du polythéisme grec à être indispensable[207]. Il est probable que plusieurs divinités doivent une partie de leur pouvoir et de leurs fonctions à leur relation à Zeus : Athéna et Héra ont un rôle de divinités protectrices de cités parce qu'elles sont respectivement fille et épouse du puissant Zeus[208].

Dans les mythes, il est une figure plus puissante que les autres divinités, dont le pouvoir est respecté, si on excepte un passage de l'Iliade où il est fait référence à une révolte conduite par Héra, Athéna et Poséidon contre lui, dont on ne sait pas s'il s'agit d'une invention d'Homère ou d'une histoire plus diffusée[209]. Zeus se comporte comme un roi, mais pas comme un tyran[10]. Son pouvoir s'exerce en partie par la force, mais il repose aussi en bonne partie sur la sagesse et l'autorité morale, sur le droit et la justice[210]. Il intervient en arbitre dans diverses disputes impliquant des divinités : entre Apollon et Héraclès pour le trépied de Delphes, entre Athéna et Poséidon à propos de l'Attique, entre Aphrodite et Perséphone pour le bel Adonis, etc.[211].

Son palais se trouve sur l'Olympe. Dans la littérature, l'Olympe est depuis Homère à la fois décrite comme un domaine céleste, parfois identifié au « ciel » ouranos, et le sommet d'une montagne, caractérisé par la neige et les nuages, baigné d'une lumière perpétuelle. C'est là que Zeus réunit sa « cour », constituée des dieux olympiens (qui, pour la plupart, ne résident manifestement pas là), réunions marquées par des banquets (en musique selon un passage de l'Hymne homérique à Apollon) et des discussions plus ou moins houleuses sur les affaires de la société divine et du monde des mortels. C'est un cercle très fermé, au sein duquel peu de nouveaux venus sont admis, le plus important étant Héraclès[210].

Héra : sœur, épouse et reine de Zeus

Zeus et Héra. 450 avant J.C. Provenant du temple E de Sélinonte: la sculpture, qui était à l'origine polychrome, est en calcaire, à l'exception des membres de la déesse, qui sont en marbre blanc. Musée archéologique régional de Palerme.

Malgré ses multiples relations féminines, Zeus est principalement associé à Héra, sa sœur et épouse, la reine des dieux (elle lui reprend son épithète Basileia, « Royale » ou « Reine »[212]), qui occupe une position privilégiée à ses côtés, parce qu'elle partage sa couche et son trône. Si on suit Hésiode, elle est sa dernière épouse et surtout son « épouse définitive »[213], une union qui permet de stabiliser la société divine[214],[215]. Ils forment dès lors le couple central de la famille divine grecque[216], et peuvent être vus comme l'archétype du couple marié[217].

Homère (Iliade XIV, 293-296) et des traditions locales narrent les amours secrètes de jeunesse de Zeus et d'Héra, faisant remonter leur relation amoureuse bien avant leur mariage[218],[219]. Le fait qu'ils soient frère et sœur ne fait pas obstacle à leur union, le tabou de l'inceste n'existant pas pour les dieux. Au contraire, cela conforte la position d'Héra qui, en tant que sœur et fille aînée de Cronos, est son égale par la naissance et n'a aucun mal à s'opposer à lui s'il le faut[220].

Ce statut d'épouse légitime du patriarche et roi et de maîtresse de sa maison expliquent une grande part de ses actions dans la mythologie : elle protège son statut et ses prérogatives contre ses potentielles concurrentes, s'oppose aux enfants non légitimes et les admet après leur avoir fait passer des sortes d'épreuves. Elle apparaît alors comme la farouche gardienne de la légitimité et de l’intégrité de la famille olympienne, quand bien même il faut pour cela qu'elle s'oppose à Zeus, dont elle est l'« ennemie intime » (V. Pirenne-Delforge et G. Pironti), celle qui le connaît le mieux et qui le plus à même de lui faire face[221]. Les crises au sein du couple, généralement liées aux incartades de Zeus, trouvent toujours leur solution, et permettent en fin de compte de réaffirmer la souveraineté de Zeus[222].

Le culte associe souvent les deux époux. Héra possède un temple dans le grand sanctuaire de son mari à Olympie, lui apparaît dans ses grandes fêtes à Samos et à Argos, où sont notamment relocalisées les grandes fêtes de Zeus de Némée[217]. Plusieurs rituels expliqué par des mythes locaux ont pour sujet leur mariage et ses soubresauts, notamment leur séparation temporaire. En Crète on célèbre leur mariage et il semble aussi qu'on le reproduise, alors qu'à Platées on conjure leur séparation et on célèbre leur réconciliation lors des Daidala. En Attique, Zeus est associé aux sacrifices adressés à Héra lors du mois des mariages, Gamelion, notamment lors du rituel de « Mariage sacré » (hieros gamos) qui commémore leur union[223],[224]. L'association de Zeus à Héra dans le culte l'oriente donc plus spécifiquement vers la sphère du mariage qui est placée sous le patronage de son épouse[143].

Un élément manque pourtant au tableau du couple royal : un prince héritier. Arès n'en a pas les caractéristiques, encore moins Héphaïstos. Du point de vue de Zeus, c'est sans doute plus une qualité qu'un défaut d'Héra : elle ne met pas au monde un successeur potentiel, qui le renverserait comme il a lui-même renversé Cronos avec l'appui de sa mère Rhéa[225]. Une version du mythe de Typhon, contenue dans l'Hymne homérique à Apollon, rapporte néanmoins qu'Héra fait naître le monde pour se venger de Zeus. Mais même dans ce cas-là, ce mythe peut s'interpréter comme une manière de confirmer l'ordre de Zeus et la place d'Héra à ses côtés[226].

Liaisons, sexualité et progéniture

Zeus est considéré comme le père d'un grand nombre de divinités et de plusieurs « demi-dieux », plus que tout autre dieu. Être enfanté par Zeus est un gage de puissance et souvent la garantie d'une position élevée dans la société divine ou humaine. Il s'est pour cela uni à des dizaines d'immortelles et de mortelles, les mythographes tardifs arrivant jusqu'à 115 amantes[227]. Le plus ancien « catalogue » d'unions de Zeus se trouve dans l'Iliade, dans la bouche même du roi des dieux (XIV, 317-327), alors qu'il explique à Héra qu'il n'a jamais désiré une femme autant qu'elle[228],[229].

L'ampleur de ses unions et de sa progéniture reflète une autre facette de la puissance de Zeus, « force créatrice d'une capacité sexuelle inépuisable » (W. Burkert), mâle dominant disposant d'une liberté absolue pour assouvir ses envies, auquel on ne peut résister. Il y a certes eu des critiques moralisantes sur le fait que des poètes osent décrire la sexualité de Zeus, mais pas sur le comportement du dieu en lui-même, que se soit l'usage de la force ou de la duperie, ou encore son statut d'adultère, la seule opposition se trouvant dans la jalousie d'Héra qui accompagne souvent ces récits[206].

Avatar Femme/Maîtresse
Amant
Enfants(s)
Apparence d'Amphitryon Alcmène Héraclès
Ananké Les Moires
Satyre Antiope Amphion, Zéthos
Astéria
Calliope Les Corybantes
Apparence d'Artémis Callisto Arcas
Calycé Éthlios, Endymion
Carmé Britomartis
Pluie d'or Danaé Persée
Déméter Coré, aussi appelée Perséphone
Cheval Dia Pirithoos
Dino Orséis, Cyllène (?), les naïades (?), Scamandre (?)
Dioné ou Thalassa (?) Aphrodite
Dorippé ou Pyrrha Hellen
Aigle Égine Éaque
Élara Tityos
Électre Dardanos, Émathion, Iasion, Harmonie
Thyia Magnès[230]
Éos Hersé
Éris (?) Até, Tyché et les Lites
Eunomie, Héra, Aphrodite ou Eurynomé Hégémone
Taureau blanc Europe Minos, Rhadamanthe, Sarpédon
Fourmi[231] Euryméduse Myrmidon
Eurynomé Les Charites
Gaïa Tityos, Manès
Aigle Ganymède
Héra Ilithyie, Hébé, Héphaistos, Arès, Ényo et Éris
Himalia Cronios, Spartaios, Cytos
Hybris, Thymbris ou Callisto Pan
Nuage Io Épaphos
Iodamé Thébé
Lamia
Laodamie Sarpédon
Cygne Léda ou Némésis Castor et Pollux, Clytemnestre (?), Hélène
Léto Apollon, Artémis
Maïa Hermès
Méra Locros
Métis Athéna
Mnémosyne Les Muses : Calliope, Clio, Erato, Euterpe, Melpomène, Polymnie, Terpsichore, Thalie, Uranie
Niobé Argos, Pélasgos
Olympias Alexandre le Grand
Pandore Latinus
Hadès Perséphone Zagrée
Ploutô Tantale
Podarge Xanthe et Balios
Protogénie Éthlios, Étolos
Séléné Hersé, Pandia, le lion de Némée (?)
Sémélé Dionysos
Taygète Lacédémon
Thalie ou Arémosyne (?) Les jumeaux Paliques
Thémis Les Heures, les Moires, Astrée, Némésis
Thémisto Ister

Dans la sphère divine

Zeus est le père d'un grand nombre de divinités, parmi lesquelles se trouvent plusieurs des figures majeures de la religion grecque (mais aussi de nombreuses divinité secondaires). Parmi les principales divinités grecques, celles qui ne sont pas frère ou sœur de Zeus sont ses enfants[227],[232],[233].

Dans la Théogonie, Hésiode consacre une longue section aux unions de Zeus (886-923), qui se déroulent suivant un ordre chronologique : Métis, Thémis, Eurynomé, Déméter, Mnémosyne, Létô. Héra est la toute dernière épouse (921)[228],[229]. Il connaît aussi d'autres unions, exposées ensuite : Maïa, Sémélé, Alcmène. Cette description répond à un objectif accompagnant sa description de la mise en place de l'ordre de Zeus dans l'univers, autour de ses femmes et de ses enfants, une famille élargie incluant aussi ses frères et leurs enfants, symbolisant la manière dont le monde se réorganise autour de lui[234],[235]. La chronologie qu'il donne n'a néanmoins rien de canonique, puisque le Pseudo-Apollodore fait d'Héra la première union de Zeus, toutes les autres venant ensuite[229]. Les unions et filiations ne sont pas non plus fixées, comme le montrent les incertitudes autour de la paternité de Zeus pour Aphrodite et Héphaïstos.

Héra donne au moins trois enfants à Zeus, selon la liste donnée par Hésiode (921-923) : Ilithyie la déesse de l'accouchement, Hébé la déesse de la jeunesse (donnée en mariage à Héraclès pour sceller son entrée dans l'Olympe) et Arès le dieu de la guerre. Le statut d'Héphaïstos le dieu des artisans varie selon les auteurs : pour Hésiode il est né d'Héra seule, en vengeance du fait que Zeus avait donné seul naissance à Athéna ; pour Homère il est le fils de Zeus et d'Héra[236].

Une autre de ses sœurs, Déméter, déesse de l'agriculture et de la fertilité, lui donne pour fille Perséphone/Korè (Théogonie, 912-914). L'Odyssée (125-128) rapporte aussi que Zeus foudroie un amant mortel de Déméter, Iasion. C'est le roi des dieux qui donne l'autorisation à Hadès d'enlever Perséphone pour en faire son épouse (Théogonie 913-914 ; surtout Hymne homérique à Déméter), au grand dépit de sa mère. En revanche, celle-ci cesse de rendre la terre fertile, ce qui provoque l'intervention de Zeus qui parvient à trouver un arrangement favorable à Déméter et à Hadès dans lequel Perséphone passe un tiers de l'année aux Enfers et le reste sur Terre[237],[238].

Athéna versant du vin à Zeus. Skyphos à figures rouges attribué au « Peintre de Lewis », v. 480-470 av. J.-C. Musée d'Histoire de l'art de Vienne.

Dans la liste d'Hésiode (886-900), Métis, celle qui sait plus de choses que tout autre être, est la première épouse de Zeus, et c'est du reste la seule avec Héra à porter explicitement ce titre. Comme Gaïa et Ouranos prédisent qu'elle lui donnera un fils qui le détrônera, il l'avale alors qu'elle est enceinte de leur premier enfant, Athéna. Il la met donc au monde lui-même : selon la version la plus courante, elle sort par son crâne, fracassé par le marteau d'Héphaïstos, et en sort toute armée[239],[229],[240]. Zeus entretient une relation privilégiée avec sa fille Athéna. Parce qu'elle est née de lui seul, elle est « celle des enfants de Zeus qui est toute à lui et de lui » (T. Gantz). Dans le chant V de l'Iliade (880), Arès reproche à Zeus de lui laisser faire ce qu'elle veut parce qu'elle est née de lui seul. Les épopées homériques en font clairement la fille favorite de Zeus, celle qui le connaît le mieux et qui sait obtenir ses faveurs[241]. Elle l'assiste au combat et accomplit ses décisions[242]. Ce lien privilégié se voit aussi dans le culte, en particulier à Athènes, où les deux sont associés en tant que garants du corps social, de la souveraineté et des institutions. Certes Athéna est la divinité principale de la cité, mais son lien avec Zeus est constamment rappelé, ou en arrière-plan, de manière à capter sa grande puissance et son autorité pour le bien des Athéniens, ce qui ressort notamment de la présence d'un autel à Zeus Polieus sur l'Acropole, dans le principal sanctuaire d'Athéna[243],[244]. Quant à Métis, sa postérité se trouve dans le fait que Zeus absorbe son intelligence et qu'Athéna en hérite aussi.

Thémis, incarnation de la norme et garante de l'ordre, est la seconde femme à laquelle s'unit Zeus dans la liste d'Hésiode (901-911). Chez Homère elle fonctionne plutôt comme une assistante ordonnée de Zeus, pour lequel elle organise un banquet et elle réunit les dieux. Selon Hésiode elle enfante de Zeus les trois Heures, Dikè « Justice », Eunomia « Bonne loi » et Eiréné « Paix », et les trois Moires, qu'il fait pourtant les filles de Nyx, la Nuit, dans un autre passage (217). Dans Les Travaux et les Jours, il évoque encore le fait que Dicè est assise auprès de Zeus et lui fait des rapports sur le comportement des humains injustes (257-262)[245],[246]. Hésiode fait donc de l'union de Zeus avec Thémis une manière de placer le règne du dieu sous le signe de la « norme » : les Moires sont ainsi des « puissances de distribution, de rétribution et de régulation, qui surveillent les étapes à franchir et les limites à ne pas franchir, ces déesses se révèlent étroitement solidaires d’une « normativité » que Zeus interprète et réalise » (G. Pironti)[103].

Eurynomé, fille d'Océanos, donne selon Hésiode (906-911) naissance à un autre trio de déesses, les Charites, les « Grâces », Aglaé, Euphrosyne et Thalie[247]. Le pseudo-Apollodore (III, 12, 6) rajoute parmi les enfants issus de cette union le dieu fleuve Asopos.

Mnémosyne, une Titanide, personnification de la mémoire, engendre après neuf nuits d'amour les neuf Muses dans la Théogonie. Mais les traditions grecques postérieures ne le suivent pas toutes : Pausanias rapporte ainsi une variante dans laquelle Zeus n'est que le père des plus jeunes Muses, les plus anciennes étant les filles d'Ouranos et de Gaïa. Hésiode loue dans plusieurs passages ces déesses des arts, qui exécutent des chants et des danses qui ravissent Zeus et les autres immortels (leur premier chant est une célébration de la victoire sur les Titans) et donnent aux rois et aux poètes des dons d'éloquences[248],[249].

Bas-relief représentant de gauche à droite Zeus, Létô, Apollon et Artémis. Fin du Ve siècle av. J.-C. Musée archéologique de Brauron.

Artémis et Apollon sont les enfants de Zeus et de Létô, une autre Titanide. Le récit de leur naissance est longuement développé dans l'Hymne homérique à Apollon (14-126), notamment les difficultés causées par la rancœur d'Héra et la mise au monde sur la petite île de Délos. Dans l'Iliade, Létô est une des résidentes de l'Olympe[248],[250]. Dieu de la divination, Apollon est celui qui connaît les volontés de Zeus et les transmet aux humains[251]. Dans les mythes, il s'engage dans plusieurs affrontements ou litiges avec d'autres personnages divins (Hermès) ou semi-divins (Héraclès), obligeant son père à intervenir à plusieurs reprises. Mais la plus importante crise entre les deux survient quand Zeus foudroie Asclépios, fils d'Apollon, parce qu'il a percé le secret de la résurrection des morts. Ne pouvant exercer sa vengeance contre son père, Apollon se tourne vers les Cyclopes, qui lui ont donné la foudre. En punition, il doit servir pendant une année un mortel, Admète[252].

Hermès est le fils de Zeus et de Maïa, fille d'Atlas et une des Pléiades[253]. L'hymne homérique consacré à celui-ci relate comment il est né, et comment son père lui confie ses attributions, dans le cadre du règlement d'un litige qui l'oppose à Apollon à qui il a volé du bétail. Dans les mythes, il est le héraut et messager des dieux, en premier lieu au service de son père qui fait souvent appel à lui pour communiquer avec les humains. Il agit à plusieurs reprises pour contrecarrer les plans de vengeance d'Héra contre des amantes de Zeus ou leur progéniture (notamment Héraclès et Dionysos). Il semble aussi jouer un rôle dans l'intronisation des rois pour le compte de son père (il donne à Pélops le sceptre qui lui a confié son père : Iliade II, 103-104). Sur des vases peints archaïques, c'est Hermès qui tient la balance de Zeus qui scelle le sort d'Hector lors de son combat contre Achille. Il intervient aussi de manière décisive lors du combat entre Zeus et Typhon pour aider son père[254],[255],[256].

Aphrodite est selon Homère la fille de Dioné et de Zeus (Iliade V, 370-371), alors qu'Hésiode en fait la fille d'Ouranos châtré par Cronos (Théogonie, 188-206 ; Dioné est donc absente de la liste des femmes de Zeus), version qui devient dominante[257],[258]. Dioné est une figure spéciale parmi les unions de Zeus, puisque son nom est probablement la contrepartie féminine de Zeus et qu'elle pourrait avoir été une de ses épouses avant l'époque historique. Elle est sa compagne à la place d'Héra dans le panthéon de Dodone. Phérécyde la présente comme une nymphe, tandis qu'Apollodore en fait une Titanide, ce qui paraît en accord avec les traditions archaïques[259],[260].

Dionysos est un cas à part parmi la progéniture divine de Zeus, puisqu'il est le fils d'une mortelle, Sémélé, princesse de Thèbes, fille du roi Cadmos et de la déesse Harmonie. C'est également une exception parmi les amantes mortelles de Zeus puisque leur liaison semble avoir duré un certain temps. Mais elle connaît un dénouement funeste, qui a donné lieu à diverses variantes. La plus commune rapporte que la princesse, trompée par Héra, demande à Zeus de lui apparaître dans toute sa gloire, ce qui ne peut que lui être fatal. Zeus s'exécute car il a promis d'accéder à n'importe lequel de ses vœux, mais avant qu'elle ne meure il enlève Dionysos et le place dans sa cuisse, d'où il naîtra. Après avoir survécu à la colère d'Héra et pris place dans la société divine, Dionysos va la chercher aux Enfers, pour qu'elle devienne immortelle et prenne place dans l'Olympe[261],[262].

Certaines immortelles se refusent à Zeus et parviennent à lui échapper. Astérie, sœur de Létô, préfère se jeter à l'eau, et est transformée par le dieu en île, qui devient Délos, où sa sœur accouche d'Artémis et d'Apollon[263]. La nymphe Sinopé se joue de lui : alors qu'il l'a enlevée et cherche à la convaincre de coucher avec lui en lui promettant d'accéder à n'importe lequel de ses désirs, elle lui dit qu'elle désire rester vierge et Zeus est obligé de tenir sa parole[264]. Thétis est également poursuivie par Zeus, selon la tradition à laquelle renvoie la trilogie prométhéenne d'Eschyle, mais alors qu'elle cherche à lui échapper Prométhée informe le dieu que s'il s'unit à elle il aura un enfant plus puissant que lui, donc il renonce[265].

Dans la sphère mortelle

Zeus est également le père de nombreux personnages de l'« âge héroïque », des « demi-dieux » mortels qu'il a enfantés avec des divinités mineures (notamment des Nymphes) ou bien des mortelles, généralement des princesses. Bien qu'en règle générale il soit mû par son désir sexuel (sauf dans le cas d'Héraclès) et ne présente pas un intérêt prolongé pour l'objet de son affection (exceptés Sémélé et Ganymède qui intègrent la société olympienne), les relations sexuelles de Zeus avec des mortelles plus ou moins forcées débouchent en effet toutes sur des naissances.

Plusieurs de ces unions (mais pas toutes) ont fait l'objet de mythes, mis en récit par des poètes ou exposés par des mythographes, qui s'intéressent souvent aux ruses mises en place par Zeus pour parvenir à ses fins, notamment ses métamorphoses. Les récits relatifs à plusieurs de ces unions sont également marqués par la colère d'Héra, épouse légitime bafouée par Zeus, qui se porte contre les mères voire contre les enfants[227]. Ces histoires ont certes des aspects érotiques, mais elles ont plus encore une dimension religieuse et sociale, servant notamment pour le prestige de localités associées aux unions du dieu ou de lignages et cités qui se rattachent à un de ses enfants[228],[266]. La finalité de ces unions est essentiellement la procréation, la constitution d'une nouvelle lignée descendant de Zeus, ce qui explique le rôle effacé que jouent plusieurs des femmes avec lesquelles Zeus couche. Suivant les mentalités antiques, la manière dont le dieu parvenait à ses fins importait peu, et il était considéré que la mère devait s'estimer heureuse d'avoir été choisie par le plus puissant des dieux[267].

Héraclès, l'homme le plus fort du monde, est le principal héros humain enfanté par Zeus. Pour une fois, selon ce qui est conté dans l'Iliade, le but du dieu était bien de mettre au monde un mortel hors norme qui serait roi d'Argos. Il choisit donc pour mère Alcmène, épouse d'Amphitryon, un des membres de la lignée royale argienne. Il prend l'apparence de son mari, fait en sorte que la nuit dure trois fois plus que la normale, et couche avec elle. Son mari apprend plus tard la tromperie, alors qu'Alcmène est également enceinte d'un second enfant qui est bien de lui. Héra contrecarre les projets de Zeus en avançant la venue au monde d'Eurysthée, un autre membre de la lignée royale, qui devient roi. Héraclès est donc condamner à vivre comme son serviteur dans son royaume, ou bien à errer en dehors, subissant à plusieurs reprises la colère d'Héra et nécessitant parfois l'appui de Zeus (et surtout d'Athéna)[268]. Il surmonte cependant ces épreuves, et après sa mort il est rendu immortel et intègre l'Olympe avec l'assentiment d'Héra, recevant en mariage la déesse Hébé, fille de Zeus et d'Héra[269]. Parmi les mortels, les descendants d'Héraclès forment la lignée des Héraclides, dont se revendiquent plusieurs lignages grecs, parmi lesquels les deux dynasties royales de Sparte[270].

Léda et Zeus métamorphosé en cygne. Mosaïque de Palaipafos (Chypre), IIe – IIIe siècle ap. J.-C. Musée de Palaipafos.

Hélène, la plus belle femme du monde, est la principale héroïne mortelle née de Zeus. Plusieurs versions de sa naissance existent, dans lesquelles son père est systématiquement Zeus, mais sa mère est ou bien la déesse Némésis, la personnification de la rétribution, ou bien la mortelle Léda, reine de Sparte, épouse de Tyndare. Selon les Chants cypriens, Zeus pourchasse Némésis qui se refuse à lui, se transformant à plusieurs reprises, parvenant finalement à s'accoupler avec elle alors qu'il est sous la forme d'une oie et elle sous celle d'un cygne. Léda est alors sa mère adoptive. Dans les versions où Léda est la mère d'Hélène, notamment celle d'Euripide, Zeus se métamorphose là encore en cygne et s'unit à la mortelle. C'est cette variante qui finit par s'imposer dans la littérature comme dans l'art[271],[272],[273]. Hélène a pour frères les Dioscures, Castor et Pollux (Polydeuce), le second étant selon la version la plus courante également un fils de Zeus (dans l'Odyssée ils le sont tous les deux, dans le Catalogue des femmes d'Hésiode aucun des deux ne l'est)[274].

Un autre grand héros né de Zeus est Persée, dont la mère est Danaé, princesse de Sparte fille d'Acrisios.Son père ayant reçu pour prophétie que son petit-fils le tuerait une fois devenu adulte, il enferme sa fille, dans une chambre souterraine de bronze ou bien une tour de bronze, afin qu'aucun homme ne puisse l'approcher. C'est sans compter sur la ruse de Zeus, qui se métamorphose en pluie d'or pour s'unir à elle[275].

Le rapt d'Europe par Zeus sous la forme d'un taureau. Mosaïque de Byblos (Liban), IIIe siècle ap. J.-C. Musée national de Beyrouth.

L'un des récits de rapt de Zeus les plus populaires est celui d'Europe, la fille du roi Agénor de Tyr (en Phénicie). Alors qu'elle est sur la plage en compagnie de ses suivantes, Zeus se métamorphose en taureau, l'attire vers lui et l'emporte dans la mer, jusqu'en Crète. Elle donne naissance à Minos et Rhadamante, et aussi à Sarpédon selon certains auteurs. Zeus offre de somptueux cadeaux à Europe, dont il arrange ensuite le mariage avec Astérios, roi de Crète, ce qui permet à son fils Minos de devenir roi à son tour[276],[277],[278]. Minos et Rhadamante deviennent après leur mort des juges du monde infernal, le second étant en particulier associé à l'exercice de la justice[279]. Quant à Sarpédon, son statut de fils d'Europe et donc de membre de la fratrie est incertain dans les textes antiques. Cela est complexifié parce qu'il semble que plusieurs personnages ont pu porter ce nom, avant d'être fondus en un seul avec le temps. Dans l'Iliade, Sarpédon est fils de Zeus et de Laodamie, fille de Bellérophon, et un combattant émérite du côté des Troyens. Sa mort donne lieu à un passage pathétique durant lequel Zeus envisage un temps de renverser le sort pour sauver son fils, mais est convaincu par Héra de ne pas le faire[280]. Elle est aussi le sujet d'une tragédie d'Eschyle connue seulement par quelques fragments, Les Cariens (ou Europe), dans laquelle Europe, ici sa mère, apprend sa mort, fait son deuil et prépare ses funérailles.

Zeus enlevant Ganymède (480-470 av. J.-C.)

La relation homosexuelle la plus connue de Zeus est celle avec Ganymède, jeune prince de Troie, le plus beau des mortels. Il est enlevé par le dieu métamorphosé en aigle, ou bien par un aigle envoyé par le dieu. Il est conduit à l'Olympe, où il devient l'échanson de Zeus. Le père de Ganymède reçoit des présents somptueux de la part de Zeus en compensation de cet enlèvement[281],[282].

Callisto se transformant en ourse. Vase apulien à figures rouges, v. 360 av. J.-C. Getty Museum.

Parmi les autres récits les plus développés sur les rapts de Zeus, certains concernent des nymphes de l'entourage d'Artémis, déesse chaste qui imposait la même condition à ses suivantes, sous peine de mort. Cela n'empêche pas son père de les violer. Le cas de Callisto, princesse d'Arcadie, a donné lieu à diverses histoires. Selon Ovide, Zeus il prend l'apparence d'Artémis pour s'approcher d'elle. Le fait d'avoir perdu sa virginité cause son expulsion du groupe d'Artémis. Elle donne à Zeus un fils Arcas, qui devient roi d'Arcadie. La mère est transformée en ours, soit par Zeus pour la dissimuler à Héra, soit par Héra dans sa colère. Elle trouve la mort soit par les flèches d'Artémis, soit par celles de son fils Arcas, le tueur ignorant dans tous les cas la véritable identité de la victime. Dans la version d'Ovide, Zeus transporte la mère et le fils dans le ciel, où ils deviennent les constellations de la Grande Ourse et du Bouvier[283],[284],[285]. Une autre suivante d'Artémis violée par Zeus est Maira, fille de Proïtos, qui lui donne un fils, Locros, et est tuée par Artémis parce qu'elle ne participait plus à ses chasses après avoir été violée par Zeus[286],[287].

Parmi les autres victimes de Zeus se trouve la nymphe Io, prêtresse d'Héra à Argos. Suscitant le désir du dieu, qui se métamorphose en nuage pour l'approcher, elle se retrouve prise au milieu d'une lutte entre celui-ci et son épouse. Cela conduit à sa transformation en vache, soit par Zeus pour la soustraire à Héra, soit par Héra pour la soustraire à Zeus. Dans tous les cas Héra la place sous la garde d'Argos Panoptès, gardien de troupeau sans pareil puisqu'il ne dort jamais et a des yeux sur tout son corps. Zeus charge Hermès de s'en débarrasser, et il parvient à le tuer par ruse. Io, toujours sous la forme d'une vache, est harcelée par un taon envoyé par Héra, de manière à l'empêcher de rester au même endroit. Eschyle a donné dans son Prométhée enchaîné une description pathétique de l'errance d'Io, subissant les actes de Zeus et d'Héra. Finalement elle s'établit en Égypte où Zeus lui rend sa forme d'origine, et où elle lui donne un enfant, Épaphos. Selon un mythe rapporté par le Pseudo-Apollodore (II, 1, 3), manifestement inspiré du mythe égyptien d'Isis et d'Osiris, Héra ordonne aux Courètes de dérober l'enfant, contraignant Io à de nouveaux voyages pour le retrouver. Zeus tue les Courètes en les foudroyant, la mère et l'enfant sont réunis[288],[289].

Ces récits dressent un tableau pathétique des jeunes filles avec lesquelles couche Zeus, qui sont soumises à plusieurs épreuves. W. Burkert a tiré de plusieurs de ces histoires (notamment celle de Callisto) un récit archétypal qu'il a surnommé la « tragédie de la jeune fille » (« girl's tragedy »), découpé en cinq temps : 1) départ de la maison (séparation de la famille) 2) séclusion 3) enlèvement/viol par Zeus; 4) tribulations (menaces de mort, errances, métamorphoses) 5) sauvetage (avec la naissance d'un enfant)[290],[291]. Ce motif interroge plus largement sur la caractérisation des relations sexuelles de Zeus avec les jeunes femmes et hommes mortels, et la place du viol par des dieux dans les mythes grecs[292]. Dans les études modernes, les jeunes filles et jeunes hommes sont souvent présentées comme des « partenaires » et des « unions », mais ces rapports impliquent dans plusieurs cas l'emploi de la force, des rapts/enlèvements et/ou des tromperies. Ces épisodes ont été interprétés comme le reflet de la mentalité patriarcale grecque antique, ou bien comme des mises en récit de fantasmes sexuels (notamment les métamorphoses de Zeus pour s'accoupler), ou encore comme des récits avec des relents politiques. Selon certains spécialistes on peut dire que beaucoup des relations sexuelles de Zeus sont des viols et que ce dieu est le violeur par excellence de la mythologie grecque (un « master rapist » selon Keuls), alors que d'autres considèrent que les descriptions ne correspondent pas exactement à des viols. Ces interprétations sont complexifiées par le fait que tout le monde ne s'accorde pas sur la définition du viol, et que celle-ci a évolué au cours du temps. De plus les descriptions antiques reprennent un lieu commun qui veut que la victime d'un viol soit au moins en partie responsable de son agression, voire qu'elle y ait consenti et l'ait désirée. Cela est ici facilité par le statut éminent de Zeus, partenaire masculin le plus puissant possible, qu'aucune femme ne pourrait repousser et refuser, et qui le rend désirable. De son côté, Zeus se comporte selon S. Deacy comme un violeur qui produit des efforts importants pour s'accoupler (high-mating effort rapist), qui sélectionne des partenaires de choix pour lui donner des enfants remarquables (immortelles, princesses humaines, toutes d'aspect agréable), développe des stratégies élaborées pour parvenir à ses fins (enlèvements, métamorphoses), sans réellement s'impliquer ensuite dans la relation avec les victimes et l'éducation de sa progéniture, tout en n'étant pas non plus totalement indifférent à leur sort[293],[294].

Attributs et symboles

La/le foudre

Zeus tenant la foudre de la main droite et un bâton/sceptre de la main gauche. Vase attique à figures rouges, v. 470 av. J.-C.

La foudre est un attribut majeur de Zeus, renvoyant à son rôle de dieu céleste, et à sa puissance inarrêtable, qui manifeste sa puissance aux humains, et frappe ses ennemis et ceux qui ont porté atteinte à l'ordre[43],[10],[38],[44]. Chez Hésiode, c'est la source de sa force, une arme redoutable cachée par Gaia, qui lui est donnée par les Cyclopes après qu'ils les aient libérés (Théogonie, 501-506), et qui lui permet de vaincre les Titans et Typhon[295]. Dans le culte, il porte des épithètes telles que Keraunios « de la foudre » et Kataibates « qui fait descendre (l'éclair/la foudre du ciel) », notamment sur les lieux frappés par la foudre qu'on considère comme décrétés inviolables et inaccessibles par le dieu[3],[39]. Dans l'art, le foudre (au masculin) est un de ses attributs distinctifs, depuis les plus anciennes images le représentant en train de le brandir à l'époque archaïque[43],[296].

Le sceptre et le trône

Ganymède versant une libation à Zeus, assis et tenant une phiale et un bâton/sceptre sur lequel est posé un aigle. Cratère à figures rouges du Peintre d’Eucharidès, v. 490-480 av. J.-C. Metropolitan Museum of Art.

Le statut souverain de Zeus est plus directement marqué par deux attributs de la royauté, le sceptre et le trône. Il est souvent représenté sur un trône tenant un sceptre, notamment dans sa statue de culte d'Olympie. Le sceptre symbolise en particulier la capacité à commander et à légiférer, et est relié à la justice et au serment[297]. L’Iliade répète à plusieurs reprises (II, 46, 100-108, 186 et 268) qu'il est celui qui octroie le sceptre aux rois, leur conférant ainsi leur autorité[121]. Zeus aurait ainsi confié un sceptre forgé par Héphaïstos à Hermès pour qu'il le donne à Pélops, qui ensuite le transmet à ses descendants, et se trouve entre les mains d'Agamemnon au moment de la guerre de Troie (Iliade II, 100-108). Pausanias rapporte qu'il est réputé être conservé à Chéronée (IX, 40, 11) où il est une sorte de relique qui fait l'objet d'un culte à la signification discutée[298]. Zeus partage le trône et le sceptre avec son épouse Héra, qui est directement associée à son exercice de la souveraineté. Elle est ainsi dite Homothronos, « qui partage le trône (de Zeus) » par Pindare (Néméennes XI, 1-2)[299].

L'aigle

Sculpture d'un aigle provenant du temple de Zeus Hypsistos de Dion. Musée archéologique de Dion.

Zeus a pour animal-attribut l'aigle, l'oiseau le plus majestueux suivant les conceptions antiques. Cette association s'explique par le fait que c'est un prédateur qui règne dans le ciel, dégage une impression de puissance et de pouvoir, peut-être aussi parce qu'il est vu comme un symbole de l'éclair et de la foudre. Cet animal est aussi vu comme un symbole de victoire, et joue un rôle dans la divination. Quelques mythes relient directement Zeus à l'aigle : l'enlèvement de Ganymède est accompli soit par Zeus métamorphosé en aigle, soit par un aigle, qui en remerciement devient une constellation ; Zeus inflige pour châtiment à Prométhée d'avoir son foie dévoré par un aigle. Une épigramme de l'Anthologie palatine rapporte comment l'aigle est le seul oiseau admis auprès de Zeus, et comment le dieu punit un chasseur crétois qui a abattu un de ces oiseaux d'un trait de flèche (IX, 222). Des représentations d'aigles se trouvent dans des sanctuaires de Zeus ou sur ses statues, à commencer par celle d'Olympie dont le sceptre est surmonté par un aigle[300],[301].

Autres symboles

D'autres symboles concernent plus spécifiquement Zeus sous certaines épithètes ou dans certains lieux.

Serpent en bronze voué à Zeus Meilichios. Péloponnèse, première moitié du Ve siècle av. J.-C. Altes Museum, Berlin.

Zeus peut être représenté sous la forme d'un serpent quand il prend les épithètes Meilichios et Philios (pour lesquelles il est également figuré sa forme humaine habituelle). Il s'agit plus précisément du serpent appelé drakon, souvent relié au monde souterrain, car il surgit de la terre. Il est donc généralement relié à la sphère « chthonienne ». Mais il a aussi une symbolique « royale », qui pourrait peut-être mieux expliquer son association à Zeus[302].

L'égide est une peau de chèvre qui sert de cuirasse car elle a la particularité d'être invulnérable, et sa puissance est renforcée par la présence d'une tête de Gorgone. Elle est faite à partir de la peau de la chèvre qui a allaité Zeus alors qu'il était enfant, et elle lui appartient, le protégeant lors du combat contre les Titans. Cependant dans la littérature et l'art, l'égide est surtout un attribut d'Athéna, à laquelle elle a été confiée par son père[303],[304].

Zeus est aussi associé au chêne, en particulier à Dodone, où le bruissement du vent dans le feuillage de cet arbre transmet des oracles aux humains. Son association à Zeus pourrait s'expliquer par l'impression de puissance qui s'en dégage, et sa longévité qui renvoie à l'ancestralité[305].

À Olympie la couronne d'olivier est portée par le dieu sur sa statue de culte. Les vainqueurs des concours en son honneur en reçoivent en récompense. Selon Pausanias, elles sont tressées à partir des feuilles d'un olivier se trouvant dans le sanctuaire, et cette tradition remonte à l'institution de ces jeux par Héraclès. Le dieu est également souvent représenté avec cette couronne sur des pièces de monnaie (cependant difficile à distinguer d'une couronne de laurier)[306]. L'olivier est cependant plutôt vu comme un symbole d'Athéna[307].

La faculté d'octroyer la victoire est un attribut de Zeus, et la Victoire personnifiée, la déesse ailée Nikè, passe pour sa messagère, au nom duquel elle apporte victoire et protection aux humains. Il est donc un dieu Nicéphore « qui apporte la victoire », comme sa fille Athéna[308]. Dans l'art, la statue d'Olympie de Phidias la place directement dans la main du dieu, en lieu et place du foudre, créant une nouvelle manière d'affirmer la suprématie de Zeus, qui se diffuse sous l'influence de ce modèle[309].

Images et iconographie

Bien que Zeus apparaisse par écrit dans les tablettes mycéniennes, aucune représentation de ce dieu dans l'art n'a été identifiée avec certitude[310]. Les plus anciennes représentations de Zeus approuvées par la majorité des spécialistes remontent aux alentours de 700 av. J.-C., dans des représentations du dieu avec son attribut distinctif, le foudre, même si dans certains cas il est représenté comme un dieu imberbe[311]. Son iconographie se développe dans les siècles suivants, durant l'époque archaïque, notamment autour des deux motifs du Zeus au foudre et du Zeus au trône, qui se retrouvent en figurines, sur des vases peints, puis sur les monnaies au moins à partir du Ve siècle av. J.-C. Mais de nombreuses représentations supposées du dieu, notamment celles provenant de ses sanctuaires d'Olympie et du mont Ida (qui ont tout les deux livré de nombreuses offrandes de ces époques), restent hypothétiques[312].

Le sanctuaire d'Olympie joue sans doute un rôle dans la fixation et la diffusion de l'image panhellénique de Zeus, par les monnaies émises dans sa région aux Ve – IVe siècle av. J.-C., portant diverses représentations de Zeus et de ses attributs, et surtout la statue chryséléphantine réalisée par Phidias et son atelier dans les années 430, qui devient la référence incontournable pour ceux qui veulent représenter Zeus visuellement[313]. L'image guerrière du dieu, qui prévalait jusqu'alors avec la prédominance du Zeus au foudre, laisse peu à peu la place à une approche plus souveraine et majestueuse[314].

Dans sa représentation caractéristique telle qu'elle achève de se former à se moment-là, Zeus est figuré comme un homme d'âge mûr barbu, aux cheveux longs. Il est souvent nu, ou presque, avec simplement un vêtement autour de la taille. Quand il est vêtu, il porte un chiton ou un himation, court ou long, dans de nombreux cas simplement rabattu sur son épaule. Il est représenté debout ou assis sur un trône[312],[315],[296]. Il est identifié par ses attributs (notamment pour le distinguer de Poséidon qui a la même apparence que lui, voire d'Asclépios) : le foudre, le sceptre, l'aigle, aussi la Victoire Nikè ; il peut aussi tenir une phiale, coupe à libations[309].

Zeus est l'un des dieux les plus représentés dans le monde grec aux époques archaïque et classique. En revanche, sa popularité décline à partir de l'époque hellénistique, hormis dans certaines régions comme l'Anatolie, sans doute en raison de la montée en popularité de divinités plus juvéniles et de divinités d'origine non-grecque[316],[317].

L'iconographie de Zeus ayant été reprise pour le Jupiter des Romains, les représentations grecques de Zeus ont servi de modèles pour les représentations du dieu romain (que ce soit pour des copies ou pour des adaptations plus ou moins libres), avant tout dans la statuaire et la numismatique. De plus de nombreuses statues de Zeus ont été transportées en Italie à la suite des conquêtes romaines[318]. Il peut donc être difficile de dire si on est en présence d'une représentation originellement de Zeus ou de Jupiter (au moins du point de vue de l'artiste ou du commanditaire) et l'iconographie des deux dieux est souvent étudiée conjointement.

Zeus Keraunios

Zeus debout

Zeus trônant

Sanctuaires et cultes

Zeus dispose de lieux de culte dans tout le monde grec (en incluant aussi les cités d'Asie mineure, de Sicile, de Cyrénaïque, des bords de la mer Noire), aussi bien dans les villes que dans des espaces situés hors des murs, notamment les montagnes les plus hautes qui dominaient les paysages[319]. Parmi cette myriade de sanctuaires, quelques-uns se distinguent par leur importance, avant tout Olympie dans le Péloponnèse et Dodone en Épire, aussi le mont Lycée en Arcadie. Son culte est également très représenté en Crète, où sa naissance est généralement placée. Divers cultes à Zeus sont documentés à Athènes, la cité qui a fourni le plus de documentation sur la religion grecque. Plusieurs de ces cultes présentent des aspects originaux, par le mythe ou les rites, qui offrent des variations par rapport aux aspects les plus communs de Zeus.

Olympie

Le site d'Olympie est situé dans le nord-ouest du Péloponnèse, en Élide, dans une vallée boisée arrosée par l'Alphée et le Cladée. L'activité rituelle sur le site semble débuter au Xe siècle av. J.-C., le site se développant assurément en tant que sanctuaire de Zeus au VIIIe siècle av. J.-C., comme l'attestent les nombreuses offrandes votives mises au jour sur le site. Par la suite cette popularité ne se tarit pas, le sanctuaire étant couvert d'offrandes venues de tout le monde grec, notamment des dons remerciant Zeus olympien pour avoir accordé une victoire, et des traités de paix y sont inscrits pour être placés sous sa supervision. La tradition grecque a retenu la date de 776 av. J.-C. comme début des concours panhelléniques consacrés à Zeus, qui deviennent les plus populaires du monde grec au VIe siècle av. J.-C. Selon la légende locale, ils commémorent la victoire à la course de char du roi Pélops contre Œnomaos, pour obtenir la main de sa fille Hippodamie. La tombe de Pélops fait d'ailleurs l'objet d'un culte héroïque sur le site. Le sanctuaire passe sous le contrôle de la plus puissante cité locale, Elis, au début du Ve siècle av. J.-C. Le cœur de l'activité rituelle du sanctuaire est l'Altis, bois sacré, où se trouve le grand autel de Zeus, constitué des cendres des sacrifices durcies après avoir été mêlées aux eaux de l'Alphée. Lorsque Pausanias le voit au IIe siècle de notre ère, il s'élève à plus de 7 mètres de hauteur. L'autel suffisant à la tenue des sacrifices à Zeus, il n'y a pas de temple pour le dieu durant les premiers temps du site, alors que son épouse Héra en a un. C'est vers 470 av. J.-C. qu'est érigé un temple monumental pour Zeus Olympios, qui abrite la statue chryséléphantine du dieu réalisée par Phidias, passée à la postérité comme une merveille du monde. Les fouilles sur le site ont mis au jour une partie des sculptures de l'édifice, représentant notamment la victoire de Pélops et les travaux d'Héraclès. Selon Pausanias le site comprend des autels pour d'autres aspects de Zeus, tels que Katharsios, Kataibates, Chthonios et Hypsistos. Ils font l'objet d'offrandes mensuelles de la part des habitants de la région. Les grandes fêtes de Zeus Olympios ont lieu tous les quatre ans et sont surtout connues par leurs concours athlétiques et hippiques, qui sont généralement désignés de manière anachronique comme les « jeux olympiques » antiques. Ils attirent des compétiteurs et des spectateurs de tout le monde grec. Dans leur forme classique, ces concours se déroulent tous les quatre ans, durant cinq jours, les vainqueurs de leurs épreuves reçoivent une couronne d'olivier et une renommée sans pareille dans le milieu des compétitions grecques. Parmi les nombreuses constructions du sanctuaire se trouvent un grand stade ainsi qu'un hippodrome servant pour les épreuves. Le sanctuaire connaît de nombreuses vicissitudes durant sa longue histoire, mais il reste l'un des plus prestigieux du monde grec jusqu'à la christianisation, qui met fin à ses concours en 393 de notre ère[320],[321].

Némée

Le site de Némée est situé au nord-ouest de l'Argolide, dans une plaine fertile. Il comprend un sanctuaire dédié à Zeus, qui est l'un des quatre sanctuaires où se déroulent des concours les plus importants du monde grec (les « jeux néméens »). Selon la tradition, les premiers concours auraient été institués par Héraclès après qu'il ait tué le lion de Némée, ou bien par Adraste d'Argos en mémoire du jeune prince Ophelte qui avait été mordu par un serpent à Némée et en était mort. Consacrés au Zeus de Némée (Nemeios), ils deviennent panhelléniques en 573, et sont alors organisés par la cité de Cléonée. Ces concours se déroulent tous les deux ans, en juillet, avec des compétitions athlétiques et hippiques, les vainqueurs recevant des couronnes de céleri. C'est de cette période que datent les premières traces archéologiques notables d'un culte sur le lieu. Au Ve siècle av. J.-C., Argos prend le contrôle des concours et les déplace sur le site du sanctuaire d'Héra d'Argolide, où se déroulent déjà des concours en l'honneur de la déesse. Vers 330 ils retournent à Némée, sans doute sous ordre de Philippe II de Macédoine, et le site fait l'objet d'importants aménagements. Un temple de style dorique est érigé en l'honneur de Zeus. Les sacrifices au dieu sont accomplis sur un autel de 41 mètres de long situé en face de son entrée. Le site comprend aussi un grand stade, des lieux d'hébergement, de bains, et des constructions ayant sans doute servi de trésors. Au Ier siècle av. J.-C. les concours reviennent définitivement à Argos. Lorsqu'il visite le site au IIe siècle ap. J.-C., Pausanias constate son délabrement avancé : le toit du temple est effondré et aucune statue ne s'y trouve[322].

Dodone

Le site de Dodone est situé en Épire, dans une vallée montagnarde bien arrosée au pied du mont Taumaros. C'est un sanctuaire dédié à Zeus Naios « résident » ou « des Naia » (concours de Dodone), qui est de manière inhabituelle mis en couple avec la déesse Dioné, dont le nom est le féminin de Zeus, une figure quasi-inexistante dans le reste de la Grèce. Ce site doit sa célébrité à son oracle, qui est le plus réputé de Grèce après celui de Delphes, et est connu par Homère. Les fouilles archéologique ont confirmé le fait qu'il était actif au VIIIe siècle av. J.-C. grâce à des trouvailles d'offrandes, notamment des figurines en métal. Selon Hérodote, c'est le plus ancien sanctuaire à oracle de Grèce. Il faut attendre l'émergence du royaume d’Épire en tant que puissance politique au -IVe siècle pour qu'un programme monumental soit lancé sur le site, qui se traduit par l'érection d'une muraille protégeant le sanctuaire et la ville, la construction de plusieurs temples dont ceux de Zeus et de Dioné. On érige aussi le grand théâtre dominant le site, ainsi que d'un stade, pour accueillir des concours athlétiques, hippiques et dramatiques lors de la grande fête des Naia. Le site est ensuite le lieu de rassemblement de la confédération épirote qui remplace la dynastie à la fin du IIIe siècle av. J.-C. L'activité oraculaire n'est plus attestée à Dodone après le Ier siècle av. J.-C., mais le sanctuaire reste actif et ses grandes fêtes sont encore célébrées au IIIe siècle de notre ère. Il est christianisé par la construction d'une basilique au Ve siècle[323].

Plusieurs méthodes d'oracles sont attestées à Dodone, peut-être parce qu'elles ont évolué dans le temps. Dans tous les cas Zeus s'exprime par des signes et non par des paroles, plus spécifiquement par des sons. Homère fait ainsi référence à la dendromancie, l'écoute des sons du feuillage d’un chêne sacré de Zeus (Odyssée XIV, 327), et aux Selles, interprètes qui ne se lavaient jamais les pieds (Iliade, XVI, 236). Hérodote (II, 53-55) évoque trois prêtresses, les Péliades, qui interprètent les oracles à la place des Selles (qui ont été remplacés ?). D'autres sources indiquent que l'oracle du chêne est accompagné d'un oracle par des colombes : on observerait alors leur vol, ou bien leur cri s'il s'agit de rester dans l'univers sonore. L'arbre et l'oiseau sont en tout cas représentés ensembles sur des monnaies épirotes. Il est possible qu'un oracle par les sorts (jet d'osselets ou de dés) existe également, mais à partir du IVe siècle av. J.-C. les sources parlent plutôt d'un oracle par des chaudrons de bronze sur trépieds, qui semble là encore reposer sur l'acoustique (mais on ne sait pas exactement comment). La documentation la plus remarquable concernant l'oracle de Dodone consiste en un ensemble de lamelles de plomb sur lesquelles sont inscrites les questions posées à Zeus (dans plusieurs cas accompagné de Dioné). Il s'agit souvent d'un individu ou d'une communauté interrogeant la divinité sur un projet précis, sous la forme d'un avis, souvent dans un contexte privé : succès d'un voyage ou d'une autre entreprise, affaires familiales, problèmes de santé, etc. Les personnes qui interrogent sont surtout originaires de la région, mais en raison de la popularité de l'oracle elles peuvent venir d'autres parties du monde grec[324],[325].

Crète

Selon les traditions rapportées par Hésiode et d'autres après lui, Zeus est né en Crète. Néanmoins d'autres régions revendiquent cela, notamment l'Arcadie (cf. ci-dessous). Pour les Crétois, la naissance locale de Zeus est indiscutable : il y est connu sous l'épithète Kretagenes, né en Crète, et les légendes et lieux associés à son enfance participent fortement à l'identité locale. Cela dure depuis l'époque archaïque et jusqu'à l'époque impériale, quand son image est reprise pour être associée aux empereurs romains déifiés. Il est du reste possible, mais indémontrable, que ce Zeus crétois s'inscrive dans la continuité d'une ou plusieurs divinités vénérées à l'âge du bronze, à l'époque minoenne. Deux montagnes en particulier sont associées à Zeus, avec des cultes remontant souvent à l'âge du bronze. La première est le mont Dicté. On trouve déjà sur une tablette mycénienne la mention d'un Zeus Diktaios avec un sanctuaire en ce lieu, et cette figure est attestée à de nombreuses reprises dans les inscriptions grecques. C'est le lieu où le dieu a été mis au monde par Rhéa selon Hésiode. Il n'est pas identifié par les historiens modernes au mont du même nom situé au centre de l'île — où se trouve pourtant la grotte de Psychro qui semble avoir été associée au dieu — mais à un petit mont situé à l'extrémité orientale de l'île, près de l'actuelle Palaikastro vers l'ancien territoire de la cité d'Itanos, le Petsofas (qui disposait d'un lieu de culte minoen). On trouvait en tout cas à ses pieds un sanctuaire de Zeus Diktaios qui a été fouillé sur le site de Roussolakkos et à livré des offrandes de l'époque archaïque (VIIe – Ve siècle av. J.-C.). Il a notamment livré une inscription comportant un poème en l'honneur de Zeus datable du VIe siècle av. J.-C., surnommé Hymne des Courètes[326],[327], qui invoque (sans le nommer) le dieu en tant que jeune homme, et en particulier pour sa faculté à apporter la fertilité. Il est possible que ce Zeus soit l'héritier d'une ancienne divinité juvénile minoenne. L'autre montagne crétoise associé à Zeus est le mont Ida, parfois considéré comme son lieu de naissance. Diodore de Sicile a tenté de concilier les deux traditions en faisant du Dicté le lieu de naissance du dieu, et l'Ida le lieu où il est élevé, dans une grotte loin de la vue de Cronos. Zeus Idaios est une autre grande figure du paysage religieux crétois, dont le lieu de culte principal est situé dans une grotte sur cette montagne, qui a livré du matériel rituel sur plus d'un millénaire, et en particulier de nombreuses offrandes du début de l'époque archaïque (VIIIe – VIIe siècle av. J.-C.). Une inscription du Ve siècle av. J.-C. indique que le culte y est alors organisé par la cité de Gortyne, comprenant notamment de grandes fêtes en l'honneur de Zeus. Le culte de Zeus de l'Ida semble aussi avoir compris des rites initiatiques pour des jeunes hommes. Ce site connaît encore une grande popularité à l'époque romaine impériale. Les Crétois rendaient aussi un culte à Zeus autour d'une tombe de Zeus (située à Cnossos selon Évhémère, peut-être sur le Mont Gioúchtas), qui passe pour une absurdité aux yeux des autres Grecs car il est communément admis qu'un dieu ne peut pas mourir. Cela n'empêche pas à ce culte d'être encore attesté à l'époque romaine et de susciter la curiosité des auteurs de l'époque[328],[329],[330].

Mont Lycée

Zeus Lykaios « du mont Lycée » est, avec Pan et Despoina, l'un des principaux dieux de l'Arcadie, région montagneuse reculée, aux coutumes souvent considérées comme rustres et archaïques par les autres Grecs. Son importance se relève par le fait qu'il figure sur le monnayage de la confédération arcadienne et que sa grande fête, les Lykaia (incluant des concours athlétiques), revêt un caractère « national », au point que des mercenaires arcadiens de l'expédition des Dix-Mille s'arrêtent pour les célébrer ses fêtes (en incluant la compétition sportive) alors qu'ils se trouvent au beau milieu de l'Anatolie (Xénophon, Anabase, I, 2, 10). Son lieu de culte se situe près du sommet du mont Lycée, et est principalement connu par ce qu'en dit Pausanias dans sa Description de la Grèce. Selon la mythologie locale, c'est le lieu de naissance du dieu, et là où il aurait passé son enfance, dans un endroit appelé Kretea (pour créer la confusion avec la Crète, le lieu que retiennent généralement les Grecs) (Description de la Grèce, VIII, 36, 2-3). Pausanias évoque plusieurs curiosités en rapport avec ce dieu, notamment le fait qu'on trouve dans son sanctuaire un lieu sacré et inviolable, abaton, où nul ne doit pénétrer (VIII, 38, 6). Une autre originalité du culte de Zeus Lykaios est l'existence d'un rituel visant à apporter la pluie pour mettre fin à une sécheresse, accompli dans la source appelée Hagno (« Pure » ; VIII, 38, 4). Certes Zeus est associé aux pluies dans tout le monde grec, mais aucun rite l'invoquant pour provoquer des pluies n'est attesté ailleurs. Enfin l'autre particularité du culte de Zeus Lykaios, qui n'est pas la moindre, est son association aux sacrifices humains, connue par des allusions de Platon et de Théophraste. Il est désormais généralement admis qu'aucun sacrifice de ce type n'a eu lieu au mont Lycée, ni ailleurs en Grèce antique. En tout cas il n'y a aucune preuve solide en ce sens. Cela renvoie à un mythe sur Zeus et le roi arcadien légendaire Lycaon, qui est connue sous plusieurs variantes. Celle de Pausanias (VIII, 2, 3) dit que le roi sacrifie un nouveau-né sur l'autel de Zeus Lykaios, ce qui provoque la colère du dieu qui le transforme en loup, lykos en grec ancien. D'autres versions impliquent les cinquante fils de Lycaon, et un banquet à la cour du roi arcadien, auquel participe Zeus, au cours duquel on sert de la chair humaine. Les fils de Lycaon sont soit pulvérisés par la foudre de Zeus, soit transformés en loup. Le motif de la transformation en loup (lycanthropie) revient chez d'autres auteurs, notamment Pline l'Ancien qui rapporte un rite de consommation de chair humaine provoquant la métamorphose en loup, qui prend fin après 10 ans si l'individu transformé s'abstient de manger à nouveau de la chair humaine ; sinon il reste un loup durant le reste de son existence. Plusieurs explications ont été avancées pour expliquer ces récits de lycanthropie : culte d'un dieu-loup ou rite initiatique d'une tribu ou d'une sorte de confrérie ayant le loup pour « totem », transgression rituelle et régression vers le monde sauvage. La figure du roi Lycaon et son rapport à Zeus sont ambivalents : parfois il est présenté comme un impie méritant un juste châtiment, d'autres fois comme un roi pieux subissant les impiétés de ses fils[331],[332].

Dion

Le sanctuaire de Dion est situé dans une plaine fertile de Piérie, au pied du mont Olympe, sur son côté nord. Son nom dérive probablement de celui du dieu, qui y est vénéré sous son épithète Olympios. Il est le sanctuaire national du royaume de Macédoine au Ve siècle av. J.-C., sous la dynastie des Argéades, qui se considère descendante de Zeus, père de Macédon, ancêtre éponyme des Macédoniens et lui-même père de leur ancêtre dynastique Argéas. Le roi Archélaos Ier institue à la fin du Ve siècle av. J.-C. des fêtes calquées sur celles d'Olympie, appelées Olympia, dédiées à Zeus et aux neuf Muses, marquées par des concours athlétiques et lyriques. Elles deviennent une manifestation de la puissance macédonienne, en particulier sous les règnes de Philippe II et d'Alexandre le Grand, qui célèbrent leurs victoires militaires à Dion. Le second y fait ainsi ériger un monument commémorant vingt-cinq de ses cavaliers tombés à Granique (334). Les traités conclus par la Macédoine y sont également inscrits, afin d'être garantis par Zeus. Le rôle de sanctuaire national continue sous la dynastie des Antigonides qui dirige le royaume jusqu'à la conquête romaine[333],[334].

Sous la domination romaine, le sanctuaire reste actif mais connaît une évolution théologique puisque le culte de Zeus qui devient dominant est celui de son épithète Hypsistos « très haut », dont la popularité croît durant cette période, particulièrement en Macédoine (dont il est peut-être originaire). S'il ne reste plus grand chose du grand temple de Zeus Olympios, celui du Hypsistos est mieux conservé et a notamment livré la statue cultuelle du dieu, dans un état fragmentaire. Il semble utilisé aux IIe – IIIe siècle ap. J.-C. Une stèle du milieu du IIIe siècle donnant les noms des membres d'une association religieuse de la cité voisine de Pydna consacrée au culte de Zeus Hypsistos atteste également de la popularité de ce culte en Piérie. Il reprend en grande partie des aspects de l'ancien culte à Zeus Olympios, mais pourrait aussi intégrer des éléments nouveaux[335],[336]

Athènes

La cité d'Athènes a pour divinité tutélaire Athéna, la fille de Zeus. Le roi des dieux joue ici un rôle qui le met au second plan, mais reste en fin de compte le dernier dépositaire de la souveraineté, qu'il délègue à Athéna, dont le rôle local ne saurait s'expliquer sans son statut de progéniture de Zeus. Cela se retrouve en particulier par le fait que les deux reçoivent à plusieurs reprises des épithètes cultuelles communes, en particulier en lien avec la sphère politique :

  • un autel à Zeus Polieus se trouve sur l'Acropole (dans sa partie orientale), le principal sanctuaire d'Athéna, vénérée en ce lieu sous son aspect Polias, et il est en particulier lors de la fête des Dipoleia (voir plus bas) ;
  • Athéna Boulaia et Zeus Boulaios reçoivent un culte à la Boulè, le conseil ;
  • Athéna Phratria et Zeus Phratrios sont invoqués par les phratries lors de la fête des Apatouries ;
  • Athéna Archegetes-Zeus Archegetis forment un couple de figures fondatrices ;
  • Athéna Soteira et Zeus Soter sont célébrés lors de la fête des Diisoteria qui est marquée par une procession rejoignant le Pirée où ils ont leur lieu de culte[243],[244],[337].

Les fêtes athéniennes en l'honneur de Zeus qui pnt suscité les plus nombreux commentaires sont les Dipoleia, vouées à Zeus Polieus et accomplies sur l'acropole le 14e jour du moins Skirophoron. La documentation antique nous renseigne surtout sur un rite sacrificiel qui a lieu à cette occasion, les Bouphonies (le « meurtre d'un bœuf »). Une procession se rend à l'autel du dieu, autour duquel on fait déambuler des bœufs, jusqu'à ce que l'un deux mange des victuailles végétales déposées à cet endroit. Il est alors sacrifié et sa viande est consommée, alors que sa peau est remplie de foin pour faire une effigie de bœuf à laquelle on fait tirer un araire. Le rite se clôt par un procès de l'objet ayant servi à l'abattre, la hache ou le couteau. Un mythe concernant la mise à mort accidentelle d'un bœuf de labour et son expiation explique le rite selon Théophraste (rapporté par Porphyre). Ce rite a suscité diverses interprétations modernes : certains y voient une manière d'expliquer et de justifier le sacrifice animal en général (K. Meuli, W. Burkert), d'autres insistent plutôt sur sa singularité, il pourrait aussi avoir une signification politique[338],[337].

Autrement, Zeus occupe une grande variété de rôles dans la vie des Athéniens. C'est comme ailleurs une divinité majeure des cultes domestiques, des relations sociales, des lieux situés en hauteur, des phénomènes atmosphériques, de l'agriculture, et l'abondante documentation athénienne est cruciale pour connaître un grand nombre des ses épithètes/épiclèses et comprendre toutes ses facettes[339],[340].

Zeus Meilichios dispose d'une grande fête à Athènes, les Diasies, qui ont lieu le 23e jour du mois Anthesterion et sont parmi les plus populaires de la cité. Elle se déroulent hors des murs de la ville, dans le faubourg d'Agrai. C'est une fête des familles, qui se réunissent pour faire des sacrifices, végétariens selon Thucydide, bien qu'on sache par Aristophane que le dieu recevait aussi de la viande. Ce dernier indique aussi que c'était une opportunité pour offrir un jouet à un enfant[341].

Le plus grand lieu de culte de Zeus à Athènes est situé en contrebas de l'Acropole, au sud-est, au bord de la rivière Ilissos, et est dédié à son aspect Olympios, particulièrement prisé par les monarques. Le tyran Pisistrate projette un temple monumental de plus de 100 mètres à la fin du VIe siècle av. J.-C., mais la chute de son régime interrompt le chantier. Le roi séleucide Antiochos IV (175-164) entreprend de l'achever, mais sa mort met fin à ce projet. C'est l'empereur romain Hadrien qui le fait achever entre 124 et 132 de notre ère. Il s'agit d'un grand temple de 110 × 43 mètres, l'un des plus grands du monde gréco-romain, dont le toit est supporté par des grandes colonnes à chapiteaux corinthiens, enfermé dans une enceinte de 205 × 128 mètres. C'est également un lieu de culte impérial en l'honneur d'Hadrien, qui reprend l'épithète Olympios et se fait assimiler à Zeus. Il n'y a d'ailleurs apparemment pas d'autel du dieu, mais en revanche il y a une grande statue chryséléphantine de lui dans le temple. Selon le témoignage de Pausanias le sanctuaire était remplie statues de l'empereur offertes par des cités de tout le monde grec, donc des socles ont été mis au jour sur place. Hadrien entreprend d'autres projets de construction à Athènes, en lien avec la création d'une ligue de cités grecques, Panhellénique, dont il établit le siège dans la cité. Mais on ne sait pas si le lieu précis est le temple de Zeus Olympios ou ailleurs, notamment dans un autre temple situé sur le même site, peut-être dédié à un Zeus Panhellenios[342],[343],[344].

Zeus hors de Grèce

La figure de Zeus évolue aussi hors de Grèce à partir du moment où des communautés grecques s'implantent à l'extérieur, au moins dès l'époque de la colonisation archaïque (VIIIe – VIIe siècle av. J.-C. ; mais sans doute avant à Chypre et en Asie mineure) et plus encore à la suite des conquêtes d'Alexandre ouvrant l'époque hellénistique (IIIe – Ier siècle av. J.-C.). Son culte est donc transporté hors de Grèce, et sa figure influence des cultes locaux, suivant des phénomènes souvent désignés comme des « syncrétismes », bien que le terme soit simplificateur[345],[346]. Cela s'inscrit plus largement dans le processus complexe d'« hellénisation », dans un monde dans lequel la culture grecque est la culture « globale » de référence, ce qui n'empêche pas des échanges culturels dans les deux sens.

Les possibilités sont très variées[347]. Le polythéisme étant un système ouvert, les dieux étrangers ne sont pas considérés comme faux et ils sont plutôt identifiés à la divinité grecque qui leur ressemble le plus. Il s'agit au minimum d'une simple traduction, une interprétation d'une divinité étrangère à l'aune de la divinité grecque qui lui ressemble le plus (Interpretatio graeca), et dans la plupart des cas les Grecs ne lui rendent pas un culte. Dans cette optique, tout dieu qui occupe la position suprême dans un panthéon « barbare » est susceptible d'être appelé « Zeus » par les Grecs[348]. Le nom de Zeus est aussi employé en apposition à celui de divinités étrangères (Zeus Ammon, Zeus Belos, Zeus Sabazios, etc.), dénominations qui peuvent couvrir des significations variées (il ne faut pas forcément y voir un syncrétisme). Les changements commencent là où la mixité se produit, lorsque des Grecs et des non-Grecs, et des personnes aux origines à la fois grecques et non-grecques, côtoient ce lieu de culte, ce qui se produit avec l'implantation de communautés grecques hors de Grèce. Le processus est à double sens. Cela peut se limiter à des juxtapositions, chacun vénérant sa propre version du dieu au même endroit, ou conduire à des mélanges plus ou moins prononcés, qui commencent plutôt par l'adoption d'une iconographie de type grec (un dieu représenté à l'image de Zeus, sans pour forcément reprendre ses fonctions). Ainsi, dans un contexte très marqué par l'influence culturelle grecque, le dieu romain Jupiter reprend divers traits de Zeus : avant tout son iconographie et sa mythologie, mais aussi certaines fonctions. Puis avec la mise en place de la domination romaine des syncrétismes se produisent aussi entre Jupiter et les divinités orientales en contact avec Zeus. Le syncrétisme qui découle de contacts prolongés peut aussi conduire à l'émergence de cultes à divinités originales mêlant des éléments grecs et non-grecs, avec aussi par l'apparition de nouvelles épithètes de Zeus, inconnues en Grèce, de « fusions » de Zeus avec des divinités étrangères. Tout cela conduit donc dans plusieurs cas à l'apparition de divinités appelées Zeus mais très différents des Zeus vénérés en Grèce.

Zeus en Carie

L'Anatolie est l'une des premières régions où des populations non-grecques s'hellénisent au contact de cités grecques. Dès le IVe siècle av. J.-C. l'adoption d'éléments grecs conduit à des évolutions culturelles significatives. Les principales divinités sont ainsi identifiées à des divinités grecques, ce qui facilite l'adoption de la figure de Zeus, puisque les panthéons anatoliens sont dominés depuis au moins l'âge du bronze par des dieux de l'Orage associés aux monts, comme l'atteste la documentation hittite (cf. Tarhunna). La Carie, située au sud-est de la région, au contact des cités grecques d'Ionie et de Rhodes, adopte la culture grecque, avec la vie en cités, en particulier sous la domination de la dynastie des Hécatomnides, et cela se prolonge durant les époques hellénistique et romaine. Zeus y est la divinité qui dispose de plus d'épithètes, et plusieurs des principales divinités de la région sont des aspects de Zeus, associés comme ailleurs à la souveraineté et aux monts, aux forces atmosphériques, à la fertilité, et aux institutions civiques[349],[350],[351]. On le trouve sous différentes épithètes courantes en Grèce (Keraunios, Kataibates, Hypatos, Sôter, Eleutherios, Ktesios, etc.), mais les principales figures sont originales, souvent avec une épithètes renvoyant à un lieu. On trouve un Zeus Karios « Carien », mentionné par Hérodote en lien avec un sanctuaire à Mylasa[352]. Il a aussi un lieu de culte près de Stratonicée dans le sanctuaire de Panamara, où il est associé à Héra. Par la suite le Zeus dominant dans ce lieu est celui nommé Panamaros « de Panamara », épithète qui apparaît au Ier siècle av. J.-C. (en remplacement de la précédente ?), et devient surtout une figure locale, le dieu majeur de Stratonicée. Il est vénéré lors des fêtes des Komyria à Panamara, puis à partir du IIe siècle ap. J.-C. il dispose d'une seconde fête, les Panamareia, cette fois-ci dans la ville de Stratonicée[353]. Une autre cité importante de la région, Mylasa, comprend deux Zeus majeurs, vénérés là encore dans des sanctuaires hors les murs. Le premier, Zeus Labraundos, tenant son nom du sanctuaire extra-urbain de Labraunda, semble plus lié au tonnerre et à la fertilité, et a pour symbole la double hache, labrys, probablement d'origine anatolienne. Le second, Zeus Osogôs/Osogollis (l'épithète semble être le nom d'une ancienne divinité identifiée à Zeus) a des aspects célestes et aquatiques/maritimes : il est aussi nommé Zénoposéidon, nom composé à partir de ceux de Zeus et de Poséidon, et sur les monnaies il est représenté avec les attributs de l'un et de l'autre, l'aigle et le trident[354],[355]. Il s'agit manifestement de divinités cariennes, autochthones, qui ont évolué dans un contexte d'hellénisation tout en préservant des aspects propres visibles dans l'iconographie[356]. Le temple dédié au dieu le mieux conservé dans la région est celui de Zeus Lepsynos, sur le site de l'ancienne Euromos, probablement daté du règne d'Hadrien[357].

Zeus au Proche-Orient

Dans le Proche-Orient hellénistique et romain (Syrie, Haute Mésopotamie, Liban, Levant méridional)[358], Zeus est généralement identifié aux dieux de l'Orage, connus sous différents noms, principalement Hadad et Baal/Bêl[359], qui sont comme lui des figures souveraines, maîtrisant les éléments atmosphériques et associé aux montagnes. Cette assimilation pourrait être facilitée par le fait que Zeus a été influencé par ces divinités avant l'époque archaïque[9],[10]. Il est possible que le nom de Zeus en vienne à avoir une fonction générique similaire à celui qu'a traditionnellement la dénomination Baal/Bel « Maître »/« Seigneur », dans ces régions, pour désigner des dieux majeurs aux aspects souverains et célestes[356]. En tout cas, en raison de son importance en Syrie et dans les régions voisines, Zeus y a été particulièrement utilisé par la propagande royale séleucide, puis impériale romaine (aussi Jupiter)[360]. On trouve souvent dans ces régions des cultes à Zeus Hypsistos « très haut », épithète dont la portée exacte est discutée, qui renvoie à une position élevée voire supérieure aux autres dieux (cf. plus haut)[83].

Statue représentant Zeus/Jupiter Dolichène debout sur un taureau, dans une posture héritée de l'art proche-oriental. IIe ou IIIe siècle ap. J.-C. Musée du Louvre.

Un des aspects de Zeus les plus populaires dans la zone syro-anatolienne est Dolichenos/Dolikhaios, qui doit son nom à Dolichè (Dülük) en Commagène, dont le principal lieu de culte se trouve à Dülük Baba Tepe. C'est une figure syncrétique, comme le reflète l'iconographie du dieu, représenté debout sur un taureau brandissant un foudre et une double hache s'inscrit dans les traditions locales liées au dieu de l'Orage. Localement il est plutôt nommé « dieu de Dolichè ». Son culte devient particulièrement populaire à l'époque romaine, quand il est surtout désigné comme Jupiter Dolichenus[361].

Un autre aspect important est Zeus Belos, épithète formée par l'ajout du nom divin sémitique Baal/Bêl (« le Seigneur/Maître »), qui pourrait aussi traduire une influence babylonienne (voir plus bas). Il se retrouve en particulier à Apamée en Syrie, où son culte a un aspect oraculaire[362],[363]. L'identification de Zeus à Bêl/Belos se retrouve aussi à Palmyre où ce dieu est la principale divinité locale. Le dieu grec est aussi identifié à une autre divinité voisine, Baalshamin « le Maître du Ciel », à Palmyre, à Doura Europos, et d'autres sites syriens, aussi à Oumm el-Amed en Phénicie[364],[365].

Divers autres exemples en cours d'étude illustrent la complexité des recompositions des cultes dans le Proche-Orient hellénisé, qui ressortent surtout dans les différentes manières de (re)nommer les dieux. Zeus reçoit dans ces régions des épithètes déjà connues dans le monde grec : il dispose d'un culte comme Keraunios à Séleucie de Piérie[362], le temple monumental de Zeus à Jerash est dédié à son aspect Olympios, l'épigraphie syrienne documente des Zeus Epèkoos, Megistos, Kyrios, Patrôos. Mais d'autres fois se rencontrent de nouvelles appellations. Un Zeus Tourmasgadès « montagne (du lieu) de l’adoration » est ainsi attesté en Commagène, parfois simplement appelé Tourmasgadès. En Antiochène plusieurs sanctuaires à Zeus ont été retrouvés sur des lieux élevés, ce qui rejoint la tradition locale des « hauts lieux » et aux cultes des divinités syriennes (notamment Baal et El). Ils portent des épithètes originales, certaines expliquées par la langue autochthone, l'araméen, et renvoyant à des objets de culte auxquels le dieu semble identifié : Madbachos (« autel » en araméen) et Selamanès (« paix » en araméen), « dieux ancestraux » au Sheikh Barakat, Bômos (« autel ») au Bourdj Baqirha, Tourbarachos (« montagne bénie ») à Srir, Seimos (« idole » ?), Sumbaitylos (« celui qui partage le bétyle ») et Leôn à Qalaat Kalota[366].

Dans d'autres cas l'épithète renvoie plus simplement au lieu. Le Zeus Kasios est lié au mont Casios (le Djébel Aqra), consacré au dieu de l'Orage Baal depuis plusieurs siècles, sous l'aspect Baal Saphon. Il dispose notamment d'un culte à Séleucie de Piérie. On retrouve ce dieu, que ce soit en tant que Baal Saphon ou Zeus Kasios, dans l'espace méditerranéen, jusqu'à l'ouest. Il est notamment associé à la navigation. Son lien avec le Zeus Kasios de Péluse en Égypte est généralement admis mais parfois discuté, en tout cas Baal Saphon est implanté dans cette région[367],[368],[369].

À Hiérapolis (Manbij) Zeus est identifié au grand dieu de l'Orage local[370]. Le culte de Baalbel/Héliopolis à l'époque romaine est dominé par une triade comprenant Zeus/Jupiter Héliopolitain, dont le culte a là encore un aspect oraculaire[370]. Au mont Carmel le dieu local apparaît comme Zeus Heliopoleites Karmēlos « Hélipolitain Carmélite », donc en lien avec le précédent. À Damas, le grand dieu de l'Orage local, Hadad, est réinterprété en grec comme Zeus Damaskenos « de Damas ». À Doura Europos, on connaît un lieu de culte à Zeus Theos « dieu » (épithète qui paraîtrait incongrue dans un contexte grec), et le dieu local Gad, la Fortune, emprunte l'iconographie de Zeus. Dans le Hauran est attesté Zeus Anikètos Hélios « invaincu Hélios »[371],[372].

Dans le Levant méridional, les deux principaux lieux de culte dédiés à Yhwh font l'objet d'une hellénisation plus ou moins réussie : au mont Gerizim le dieu est identifié à Zeus (qui est selon les sources Xenios, Hellenios ou Hypsistos) ; en revanche à Jérusalem la tentative de transformer le grand temple en lieu de culte à Zeus Olympios durant le règne d'Antiochos IV est un des facteurs déclencheurs de la révolte des Maccabées. Les communautés juives de la diaspora qui s'hellénisent rapprochent leur dieu de Zeus, employant notamment l'épithète Hypsistos « Très haut », souvent employée pour Zeus[373].

Plus loin vers l'est, en Babylonie, où le dieu de l'Orage est une figure secondaire, Zeus est identifié au grand dieu souverain local Marduk, aussi appelé Bel, et ce dès Hérodote. Durant l'époque hellénistique cette interprétation se traduit par la présence en Babylonie de Zeus Belos identifié à Marduk et utilisé par les rois Séleucides dans leur propagande locale[374].

Zeus en Égypte

Monnaie de Cyrène représentant Zeus Ammon, v. 435-475 av. J.-C. Altes Museum de Berlin.

Les Grecs ont identifié le grand dieu thébain Amon-Rê, qu'ils appellent Ammon, avec Zeus, et ce dès l'époque archaïque, puisqu'il fait l'objet d'un hymne de Pindare. La présence de colonies grecques en Cyrénaïque, et l'implantation de Grecs en Égypte facilitent sans doute les contacts et la diffusion de cette divinité dans le monde grec. Hérodote connaît son grand sanctuaire oraculaire dans l'oasis de Siwa. Plutarque indique qu'il est déjà visité par des Grecs à l'époque classique, et des lieux de culte lui sont consacrés en Cyrénaïque puis Grèce dès le IVe siècle av. J.-C.. Il a une représentation distincte, un dieu barbu avec des cornes de bélier. La venue d'Alexandre à Siwa en 331 accroît considérablement son prestige : le roi macédonien se présente comme le fils de Zeus Ammon, ce qui lui permet de conforter sa légitimité et de faire valoir sa prétention au statut divin[375],[376],[377].

Zeus Kasios est vénéré dans la ville de Péluse (Tell el-Farama), à l'extrémité orientale du delta du Nil. Son sanctuaire a été mis au jour en 2022. Son culte à Péluse a des aspects solaires et comprend un oracle. Des sanctuaires lui sont consacrés dans la Méditerranée gréco-romaine pour sa capacité à protéger les marins, qu'il devait avoir ici aussi[369],[378].

Le dieu gréco-égyptien Sarapis/Sérapis reprend également des éléments de Zeus, parmi d'autres dieux (Osiris, Apis, Dionysos, Asclépios, Hadès, Hélios). Il est rapidement assimilé à Zeus et porte souvent l'épithète « Zeus » dans des inscriptions en son honneur[379].

Zeus et Jupiter

Jupiter (Iuppiter) est le principal dieu des Romains, et a la même origine indo-européenne que Zeus. Les deux dieux présentent de nombreuses similitudes : ce sont des dieux souverains, lié au ciel et aux forces atmosphériques, plus largement des figures patriarcales. Ils sont logiquement identifiés l'un à l'autre. En raison de l'influence culturelle des Grecs sur les Romains, Jupiter reprend des traits de Zeus, avant tout dans l'iconographie et la mythologie. Cela est par exemple visible dans le Jupiter de l'Énéide de Virgile, reprenant les traits du Zeus des épopées grecques[380],[318]. Avec la mise en place de la domination romaine sur le monde grec se produisent divers amalgames entre Zeus et Jupiter dans l'autre sens. Jupiter capitolin est ainsi vénéré dans des cités grecques d'Asie mineure comme Zeus Kapetolios[381].

Postérité et réceptions

Christianisation

L'Antiquité tardive voit la religion chrétienne progressivement prendre le dessus sur les cultes polythéistes, et conquérir le pouvoir impérial romain au IVe siècle. Progressivement, le soutien officiel aux cultes des divinités grecques s'arrête. Les derniers concours d'Olympie se tiennent en 393, sous le règne de Théodosien. Le temple de Zeus d'Olympie est détruit par un incendie en 426 et il n'est jamais restauré. C'est au contraire une église chrétienne qui est érigée à proximité, là où était censé se trouver l'atelier de Phidias. Les autres principaux cultes de Zeus s'arrêtent, et certaines de ses statues de culte prennent le chemin de Constantinople, la nouvelle capitale du monde grec christianisé : la statue de Zeus de Dodone est placée dans le Sénat, celle d'Olympie est intégrée dans la collection de Lausos, chambellan de Théodose II, et est détruit dans son incendie en 475. Certains cultes de Zeus sont christianisés, notamment ceux des hauteurs qui concernent plus particulièrement ses aspects liés à la pluie et à la foudre, où saint Élie (le prophète biblique Élie) se substitue à lui (au mont Olympe, au mont Lycée)[382]. L'apologétique chrétienne reprend les critiques faites par certains penseurs païens sur l'image de Zeus, ciblant en particulier son immoralité et sa dépravation, et aussi le fait qu'il est soumis au destin. Mais on reprend aussi des traits de Zeus pour les transposer au Christ[383]. Dans l'art, l'image du Zeus Olympien influence celle du Christ Pantocrator, très répandue dans le monde byzantin. Le fait que l'image du Christ barbu supplante celle du Christ imberbe et juvénile qui prédominait dans les premiers temps chrétiens pourrait être en partie due à l'influence de l'iconographie de Zeus/Jupiter[384]. La manière dont est représenté Dieu le Père dans l'art chrétien semble aussi influencée par l'iconographie du roi des dieux grecs et romains[385].

Empire byzantin

La civilisation byzantine médiévale, qui succède à celle de la Grèce antique, intègre des éléments du paganisme antique dans sa culture, quoi que ceux qui les étudient puisse être suspectés d'être de mauvais Chrétiens. La littérature grecque antique est partiellement préservée par les lettrés byzantins. Dans une scholie à la Théogonie d'Hésiode, Jean Galenos (XIIe siècle) fait de Zeus une allégorie du Christ, et identifie ses flèches à la Croix chrétienne. Jean Tzétzès reprend une vision allégorique et évhémériste du dieu, qui représente physiquement l'air, pragmatiquement l'esprit, et historiquement est un roi de Grèce. Autrement, Zeus reste dans la littérature une incarnation de la luxure (en raison des mythes sur ses relations sexuelles) et de la puissance (avec le thème de la chaîne d'or homérique). Dans les illustrations d'ouvrages, il est représenté sous les traits d'un empereur. Un des principaux penseurs du monde byzantin tardif, Gémiste Pléthon, plus attiré par le paganisme que ses prédécesseurs, voit en Zeus le plus grand et le meilleur des dieux[383].

Europe Occidentale

En Europe occidentale, Zeus est essentiellement connu par l'intermédiaire du dieu romain Jupiter, puisque la connaissance du grec y a disparu durant l'époque médiévale et que la culture lettrée est de langue latine. Dans l'art et la littérature, il est donc nommé Jupiter. En particulier, plusieurs livres sur les divinités grecques sont transmis et continent à avoir une influence, comme les Métamorphoses d'Ovide, le Commentaire au Songe de Scipion de Cicéron par Macrobe, les Mythologies de Fulgence. Ils diffusent des interprétations philosophiques et allégoriques de Jupiter, qui est assimilé à l'éther ou au feu. Isidore de Séville (570-636) reprend quant à lui les interprétations évhéméristes, cette fois-ci non pas pour déprécier l'héritage païen, mais de manière à pouvoir en préserver une partie en dé-divinisant ses divinités. Jupiter devient alors une figure bienfaitrice. Dans l'astrologie/astronomie également l'assimilation de Jupiter à la planète à laquelle il donne son nom permet des interprétations qui en font un pourvoyeur de bienfaits et de bonne santé. Par la suite des mythographes proposent de nouvelles interprétations allégoriques sous un prisme chrétien, comme le Troisième Mythographe du Vatican et l'auteur de L'Ovide moralisé, ouvrage qui atteint une grande popularité et contribue à diffuser l'image de Jupiter, vu là encore comme un ancien roi de Crète, une élément céleste, et un dieu aiment les humains, à l'image du Christ. Le mythe de Danaé est également interprété comme une manifestation d'amour divin, aussi comme un rappel de l'annonciation à Marie, et devient populaire dans l'art européen. Dans la Divine Comédie, Dante assimile dans un passage Jupiter au Christ crucifié, ce qui renvoie à des interprétations chrétiennes plus anciennes. Boccace, dans sa Généalogie des dieux païens (inachevée) reprend le principe de l'existence de plusieurs Jupiters[386].

La Renaissance marque le retour à l'étude du grec ancien et de la littérature grecque, apportée de Byzance. Le goût pour l'Antiquité se traduit aussi par la réalisation d’œuvres d'art ayant pour thème des mythes antiques, tirés d'Ovide, qui se popularisent à partir de l'Italie du XVe siècle. Les représentations des « amours » de Jupiter sont en particulier très appréciées dans l'Europe moderne, sous un jour léger : Danaé, Io, Callisto, Ganymède, etc. Cela ressort en particulier de la peinture, par exemple la série des amours de Jupiter réalisée dans les années 1530 par Le Corrège pour le duc Frédéric II de Mantoue (Danaé, Léda et le Cygne, L'Enlèvement de Ganymède, Jupiter et Io), dans une moindre mesure dans la musique et la littérature. L'iconographie de Jupiter influence à nouveau l'art royal, comme cela ressort en particulier du cycle que Rubens consacre à Henri IV de France et à Marie de Médicis, assimilés à Jupiter et à Junon[387].

La vision de Jupiter évolue au tournant de l'époque contemporaine. Certes Ingres reprend son iconographie et sa majesté pour ses Napoléon Ier sur le trône impérial (1806) et Jupiter et Thétis (1811). Mais dans son poème Prométhée (1773/4), Goethe en fait plutôt un modèle de tyran. J. J. Bachofen dans Le droit de la mère dans l'Antiquité (1861) fait de Zeus l'archétype de l'ordre patriarcal dominant les femmes[385]. William Gladstone dans ses études homériques (1858) considère que l'anthropomorphisme des divinités grecques, et de Zeus en particulier, en fait des proies des désirs et des passions, ce qui les fait pencher (d'un point de vue chrétien) du côté du péché[388].

Les études savantes sur la religion grecque et la figure de Zeus se développent à la même époque. L'étude la plus fondamentale est celle d'Arthur Bernard Cook, publiée en trois volumes en 1914. Elle amasse une grande quantité de données sur le dieu, tout en proposant une interprétation évolutionniste (en partie reprise de James George Frazer) le voyant comme une étape vers l'émergence d'un Dieu unique. Vers la même époque, d'autre approches s'intéressent plus à l'étude des rites et s'éloignent de celle des mythes[389].

Réceptions contemporaines

À l'époque actuelle, le nom de Zeus est souvent repris dans des noms d'entreprises, de produits, de logiciels, comme un synonyme de puissance et de contrôle[390].

La figure de Zeus apparaît également, en même temps que d'autres personnages de la mythologie grecque, dans des fictions de fantaisie comme Le Choc des Titans (1981) où il est joué par Laurence Olivier et reprend l'image du maître du monde à la personnalité aux aspects humains[391].

Le Maître de l'Olympe : Zeus, jeu vidéo de gestion de cité dans un contexte antique sorti en 2000 reprend son image[392].

Les mythes sur Zeus et ses « amours » sont également revus comme des illustrations de la morale sexuelle antique et de ses changements : Zeus apparaît alors comme l'incarnation du mâle dominant à qui tout était permis en raison de son statut, alors qu'au regard des évolutions récentes il est un prédateur sexuel commettant des viols[393].

Notes et références

Notes

  1. Dans la plupart des cas, les traductions des épithètes/épiclèses figurant dans l'article sont reprises de la Banque de données des épiclèses grecques (BDEG) du Laboratoire d'archéologie et histoire Merlat (LAHM) du Centre de recherche en archéologie, archéosciences et histoire (CReAAH) (Université Rennes 2).

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Bibliographie

Sources primaires

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Autres ouvrages

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  • Vinciane Pirenne-Delforge et Gabriella Pironti, L'Héra de Zeus : Ennemie intime, épouse définitive, Paris, Les Belles Lettres,
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