Plateau du Golan
Plateau du Golan الجولان (ar) | |
Carte du plateau du Golan avec à l'ouest, Israël, à l'est la Syrie, au nord, le Liban et au sud la Jordanie. La zone en rouge au centre marque la zone démilitarisée | |
Administration | |
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Pays | Syrie (de jure) Israël (territoire annexé) UNIFIL (zone démilitarisée) |
Démographie | |
Population | 47 400 hab.[1] (31 déc. 2015) |
Densité | 41 hab./km2 |
Langue(s) | Hébreu, arabe |
Géographie | |
Coordonnées | 33° 00′ nord, 35° 45′ est |
Superficie | 1 154 km2 [2] |
Divers | |
Monnaie | Shekel |
Fuseau horaire | UTC +02:00 |
modifier |
Le plateau du Golan (en arabe : الجولان, al-Jūlān, en hébreu : גולן, Golan), est situé dans le Golan en Syrie et fait partie des territoires occupés par Israël depuis la guerre des Six Jours. Ce territoire est annexé par le gouvernement israélien à la suite de la loi votée par les députés israéliens (63 voix pour sur 120) le . Cette annexion a été condamnée et considérée comme illégale par la communauté internationale dans le cadre de la résolution 497 du Conseil de sécurité des Nations unies adoptée à l'unanimité le [3].
Au cours de l'Antiquité, le territoire est habité par divers peuples, dont les Amorites, les Ituréens et les Israélites. Le plateau est conquis en 636 par les Arabes conduits par Omar ibn al-Khattâb ; la présence israélite y demeure attestée jusqu'en 749, année de la destruction par un tremblement de terre de la synagogue de Katzrin. Les Druzes s'installent dans le plateau du Golan à partir du XVe siècle. Il fait partie de l'Empire ottoman à partir des années 1520 (début de la conquête ottomane), et s'intègre dans le vilayet de Syrie. Après la défaite de l'Empire ottoman en 1918, il est administré temporairement par les Britanniques qui ont conquis dès la Palestine d'alors et la Syrie. Mais cette zone doit revenir à la France, conformément aux accords Sykes-Picot signés le 16 mai 1916. La France est autorité de facto dès 1920 et en prend officiellement possession en 1922 par décision de la Société des Nations, qui confie un mandat à la France pour la Syrie et le Liban. La France contribue avec les Britanniques à la définition des frontières du territoire sous mandat, dans le cadre de l'accord Paulet-Newcombe en 1923. Ce secteur de la Syrie est administré par la France, comme tout le reste du territoire syrien pendant plus de vingt ans.
La Syrie y établit sa souveraineté au moment où elle accède à l'indépendance, en avril 1946. 130 000 Syriens vivent sur les hauteurs du Golan au moment où Israël occupe le territoire, lors de la guerre des Six Jours de 1967. La plupart des 130 000 habitants quittent le territoire ou sont expulsés après la conquête israélienne, seuls restant 6 000 à 7 000 Druzes. De nombreux villages sont alors détruits par l'armée israélienne[4]. Israël occupe depuis juin 1967 environ 70 % de l'Ouest des hauteurs du Golan et les place sous administration militaire, tandis que 30 % de l'Est du plateau demeure sous le contrôle de la Syrie, au sein du gouvernorat de Qouneitra. Le , Israël adopte la loi du plateau du Golan qui est considérée par les juristes spécialistes de droit international comme une loi d'annexion d'un territoire étranger ; la résolution n°497 du 17 décembre 1981 du Conseil de sécurité des Nations unies la déclare « nulle et non avenue et sans effet juridique sur le plan international » ; le Conseil de sécurité estime qu'elle contrevient à la résolution 242, selon laquelle l'acquisition de territoires par la guerre est inadmissible. La loi israélienne du 14 décembre 1981 est uniquement reconnue par un seul pays, les États-Unis depuis la déclaration du président Donald Trump le 25 mars 2019.
Le plateau du Golan représente une zone stratégique très importante dans le contexte du conflit israélo-arabe[5]. Il domine par sa position la Galilée (Israël) et la plaine de Damas (Syrie). Il contrôle également la plupart des sources alimentant le lac de Tibériade et le Jourdain.
La présence de colonies de peuplement israéliennes conduit à une augmentation du nombre de colons relativement à celui des habitants druzes demeurés sur le plateau du Golan après juin 1967. Le plateau du Golan est devenu depuis la loi du 14 décembre 1981 un sous-district au sein du district Nord. Des villages, kibboutz ou moshav ont été édifiés à partir des colonies du Nahal (Jeunesse pionnière combattante) présentes dès fin 1967 ou au début 1968. En 2022, le Golan occupé abrite plus de 32 000 Israéliens et environ 22 000 Druzes[6]. L'agglomération la plus peuplée est l'agglomération druze de Majdal Shams.
Histoire
Antiquité et Moyen Âge
Au cours de l'Antiquité, le territoire est habité par divers peuples, dont les Amorites, les Ituréens et les Israélites.
Gamala (aujourd'hui Gamla) était la ville juive la plus importante de la région lors de la première guerre judéo-romaine[7]. Flavius Josèphe relate dans la Guerre des Juifs le siège et la prise par les Romains de la forteresse de Gamala dont les habitants préférèrent se suicider que se rendre aux Romains[8]. Si le site ne fut pas réoccupé, la présence juive a perduré sur le Golan pendant les périodes romaine et byzantine à Qatzrin[9].
La région avec la Galilée devient un centre du Judaïsme durant la période byzantine, avec comme ville principale, Nawa, aujourd'hui située en Syrie. Elle servait de point de passage entre les communautés de Galilée et celles du Hauran, Edreï et Bosra jusqu'au Xe siècle.
La présence israélite se termine en 636, avec la conquête arabe sous Omar ibn al-Khattâb.
Période ottomane
Durant la domination ottomane (1517 à 1918), la région est peu peuplée, mis à part par des Bédouins, vivant de nomadisme.
Les Druzes s'y installent, suivis par les Circassiens à la fin du XIXe siècle.
Pionniers sionistes
À partir de la fin du XIXe et le début du XXe siècle, des associations sionistes achètent des terres dans le plateau du Golan et du Hauran, qui est alors ottoman[10]. En 1885, des membres du vieux Yishouv achètent 15 000 dounams (environ 15 km2) dans le centre du Golan, au village de Ramthaniye[11] puis 2 000 dounams au village de Bir e-Shagum. De 1891 à 1894, le baron Edmond de Rothschild achète 150 000 dounams dans le plateau du Golan[11] et jusque dans les années 1930, elles sont gérées par les organisations sionistes[12],[13]. 100 000 dounams sont acquis par la suite par une association sioniste Agudat Ahim society et divers projets sont tentés comme la construction du village de Tiferet Binyamin par le groupe sioniste Shavei Zion Association[10].
Gestion sous mandat français à titre temporaire
À l'issue de la Première Guerre mondiale, le Levant est conquis sur l'Empire ottoman par les forces britanniques, françaises et arabes. Lors de la conférence de San Remo, il est décidé de placer cette région sous mandats britannique et français. Entre 1920 et 1923, ces derniers négocient le tracé des frontières entre leurs mandats respectifs. À l'issue des négociations de la commission mixte franco-britannique relative aux frontières, en , le Golan est entièrement rattaché au mandat français en Syrie et le lac de Tibériade est géré par les autorités britanniques de Palestine[14].
En 1920, le village créé par des sionistes, Bnei Yehuda, est déserté à la suite des attaques bédouines incessantes. Les derniers agriculteurs juifs sont contraints de quitter la région en 1947[15].
République syrienne (1946-1967)
À la fin du mandat français, le plateau du Golan, qui faisait partie intégrante de la Syrie sous mandat, est incorporé à la République arabe syrienne qui déclare son indépendance en avril 1946.
Incidents de frontières à partir de la création d'Israël en mai 1948
Après avoir été repoussées par la toute nouvelle armée israélienne pendant la guerre israélo-arabe de 1948-1949, les troupes syriennes s'établissent sur le Golan. De 1948 à 1967, la Syrie, profitant de la position dominante du Golan, pratique une politique de harcèlement des Israéliens situés dans la vallée du Jourdain à laquelle Israël ne peut répondre efficacement[8]. Dans les années 1960, la Syrie initie un programme de détournement des eaux, privant Israël d'une importante part des eaux qui lui était allouée par le plan voulu par le gouvernement des États-Unis et qui avait soutenu les projets de développement de la vallée du Jourdain (plan Johnston (en)). Cela déclenche une confrontation entre Israël, la Syrie et la Jordanie entre et [16]. Depuis 1965, le Fatah - organisation de combattants « fedayins » palestiniens fondée par Yasser Arafat au Caire, en 1964 - mène des raids en Israël de plus en plus souvent depuis le plateau du Golan. En , l'armée syrienne bombarde les villages israéliens depuis les hauteurs du Golan[17].
Conquête par Israël durant la guerre des Six Jours
Les 5 et 6 , lors de la guerre des Six Jours, Israël conquiert une partie importante du plateau du Golan et la totalité de la zone est conquise le au soir. Ce dernier devient un territoire occupé[18]. La conquête du plateau par les forces armées israéliennes constitue pour l'État juif un avantage stratégique sur les positions occupées auparavant par l’armée syrienne, le bastion du Golan surplombant de manière décisive la route de Damas.
Avant la guerre des Six Jours en 1967, le Golan comptait une population d'environ 130 000 Syriens (dont des Turkmènes, des Circassiens et 10 000 Palestiniens) et 30 000 soldats[19]. Selon les autorités israéliennes, les autorités syriennes auraient appelé la population syrienne à « abandonner leurs habitations et leurs propriétés » [20] et dès le mois de juin, l’armée israélienne détruit les maisons et dépendances abandonnées[21] qui sont ensuite endommagées par le climat hivernal. Mais des témoignages et rapports ultérieurs montrent que la population civile du Golan qui avait fui les combats fut empêchée par les forces armées israéliennes de revenir dans leurs maisons et que d'autres civils, notamment des agriculteurs qui étaient restés sur place durant les affrontements, ont été expulsés vers la Syrie [20]. Seuls 6 000[22] à 7 000 Druzes restent sous contrôle israélien[23],[19]. Du fait de la guerre, la démographie du Golan est bouleversée : 30 000 Syriens fuient lors des combats[23] et à la fin de l’année, de 90 000[24],[25] à 115 000 civils (Syriens et réfugiés palestiniens) ont quitté le plateau du Golan, se réfugiant sur le territoire syrien[20],[19]. Plus de 25 villages syriens ont été détruits par l'armée israélienne, à compter de la possession du territoire, entre juin et décembre 1967.
Moins de trois mois après la guerre des Six Jours, la résolution de Khartoum adoptée le par huit pays arabes rejette toute négociation avec Israël dont celle sur le sort du plateau du Golan[26].
Premières colonies israéliennes
En , le gouvernement israélien donne son feu vert à l’implantation de 35 avant-postes[27] assurés par des unités militaires du Nahal (Jeunesse pionnière combattante) et à l'installation de civils israéliens devant cultiver les terres locales, au sein de kibboutz et de moshav [21]. Un an après la guerre, le Golan comptait également six colonies israéliennes[21]. En 2023, 32 colonies israéliennes (villes, villages, moshav et kibboutz) sont présentes sur le plateau du Golan, occupé depuis juin 1967.
Guerre du Kippour
Entre le 6 et le 16 octobre 1973, se déroule la guerre du Kippour. Après une percée initiale, l'armée syrienne, au cours des deux premiers jours de l'offensive, réoccupe environ 60 % du Golan. Mais l'armée israélienne, à compter du troisième jour de guerre et de la mobilisation générale de ses réservistes aguerris, qui permet à de nombreuses unités de blindés d'être bien renforcées, repousse les Syriens jusqu'à environ 40 km de Damas, mettant ainsi la capitale de la Syrie ville à portée de canon à longue portée.
Cependant, un cessez-le-feu est signé et Israël accepte de revenir sur ses positions de 1967 (reculant ainsi de la ligne Bravo à la ligne Alpha), tandis que la zone évacuée par les Israéliens devient un no man's land placé sous le contrôle de la Force des Nations unies chargée d'observer le désengagement (FNUOD) dès 1974. Entre les deux lignes de séparation, l'écart minimal est d’à peine 3,5 km, mais il détermine l’accès au lac de Tibériade et à la haute vallée du Jourdain[28]. La ville de Kuneitra, qui était la ville la plus importante du plateau, se trouve être dans la zone sous contrôle syrien, après avoir été abandonnée par l'armée israélienne en juin 1974 qui, avant son retrait définitif, a procédé à de nombreuses destructions de bâtiments civils tels que l'hôpital, l'église grecque orthodoxe et des bâtiments privés de toutes sortes.
La résolution 350 du Conseil de sécurité du 31 mai 1974 met en place une Force d'observation qui s'installe dans la zone tampon entre les deux belligérants.
Négociations
Tandis que les négociations de Camp David mènent à un accord de paix entre l'Égypte et Israël avec une reconnaissance mutuelle et la restitution du Sinaï à l'Égypte.
Le , Israël annexe unilatéralement le plateau du Golan par une loi votée par 63 députés sur 120 composant la Knesset. Le Golan devient alors un sous-district, rattaché au District nord, ce qui lui vaut la condamnation du Conseil de sécurité des Nations unies au travers de la résolution 497 votée 3 jours plus tard. Depuis la conférence de Madrid de 1991, la question de la souveraineté sur le Golan est toujours posée par Damas, comme une condition « sine qua non » majeure pour entamer un éventuel processus de paix avec l’État d'Israël.
Après son élection en 1999, le premier ministre Ehud Barak impose un moratoire sur le développement des colonies sur le plateau du Golan afin de faciliter les négociations de paix avec la Syrie, sous les auspices du président américain Bill Clinton. Mais à la suite de l’échec des pourparlers, cette décision est levée le et, en , le gouvernement d’Ariel Sharon annonce la reprise du développement des colonies israéliennes au Golan.
Guerre civile syrienne
La guerre civile syrienne éclate en 2011 et les combats ne tardent pas, au bout d'un an de conflit, à provoquer des incidents de frontière.
Officiellement, Israël est neutre dans la guerre civile, mais son opposition au gouvernement syrien demeure. Les Israéliens ont accueilli et soigné des Syriens qui se sont présentés avec des blessures dues à cette guerre, en si grand nombre que l'armée israélienne a fini par établir un hôpital de campagne à leur intention. Cependant, les observateurs notent que les Israéliens ne soignent pas forcément que des civils, mais aussi des combattants rebelles[29]. Quelques Syriennes enceintes ont pour leur part été transférées dans des hôpitaux en Israël pour y accoucher[30]. De même, Israël envoie en Syrie de l'aide humanitaire ainsi que de l'eau et de la nourriture pour les victimes civiles présentes à proximité du plateau du Golan [31]. L'ONG Physicians for Human Rights a pour sa part critiqué le refus d'Israël d'accueillir une Syrienne de 17 ans alors qu'elle avait fait une demande d'asile[32].
En 2014, la guerre civile syrienne force l'ONU à évacuer la zone tampon que se disputent le gouvernement et les rebelles syriens.
Après le 7 octobre 2023
À la suite du 7 octobre 2023, les incidents entre Israël et le Hezbollah montent en intensité avec de nombreux tirs de part et d'autre de la frontière israélo-libanaise. Le , douze enfants druzes âgés de dix à seize ans sont tués, alors qu'ils jouaient au football à Majdal Shams par un tir de roquette effectué selon l'armée israélienne depuis le Liban par le Hezbollah, qui pour sa part dément toute responsabilité[33]. La frappe est vraisemblablement due à un tir raté du Hezbollah ou à une erreur du dispositif d’interposition israélien[34].
Statut
Statut territorial
La partie occidentale du Golan a été conquise sur la Syrie par Israël au cours de la guerre des Six Jours et conservé après la guerre du Kippour. Il fait partie des Territoires occupés par Israël faisant l'objet de la résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations unies du 22 novembre 1967. Cette résolution souligne « l'inadmissibilité de l'acquisition de territoires par la guerre et la nécessité d'œuvrer pour une paix juste et durable permettant à chaque État de la région de vivre en sécurité ». Selon l'historien israélien Yigal Kipnis (en), il fait partie des territoires occupés par Israël faisant l'objet de la résolution 242[19].
Israël a annexé le Golan à son territoire par la loi des hauteurs du Golan du , loi qui fut adoptée par plus de la moitié des députés israéliens (63 pour sur un total de 120 députés élus à l'Assemblée nationale israélienne - Knesset). Cette loi n'est pas reconnue par la communauté internationale (sauf par les États-Unis, depuis le 25 mars 2019). Cette loi israélienne a été condamnée par la résolution 497 du 17 décembre 1981, votée à l'unanimité, par les pays membres du Conseil de Sécurité.
Selon la position de la communauté internationale, le plateau du Golan, de facto occupé et administré par Israël, est de jure un territoire syrien car la situation est régie par l'article 2.4 de la Charte des Nations unies[35],[36],[37],[18].
À la suite de son annexion, le plateau est considéré comme territoire israélien[38]. Pour justifier son annexion, Israël avance que le plateau du Golan aurait fait initialement partie du mandat de Palestine prévoyant l'établissement d'un foyer national juif (déclaration de Lord Balfour, ministre britannique des affaires étrangères le 2 novembre 1917) sur ce territoire, qu'il fait partie de l'histoire et de la religion juives et que son contrôle est nécessaire à sa sécurité[39]. Certains de ses dirigeants ont néanmoins déclaré être prêts à le restituer en échange de la signature d'un accord de paix[39].
En 2008, l'Assemblée générale des Nations unies a voté par 161 voix contre 1 (celle des Etats-Unis) en faveur d'une motion pour dénommer le territoire « Golan syrien occupé » tout en réaffirmant son soutien à la résolution 497 du Conseil de sécurité[40],[41].
Selon Yoram Dinstein (en), « même si l'interprétation annexionniste de la législation intérieure israélienne était correcte, cela n'aurait pas d'impact sur le statut du plateau du Golan conformément au droit international. Dans sa résolution 497 du 17 décembre 1981, le Conseil de sécurité a établi que la décision d'imposer sa loi, sa juridiction et son administration dans le plateau du Golan syrien occupé était nulle et non avenue et sans légalité internationale »[35].
En sus, le Liban revendique une zone d'environ 22 km2, dénommée zone des fermes de Chebaa. La position syrienne sur cette revendication n'est pas claire[42].
Mission de l'ONU
La Force des Nations unies chargée d'observer le désengagement (FNUOD) a été établie par la résolution 350 du pour mettre en œuvre la résolution 338 en date du du Conseil de sécurité de l'ONU, afin de contrôler l'application du cessez-le-feu entre les forces israéliennes et syriennes dans le no man's land du plateau du Golan né à la suite de la guerre du Kippour.
Le , le personnel de l'ONU chargé de surveiller le cessez-le-feu et la zone de désengagement délimitée en 1974 entre Israël et la Syrie qui compte 1 223 hommes venus de six pays (Inde, Fidji, Philippines, Irlande, Pays-Bas et Népal) a quitté ses positions et s'est rendu en Israël alors que son mandat venait d'être renouvelé pour six mois jusqu'au , afin de s’éloigner de la zone des combats qui opposent les soldats de l'armée régulière syrienne et les rebelles islamistes, dont ceux du Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda qui sont en passe de prendre le contrôle de la province de Kuneitra dans la partie du Golan encore syrienne. Aucune raison officielle du départ n'a été communiquée par les Nations unies mais, peu auparavant, des dizaines de membres de la FNUOD avaient été attaqués par des rebelles du côté syrien et le , 45 Casques bleus fidjiens avaient été détenus par le Front al Nosra puis libérés après négociations avec l'ONU. Dans un premier temps, le Front al-Nosra avait réclamé une aide humanitaire et son retrait de la liste des organisations terroristes de l'ONU en échange de leur libération[43].
Depuis le Golan sous contrôle israélien, la FNUOD continue de jouer son rôle d'observateur et a dénoncé les échanges entre Israël et les rebelles syriens[44].
Présence de la Russie
La Russie, alliée de la Syrie, a construit des postes d’observation, au nombre de 12 en 2024 ; la police militaire russe patrouille dans cette zone, renforcée par l’aviation russe. L’intérêt pour Moscou est de protéger son allié et d’éviter un embrasement de la région. Cette présence sert aussi à maintenir des relations avec Israël, en éloignant la menace des milices chiites. La présence militaire russe a aussi permis le retour des Casques bleus, évacués en 2012[45],[46].
Reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté israélienne
Le , le président Donald Trump signe un décret (ou executive order, dans l'ordre du droit administratif des États-Unis) reconnaissant la souveraineté d’Israël sur le Golan[47], dont l'annexion n’a jamais été reconnue par la communauté internationale[48]. À la suite de cette déclaration du gouvernement des États-Unis, un porte-parole des Nations unies a rappelé notamment la résolution 497 du 17 décembre 1981 par le Conseil de sécurité, qui considère la décision israélienne d'annexer le Golan comme « nulle et non avenue et sans effet juridique sur le plan international »[49]. Les États-Unis sont le seul pays au monde à reconnaître l'annexion de ce territoire conquis aux premiers jours de la guerre des Six Jours. Cette reconnaissance a été confirmée en 2024 par l'administration démocrate du président Joe Biden[50],[51].
Statut des résidents druzes
La population druze du Golan a conservé sa nationalité syrienne, tout en ayant le statut de résident en Israël[33].
Géographie
Ses frontières naturelles sont au nord le mont Hermon, point culminant de la chaîne de l'Anti-Liban, à l'ouest la dépression du cours supérieur du Jourdain, correspondant à la vallée de la Houla, et du lac de Tibériade, au sud la vallée encaissée du Yarmouk[52]. Il constitue un horst oriental de la faille du Levant qui s'étire du nord au sud entre le mont Liban et la mer Rouge ; la vallée du rift du Jourdain le sépare à l'ouest des monts de Galilée. De ce fait, son rebord occidental est relativement abrupt par rapport à ses frontières méridionales, orientales et septentrionales. Il est parsemé de nombreux cratères volcaniques dont la plupart le traversent en un alignement orienté nord-nord-ouest-sud-sud-est. Cette activité géologique est à l'origine de son sol basaltique propice à l'agriculture.
Le territoire du plateau du Golan est essentiellement formé du plateau du même nom. Il regroupe ainsi la moitié occidentale du plateau du Golan mais aussi d'autres reliefs comme le flanc sud-ouest du mont Hermon au nord et une petite frange de la dépression du cours supérieur du Jourdain et du lac de Tibériade.
Administrativement, il s'agit d'un territoire annexé par Israël depuis la loi votée le 14 décembre 1981 par la Knesset (63 pour sur 120 députés). En conséquence, il est devenu un sous-district spécifique (celui du Golan), qui est l'un des cinq sous-districts composant le district Nord de l'État d'Israël.
Démographie
En 2014, la population du Golan est estimée à 22 000 Druzes et à 27 000 israéliens vivant dans 35 colonies, (villes, villages, moshav et kibboutz), soit un total d'environ 50 000 habitants[53],[6],[54]. En 2023, la population comprend 32 000 colons juifs et 25 000 Druzes.
La colonie juive de Qatzrin, fondée par l’État d'Israël en 1977, est, avec une population de plus de 8 000 habitants, la deuxième agglomération du plateau en 2023 et est du siège du Conseil régional du Golan. Majdal Shams, avec environ 10 000 habitants, druzes pour la plupart, est la première agglomération du Golan.
La colonisation conduit à des tensions autour des terres et des ressources en eau[34].
Les Druzes sont pour la plupart restés loyaux à leur nationalité syrienne. En 2022, 83 % des Druzes du Golan refusaient toujours celle d’Israël et sont seulement titulaires d’une carte de « résidents permanents » en Israël[55]. Les Druzes de nationalité israélienne sont également l'objet de discriminations : en 2018, la loi État-nation a fait des Druzes israéliens des citoyens de seconde zone, comme les autres minorités non juives du pays[34].
Économie
L’économie est axée sur l'agriculture. Le Golan est particulièrement réputé pour ses pommes, son eau de source et son vin primé internationalement. Un tiers de la production vinicole vendue sous étiquette israélienne provient de cette région. Le meilleur cru est le domaine de Bashan, qui fait un vin biologique. La production d'huile d'olive est également réputée. C'est également une vieille région d'élevage puisque 40 % de la viande consommée en Israël en provient.
Malgré l'omniprésence militaire, le tourisme vert se développe. Les pentes enneigées du mont Hermon comptent même une station de sports d’hiver. Aujourd'hui, c'est surtout la question de l'eau qui est au cœur de l'agenda politique israélien et régional. Une partie des affluents du Jourdain trouvent leur source sur le plateau et 35 % de l'alimentation aquifère d'Israël provient de cette région.
Notes et références
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- CBS 2016b, p. 1.
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- En 2008, l'Assemblée générale des Nations unies a voté par 161 voix contre 1 en faveur d'une motion dénommant le territoire « Golan syrien occupé » tout en réaffirmant son soutien à la résolution 497 du Conseil de sécurité. Voir (en) General Assembly adopts broad range of texts, 26 in all, on recommendation of its fourth Committee, including on decolonization, information, Palestine refugees, Nations unies, 5 décembre 2008.
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- Yoram Dinstein (en), The International Law of Belligerent Occupation, Oxford University Press, p. 20 écrit : « But, even if the annexationist interpretation of the Israeli domestic legislation is correct, this would have no impact on the status of the Golan Heights persuant to international law. In Resolution 497 (1981), the Security Council determined that 'the Israeli decision to impose its law, jurisdiction and administation in the Occupied Syrian Golan Heights is null and void and without international legal effect.».
- La résolution 58/98 de l'Assemblée générale des Nations unies du 17 décembre 2003 précise les situations de facto et de jure liées au territoire du plateau du Golan. La résolution 497 du Conseil de Sécurité du 17 décembre 1981 « Copie archivée » (version du sur Internet Archive) indique que l'annexion du Golan par Israël est « nulle et non avenue et sans légalité internationale ».
- Boleslaw Adam Boczek, International Law: A Dictionnary, Scarecrow Press, 2005, p. 214.
- Éric Rouleau, Dans les coulisses du Proche-Orient : Mémoires d'un journaliste diplomate (1952-2012), Fayard, 2012, p.? : Législation israélienne sur le Golan : https://plus.google.com/109989145016389900037/posts.
- Edgar S. Marshall, Israel: Current Issues and Historical Background, Nova Biomedical, 2002, p. 28.
- General Assembly adopts broad range of texts, 26 in all, on recommendation of its fourth Committee, including on decolonization, information, Palestine refugees, Nations unies, 5 décembre 2008.).
- Sharon Korman, The right of conquest: the acquisition of territory by force in international law and practice, Oxford University Press, 1996, p. 265 écrit : « L'occupation sans interruption du Golan syrien est reconnue par de nombreux États comme valide et consistante avec les termes de la Charte des Nations unies, dans un contexte d'auto-défense. Israël, de ce point de vue, peut exiger comme condition à son retrait d'imposer des mesures de sécurité de nature indéfinie, comme une démilitarisation perpétuelle, ou l'installation des forces des Nations unies, qui garantiraient ou essayeraient de garantir que le territoire ne soit pas utilisé à nouveau pour une future agression. Mais l'idée qu'Israël pourrait réclamer quelqu'autre statut que celui d'un belligérant occupant un territoire qu'il occupe, ou d'agir au-delà des limites strictes fixées par la 4e Convention de Genève, est rejeté par toute la communauté internationale, pas moins par les États-Unis que par n'importe quel autre État.».
- Understanding the Shebaa Farms Dispute: Roots of he Anomaly and Prospects for Resolution.
- Retrait de membres de l'ONU sur le Golan, sur Le Monde 15 septembre 2014 (consulté le 16 septembre 2014).
- New Evidence Suggests Israel Is Helping Syrian Rebels in the Golan Heights.
- Igor Delanoë, « Russie-Israël : la Syrie, nouvel enjeu structurant de la relation israélo-russe », Fondation pour la recherche stratégique, 11 avril 2019, consulté le 21 mai 2024.
- Igor Delanoë, « Russie-Israël. En attendant des jours meilleurs », Orient XXI, 21 mai 2024.
- (en) Donald J. Trump, « Proclamation on Recognizing the Golan Heights as Part of the State of Israel », Foreign Policy, sur Maison-Blanche, (consulté le ).
- « Donald Trump a signé le décret reconnaissant la souveraineté d’Israël sur le Golan », sur Le Monde,
- « Trump reconnaît la souveraineté d'Israël sur le plateau du Golan », sur boursorama.com.
- « Nous continuons à reconnaître... la proclamation de 2019 reconnaissant la souveraineté d'Israël sur le Plateau du Golan » (John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité des États-Unis, 29-07-2024 (lire en ligne)
- ‘Golan Heights is part of northern Israel,’ White House says after Hezbollah attack, Jerusalem Post, 29-07-2014 (en ligne).
- Giora Eiland, Defensible Borders on the Golan Heights, Jérusalem, Jerusalem Center for Public Affairs, 2009, 33 p.
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Voir aussi
Bibliographie
État d'Israël
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- [CBS 2016a] (en) « Localities and population, by district, sub-district, religion and population group », sur Bureau central de statistique (Israël), .
- [CBS 2016b] (en) « Area of districts, sub-districts, natural regions and lakes », sur Bureau central de statistique (Israël), .
Organisation des Nations unies
Résolution du Conseil de sécurité des Nations unies :
- Résolution 497 (1981) [fac-similé]
Résolutions de l'Assemblée générale des Nations unies :
- Résolution 62/85 [fac-similé]
- Résolution 63/31 [fac-similé]
- Résolution 64/21 [fac-similé]
- Résolution 65/18 [fac-similé]
- Résolution 66/19 [fac-similé]
- Résolution 67/25 [fac-similé]
- Résolution 68/17 [fac-similé]
- Résolution 69/25 [fac-similé]
- Résolution 70/17 [fac-similé]
- Résolution 71/24 [fac-similé]
Autres
- [Berthelot 2010] Pierre Berthelot, « Le Golan : statu quo ou restitution ? », Politique étrangère, nos 2010/3, , p. 3e partie (« Repères »), art. no 4, p. 647-658 (DOI 10.3917/pe.103.0647, résumé, lire en ligne [html], consulté le ).
- [Coussirat-Coustère 1982] Vincent Coussirat-Coustère, « Israël et le Golan : problèmes juridiques résultant de la loi du », Annuaire français de droit international, vol. 28, , p. 1re partie (« Études »), art. no 6, p. 185-214 (DOI 10.3406/afdi.1982.2488, lire en ligne [fac-similé], consulté le ).
- [DellaPergola 2003] (en) Sergio DellaPergola, « Demographic trends in Israel and Palestine : prospects and policy implications », The American Jewish Year Book, vol. 103, , art. spécial, p. 3-68 (JSTOR 23605541, résumé, lire en ligne [fac-similé], consulté le ).
- [Fakhr 2000] (en) Sakr Abu Fakhr, « Voices from the Golan », Journal of Palestine Studies, vol. 29, no 4, , art. no 1, p. 5-36 (DOI 10.2307/2676559, JSTOR 2676559, lire en ligne [fac-similé], consulté le ).
Articles connexes
Liens externes
- (en) « The Syrian Golan » [« Le Golan syrien »], sur Mission permanente de la République arabe syrienne auprès de l'Organisation des Nations unies.
- Frederik Nørum, The occupied Syrian Golan Heights, 4th Committee of the General Assembly – Special Politics and Decolonisation (SPECPOL)