中法对照:A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU III 追忆似水年华 第三卷(192)
中法对照:A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU III 追忆似水年华 第三卷(192)
Le Côté de Guermantes 盖尔芒特家那边
作者:Marcel Proust 马塞尔-普鲁斯特
Première Partie 第一部
编辑整理:WANGGUOTONG
Le Côté de Guermantes 盖尔芒特家那边
盖尔芒特家那边 (1)
Le pépiement matinal des oiseaux semblait insipide à Françoise. Chaque parole des « bonnes » la faisait sursauter ; incommodée par tous leurs pas, elle s’interrogeait sur eux ; c’est que nous avions déménagé. Certes les domestiques ne remuaient pas moins, dans le « sixième » de notre ancienne demeure ; mais elle les connaissait ; elle avait fait de leurs allées et venues des choses amicales. Maintenant elle portait au silence même une attention douloureuse. Et comme notre nouveau quartier paraissait aussi calme que le boulevard sur lequel nous avions donné jusque-là était bruyant, la chanson (distincte de loin, quand elle est faible, comme un motif d’orchestre) d’un homme qui passait, faisait venir des larmes aux yeux de Françoise en exil. Aussi, si je m’étais moqué d’elle qui, navrée d’avoir eu à quitter un immeuble où l’on était « si bien estimé de partout » et où elle avait fait ses malles en pleurant, selon les rites de Combray, et en déclarant supérieure à toutes les maisons possibles celle qui avait été la nôtre, en revanche, moi qui assimilais aussi difficilement les nouvelles choses que j’abandonnais aisément les anciennes, je me rapprochai de notre vieille servante quand je vis que l’installation dans une maison où elle n’avait pas reçu du concierge qui ne nous connaissait pas encore les marques de considération nécessaires à sa bonne nutrition morale, l’avait plongée dans un état voisin du dépérissement. Elle seule pouvait me comprendre ; ce n’était certes pas son jeune valet de pied qui l’eût fait ; pour lui qui était aussi peu de Combray que possible, emménager, habiter un autre quartier, c’était comme prendre des vacances où la nouveauté des choses donnait le même repos que si l’on eût voyagé ; il se croyait à la campagne ; et un rhume de cerveau lui apporta, comme un « coup d’air » pris dans un wagon où la glace ferme mal, l’impression délicieuse qu’il avait vu du pays ; à chaque éternuement, il se réjouissait d’avoir trouvé une si chic place, ayant toujours désiré des maîtres qui voyageraient beaucoup. Aussi, sans songer à lui, j’allai droit à Françoise ; comme j’avais ri de ses larmes à un départ qui m’avait laissé indifférent, elle se montra glaciale à l’égard de ma tristesse, parce qu’elle la partageait. Avec la « sensibilité » prétendue des nerveux grandit leur égoïsme ; ils ne peuvent supporter de la part des autres l’exhibition des malaises auxquels ils prêtent chez eux-mêmes de plus en plus d’attention. Françoise, qui ne laissait pas passer le plus léger de ceux qu’elle éprouvait, si je souffrais détournait la tête pour que je n’eusse pas le plaisir de voir ma souffrance plainte, même remarquée. Elle fit de même dès que je voulus lui parler de notre nouvelle maison. Du reste, ayant dû au bout de deux jours aller chercher des vêtements oubliés dans celle que nous venions de quitter, tandis que j’avais encore, à la suite de l’emménagement, de la « température » et que, pareil à un boa qui vient d’avaler un bœuf, je me sentais péniblement bossué par un long bahut que ma vue avait à « digérer », Françoise, avec l’infidélité des femmes, revint en disant qu’elle avait cru étouffer sur notre ancien boulevard, que pour s’y rendre elle s’était trouvée toute « déroutée », que jamais elle n’avait vu des escaliers si mal commodes, qu’elle ne retournerait pas habiter là-bas « pour un empire » et lui donnât-on des millions — hypothèse gratuite — que tout (c’est-à-dire ce qui concernait la cuisine et les couloirs) était beaucoup mieux « agencé » dans notre nouvelle maison. Or, il est temps de dire que celle-ci — et nous étions venus y habiter parce que ma grand’mère ne se portant pas très bien, raison que nous nous étions gardés de lui donner, avait besoin d’un air plus pur — était un appartement qui dépendait de l’hôtel de Guermantes.
清晨,鸟雀唧唧啾啾的叫声在弗朗索瓦丝听来觉得没有趣味。“女佣”们说一句话都会把她吓一跳;走一走路都会使她受到惊扰,会使她猜想是谁在走动,因为我们搬家了。其实,在我们旧居的“七楼”,仆人们来回走动的声音也不算小,但她熟悉他们,听到他们走来走去的脚步声感到非常亲切。现在,即使是寂静无声,她也会觉得难以忍受。我们的旧居门窗朝着一条热闹的林荫大道,而我们的新居所在的地区却很幽静,只要有个过路人唱唱歌(哪怕歌声非常微弱,远远听来,也象管弦乐的主题曲那样清楚),搬了家的弗朗索瓦丝听了也会激动得流下眼泪。因此,虽然我曾嘲笑她为了不得不离开一幢“到处受到尊敬”的房子而内心忧伤(按照贡布雷的惯例,她在收拾行李时哭哭啼啼,口口声声说,到哪里也找不到比我们的旧居更好的房子),但是,当我看到我们家的这位老女仆因为初次见面的门房没有向她表示必要的尊敬而几乎垂头丧气时(因为尊敬对她说来是不可缺少的精神营养),我就向她走了过去。我这个人虽不留恋旧东西,但也难适应新环境。只有她才能理解我。自然,她的那个年轻的听差决不会理解我的心情。他几乎还不能算贡布雷的人。搬家,迁入新区,对他说来就象度假一样,新鲜的事儿使他开心,有如作了一次旅行;他以为自己到了乡下;他得了一次感冒,这就好似在没有关严窗户的车厢里吹来了一股“穿堂风”,使他产生了一种见过世面的奇妙印象;他每次打喷嚏,都为找到了一份如此称心的差事而高兴,因为他一直盼望能遇上一个经常旅行的东家。因此,我没有想去找他,而是直接去找弗朗索瓦丝了。我曾对搬家满不在乎,甚至见她伤心落泪还嘲笑她,因此,当她见我愁眉不展时,便故意装出冷冰冰的样子,更何况她也和我一样沉闷忧郁呢。神经过敏的人越是“敏感”,就越自私;他们只许自己有痛苦,却不让别人在他们面前流露出半点不快。弗朗索瓦丝对她感到的痛苦,哪怕是最轻微的,都要一一仔细回味;要是我不高兴了,她便故意扭过头去,使我的痛苦得不到同情,甚至引不起注意。我刚想同她谈我们的新居,她就把头扭过去了。两天之后,弗朗索瓦丝不得不回到我们刚搬离的房子去找几件遗忘在那里的衣服,她显示了女人的变化莫测,回来后竟说,她在我们过去的那条街上差点儿没给憋死,她这次回旧居实在感到“不得其所”,她从没见过那样不方便的楼梯。她还说,“即使回去可以当上皇后”,她也不回那里去住了,哪怕给她几百万钞票(反正这样瞎说又不要她花钱!),我们新居的一切(也不过就是厨房和走廊)要比旧居“布置”得不知好多少。可那时,搬家后我的“烧”还没有退,我就象刚吞下一头牛的蟒蛇,感到自己痛苦地被一只箱子撑得变了形,凸得我连看一眼都觉得吃不消。然而,写到这里,我该作个交待,我们的新居是盖尔芒特府附属建筑中的一套单元房间。我们搬来这里,是因为我的外祖母身体欠安,需要更洁净的空气,而这条理由,我们对她是避而不谈了。
À l’âge où les Noms, nous offrant l’image de l’inconnaissable que nous avons versé en eux, dans le même moment où ils désignent aussi pour nous un lieu réel, nous forcent par là à identifier l’un à l’autre au point que nous partons chercher dans une cité une âme qu’elle ne peut contenir mais que nous n’avons plus le pouvoir d’expulser de son nom, ce n’est pas seulement aux villes et aux fleuves qu’ils donnent une individualité, comme le font les peintures allégoriques, ce n’est pas seulement l’univers physique qu’ils diaprent de différences, qu’ils peuplent de merveilleux, c’est aussi l’univers social : alors chaque château, chaque hôtel ou palais fameux a sa dame, ou sa fée, comme les forêts leurs génies et leurs divinités les eaux. Parfois, cachée au fond de son nom, la fée se transforme au gré de la vie de notre imagination qui la nourrit ; c’est ainsi que l’atmosphère où Mme de Guermantes existait en moi, après n’avoir été pendant des années que le reflet d’un verre de lanterne magique et d’un vitrail d’église, commençait à éteindre ses couleurs, quand des rêves tout autres l’imprégnèrent de l’écumeuse humidité des torrents.
我们把不可知给了名字,因而名字为我们提供了不可知的形象,同时,也给我们指明了一个实体,迫使我们把名字和实体统一起来,甚至我们可以动身去某个城市寻找一个为该城市所不能容纳、但我们不再有权剥夺其名称的灵魂。在这样一个时代,名字不仅象寓意画那样使城市和河流有了个性,不仅使物质世界五光十色,绚丽多姿,而且使人类社会呈现出光怪陆离的画面:每一个城堡、公馆或宫殿,都有它们的女主人或仙女,正如森林有森林神,水域有水神一样。有时候,仙女深深地隐藏在她的名字后面,受到我们想象力的滋养,随着我们想象力的变化而变化。因此,尽管多少年来,德-盖尔芒特夫人于我不过是一张幻灯片上或一块彩绘玻璃窗上的图象,但当完全不一样的梦幻用急流溅射的泡沫把它弄湿了时,它也就开始失去光泽。
Cependant, la fée dépérit si nous nous approchons de la personne réelle à laquelle correspond son nom, car, cette personne, le nom alors commence à la refléter et elle ne contient rien de la fée ; la fée peut renaître si nous nous éloignons de la personne ; mais si nous restons auprès d’elle, la fée meurt définitivement et avec elle le nom, comme cette famille de Lusignan qui devait s’éteindre le jour où disparaîtrait la fée Mélusine. Alors le Nom, sous les repeints successifs duquel nous pourrions finir par retrouver à l’origine le beau portrait d’une étrangère que nous n’aurons jamais connue, n’est plus que la simple carte photographique d’identité à laquelle nous nous reportons pour savoir si nous connaissons, si nous devons ou non saluer une personne qui passe. Mais qu’une sensation d’une année d’autrefois — comme ces instruments de musique enregistreurs qui gardent le son et le style des différents artistes qui en jouèrent — permette à notre mémoire de nous faire entendre ce nom avec le timbre particulier qu’il avait alors pour notre oreille, et ce nom en apparence non changé, nous sentons la distance qui sépare l’un de l’autre les rêves que signifièrent successivement pour nous ses syllabes identiques. Pour un instant, du ramage réentendu qu’il avait en tel printemps ancien, nous pouvons tirer, comme des petits tubes dont on se sert pour peindre, la nuance juste, oubliée, mystérieuse et fraîche des jours que nous avions cru nous rappeler, quand, comme les mauvais peintres, nous donnions à tout notre passé étendu sur une même toile les tons conventionnels et tous pareils de la mémoire volontaire. Or, au contraire, chacun des moments qui le composèrent employait, pour une création originale, dans une harmonie unique, les couleurs d’alors que nous ne connaissons plus et qui, par exemple, me ravissent encore tout à coup si, grâce à quelque hasard, le nom de Guermantes ayant repris pour un instant après tant d’années le son, si différent de celui d’aujourd’hui, qu’il avait pour moi le jour du mariage de Mlle Percepied, il me rend ce mauve si doux, trop brillant, trop neuf, dont se veloutait la cravate gonflée de la jeune duchesse, et, comme une pervenche incueillissable et refleurie, ses yeux ensoleillés d’un sourire bleu. Et le nom de Guermantes d’alors est aussi comme un de ces petits ballons dans lesquels on a enfermé de l’oxygène ou un autre gaz : quand j’arrive à le crever, à en faire sortir ce qu’il contient, je respire l’air de Combray de cette année-là, de ce jour-là, mêlé d’une odeur d’aubépines agitée par le vent du coin de la place, précurseur de la pluie, qui tour à tour faisait envoler le soleil, le laissait s’étendre sur le tapis de laine rouge de la sacristie et le revêtir d’une carnation brillante, presque rose, de géranium, et de cette douceur, pour ainsi dire wagnérienne, dans l’allégresse, qui conserve tant de noblesse à la festivité. Mais même en dehors des rares minutes comme celles-là, où brusquement nous sentons l’entité originale tressaillir et reprendre sa forme et sa ciselure au sein des syllabes mortes aujourd’hui, si dans le tourbillon vertigineux de la vie courante, où ils n’ont plus qu’un usage entièrement pratique, les noms ont perdu toute couleur comme une toupie prismatique qui tourne trop vite et qui semble grise, en revanche quand, dans la rêverie, nous réfléchissons, nous cherchons, pour revenir sur le passé, à ralentir, à suspendre le mouvement perpétuel où nous sommes entraînés, peu à peu nous revoyons apparaître, juxtaposées, mais entièrement distinctes les unes des autres, les teintes qu’au cours de notre existence nous présenta successivement un même nom.
然而,只要我们接近名字所指的真实的人,仙女就会消失,因为这个人一旦和她的名字统一,也就不再是仙女;如果我们离开她,仙女就会再现;但是,只要我们呆在她身边不走,她就会最终消失,随之名字也会消失,例如吕西尼昂家族,在梅吕西娜仙女离去的那天,也会黯然失色。名字不过是一张有照片的普通身分证,如果迎面走来一个人,我们就看一看这张身分证,好弄清楚我们认不认识这个过路人,该不该同他打招呼;名字经过我们一次又一次的想象而变了样,但是,我们还能发现一个我们素不相识的女人的原始倩影。但是,尽管从前某年所产生的某种感觉,会象那些能保留不同艺术家的声音和风格的自动录音器那样,使这个名字在我们记忆中重现,使我们重新听见这个名字,而且听上去仍然是从前的声音,表面上没有什么变化,但是,我们仍能感觉得到,相同的声音在我们身上引起的一连串梦幻已经不相同了。有时候,在从前一个春天听到的名字现在又听见了,我们会象挤绘画颜料管似的,从中挤出流去时光的神秘而新鲜的、被人遗忘了的细腻感情;当我们象一个蹩脚的画家,把我们的过去整个儿地展现在同一张画布上,任凭我们的记忆给予它传统的、千篇一律的色彩的时候,我们以为对过去的每时每刻仍然记忆犹新。然而恰恰相反,过去的每一时刻,作为独到的创作,使用的色彩都带有时代特征,而且十分和谐,这些色彩我们已不熟悉了,可是仍会突然使我们感到心醉。我就有过这种体会。贝斯比埃小姐结婚已经多年,可是,一次偶然的机会,盖尔芒特这个名字又突然恢复了我在她喜庆之日所听到的声音,与今天的声音迥然不同,此刻我心里高兴得发颤,它使我又看到了年轻的公爵夫人佩戴的鼓鼓囊囊的领结,淡紫的颜色柔美悦目,光辉灿烂,新颖别致;还有她那双炯炯有神的眼睛,闪烁着蓝晶晶的微笑,宛若一朵永开不败的不可采撷的长春花。那时候,盖尔芒特的名字也象一个注入了氧气或另一种气体的小球:当我终于把它戳破,放出里面的气体时,我呼吸到了那一年,那一天贡布雷的空气,空气中混杂有山楂花的香味。是广场一角的风把这香味吹过来的。这预示着一场大暴雨的风使太阳时隐时显,把阳光洒在教堂圣器室的红羊毛地毯上,使它呈现出天竺葵的肉色,或象玫瑰花的粉色,光彩夺目,它又象盛大音乐会上演奏的瓦格纳的乐曲,高雅华贵,轻松愉快,令人心旷神怡。此刻,我们会突然感到这个原始的实体在打颤,恢复了它在今天已不复存在的那些音节内部的形式和雕刻花纹。然而,即使在这样难得的时刻,即使名字在令人眼花缭乱的日常生活的漩涡中,仅仅成了一种惯用的称呼,失去了任何色彩,好似一个棱柱形的陀螺,飞速地、如醉似狂地旋转着,可是,当我们在幻想中冥思苦想时,为了回溯以往,我们会力图减缓和中止我们已被卷入的永恒的运动,渐渐地,又会重新看到某个名字在我们一生中向我们连续展开的斑斓色彩,层层叠叠,但各各相异——
Sans doute quelque forme se découpait à mes yeux en ce nom de Guermantes, quand ma nourrice — qui sans doute ignorait, autant que moi-même aujourd’hui, en l’honneur de qui elle avait été composée — me berçait de cette vieille chanson : Gloire à la Marquise de Guermantes ou quand, quelques années plus tard, le vieux maréchal de Guermantes remplissant ma bonne d’orgueil, s’arrêtait aux Champs-Élysées en disant : « Le bel enfant ! » et sortait d’une bonbonnière de poche une pastille de chocolat, cela je ne le sais pas. Ces années de ma première enfance ne sont plus en moi, elles me sont extérieures, je n’en peux rien apprendre que, comme pour ce qui a eu lieu avant notre naissance, par les récits des autres. Mais plus tard je trouve successivement dans la durée en moi de ce même nom sept ou huit figures différentes ; les premières étaient les plus belles : peu à peu mon rêve, forcé par la réalité d’abandonner une position intenable, se retranchait à nouveau un peu en deçà jusqu’à ce qu’il fût obligé de reculer encore. Et, en même temps que Mme de Guermantes, changeait sa demeure, issue elle aussi de ce nom que fécondait d’année en année telle ou telle parole entendue qui modifiait mes rêveries, cette demeure les reflétait dans ses pierres mêmes devenues réfléchissantes comme la surface d’un nuage ou d’un lac. Un donjon sans épaisseur qui n’était qu’une bande de lumière orangée et du haut duquel le seigneur et sa dame décidaient de la vie et de la mort de leurs vassaux avait fait place — tout au bout de ce « côté de Guermantes » où, par tant de beaux après-midi, je suivais avec mes parents le cours de la Vivonne — à cette terre torrentueuse où la duchesse m’apprenait à pêcher la truite et à connaître le nom des fleurs aux grappes violettes et rougeâtres qui décoraient les murs bas des enclos environnants ; puis ç’avait été la terre héréditaire, le poétique domaine où cette race altière de Guermantes, comme une tour jaunissante et fleuronnée qui traverse les âges, s’élevait déjà sur la France, alors que le ciel était encore vide là où devaient plus tard surgir Notre-Dame de Paris et Notre-Dame de Chartres ; alors qu’au sommet de la colline de Laon la nef de la cathédrale ne s’était pas posée comme l’Arche du Déluge au sommet du mont Ararat, emplie de Patriarches et de Justes anxieusement penchés aux fenêtres pour voir si la colère de Dieu s’est apaisée, emportant avec elle les types des végétaux qui multiplieront sur la terre, débordante d’animaux qui s’échappent jusque par les tours où des bœufs, se promenant paisiblement sur la toiture, regardent de haut les plaines de Champagne ; alors que le voyageur qui quittait Beauvais à la fin du jour ne voyait pas encore le suivre en tournoyant, dépliées sur l’écran d’or du couchant, les ailes noires et ramifiées de la cathédrale. C’était, ce Guermantes, comme le cadre d’un roman, un paysage imaginaire que j’avais peine à me représenter et d’autant plus le désir de découvrir, enclavé au milieu de terres et de routes réelles qui tout à coup s’imprégneraient de particularités héraldiques, à deux lieues d’une gare ; je me rappelais les noms des localités voisines comme si elles avaient été situées au pied du Parnasse ou de l’Hélicon, et elles me semblaient précieuses comme les conditions matérielles — en science topographique — de la production d’un phénomène mystérieux. Je revoyais les armoiries qui sont peintes aux soubassements des vitraux de Combray et dont les quartiers s’étaient remplis, siècle par siècle, de toutes les seigneuries que, par mariages ou acquisitions, cette illustre maison avait fait voler à elle de tous les coins de l’Allemagne, de l’Italie et de la France : terres immenses du Nord, cités puissantes du Midi, venues se rejoindre et se composer en Guermantes et, perdant leur matérialité, inscrire allégoriquement leur donjon de sinople ou leur château d’argent dans son champ d’azur. J’avais entendu parler des célèbres tapisseries de Guermantes et je les voyais, médiévales et bleues, un peu grosses, se détacher comme un nuage sur le nom amarante et légendaire, au pied de l’antique forêt où chassa si souvent Childebert et ce fin fond mystérieux des terres, ce lointain des siècles, il me semblait qu’aussi bien que par un voyage je pénétrerais dans leurs secrets, rien qu’en approchant un instant à Paris Mme de Guermantes, suzeraine du lieu et dame du lac, comme si son visage et ses paroles eussent dû posséder le charme local des futaies et des rives et les mêmes particularités séculaires que le vieux coutumier de ses archives. Mais alors j’avais connu Saint-Loup ; il m’avait appris que le château ne s’appelait Guermantes que depuis le XVIIe siècle où sa famille l’avait acquis. Elle avait résidé jusque-là dans le voisinage, et son titre ne venait pas de cette région. Le village de Guermantes avait reçu son nom du château, après lequel il avait été construit, et pour qu’il n’en détruisît pas les perspectives, une servitude restée en vigueur réglait le tracé des rues et limitait la hauteur des maisons. Quant aux tapisseries, elles étaient de Boucher, achetées au XIXe siècle par un Guermantes amateur, et étaient placées, à côté de tableaux de chasse médiocres qu’il avait peints lui-même, dans un fort vilain salon drapé d’andrinople et de peluche. Par ces révélations, Saint-Loup avait introduit dans le château des éléments étrangers au nom de Guermantes qui ne me permirent plus de continuer à extraire uniquement de la sonorité des syllabes la maçonnerie des constructions. Alors au fond de ce nom s’était effacé le château reflété dans son lac, et ce qui m’était apparu autour de Mme de Guermantes comme sa demeure, ç’avait été son hôtel de Paris, l’hôtel de Guermantes, limpide comme son nom, car aucun élément matériel et opaque n’en venait interrompre et aveugler la transparence. Comme l’église ne signifie pas seulement le temple, mais aussi l’assemblée des fidèles, cet hôtel de Guermantes comprenait tous ceux qui partageaient la vie de la duchesse, mais ces intimes que je n’avais jamais vus n’étaient pour moi que des noms célèbres et poétiques, et, connaissant uniquement des personnes qui n’étaient elles aussi que des noms, ne faisaient qu’agrandir et protéger le mystère de la duchesse en étendant autour d’elle un vaste halo qui allait tout au plus en se dégradant.
当然,在我小时候,当我的乳母轻轻摇着我,给我唱《光荣属于盖尔芒特侯爵夫人》那首古老的歌谣的时候(也许,她也和我今天一样并不知道这首歌是为谁而写的),或者过了几年,当年迈的德-盖尔芒特元帅在香榭丽舍大街上停下来,夸我是漂亮的孩子,并从一只小糖盒里取出一块巧克力给我吃的时候(为此,我的保姆感到十分自豪),我不知道盖尔芒特这个名字在我眼前显示了什么样的形象。孩提时候的事情我毫无印象,就象跟和我没关系似的,我只能从别人那里听到一些,仿佛是在我出生前发生的事。但后来,当这个名字在我脑际留下印象后,先后出现过七、八个迥然不同的形象,最先出现的形象最甜美:我的梦幻为现实所迫,逐渐放弃一个难守的阵地,后退一步,固守新的阵地,直到被迫作出新的退让为止。德-盖尔芒特夫人的住所也象她本人一样,在我的印象中发生着变化。她的住所也以盖尔芒特命名,年复一年,我听到的这样或那样的谈话改变着我的幻想,使这个名字逐渐充实:这个住所,在它那些已经变得象云彩或湖泊那样具有反射面的石头中,映照出我的梦幻。起初是一座城堡的主楼,墙壁不厚,不过是一条橙色的光带,领主和他的夫人在城堡顶端决定着他们附庸的生死,继而城堡让位于一片土地,土地上奔腾着一条湍流,就在“盖尔芒特家那边”的一端:多少个风和日丽的下午,我和父母亲一起凝望着维福纳河;公爵夫人教我钓鳟鱼,告诉我那些一串串挂在附近低矮的篱笆上的紫红色和淡红色的花儿叫什么名字。这是一块世袭的土地,一座充满着诗情画意的城堡,高傲的盖尔芒特家族,犹如一座经历了漫长岁月、饰有花叶的古老苍黄的塔楼,高高地矗立在这块土地上。在这一家族兴起的时候,法兰西巴黎圣母院和夏尔特尔圣母院的上空还一无所有,后来才建造了这两座教堂;朗市山顶的圣母大教堂尚未问世,现在,那高高屹立的教堂中殿,就象停在阿拉拉山上的挪亚方舟,墙上画满了族长和他们的家人,一个个忧心忡忡,俯身窗口,观察上帝是否已经息怒;他们带着各种各样的植物,准备在大地上种植,还带了各种动物——这些壁画上的动物象是要从钟楼逃出去似的,牛在钟楼的屋顶上安详地闲步,居高临下,眺望着香巴尼平原;那时,如果游客傍晚时分离开博韦,回头一看,还看不见圣皮埃尔大教堂在残阳的金色帷幕上展开它那多分支的黑翅膀,紧跟在他后面飞翔。盖尔芒特家族就象一本小说的背景,一片虚构的风景,我很难想象得出它的面貌,但越是这样,就越想去发现它。它是一块飞地,周围是真实的土地和道路。这些土地,这些道路,在离一个火车站两里路的地方,突然充满了纹章的特征。我想起了邻近几个地方的名字,仿佛就在帕耳那索斯山或赫利孔山的山脚下,它们犹如会产生神秘现象的物质环境(就地形学而言),对我来说十分珍贵。我又看到了画在贡布雷彩绘玻璃窗底部的盾形纹章,经过好几个世纪,这个显赫的家族,通过联姻或者购买,从德国、意大利和法国各个地方,获得了许多领地,它们一一刻在了纹章四个纵横等分的盾面上:北方的大片土地,南方有权势的城邦,同盖尔芒特家族合而为一后实质上已不再存在,只象征性地把它们绿色或银色图案的城堡刻入盖尔芒特家族纹章的蓝色底面上。我曾听人谈到过闻名遐迩的盖尔芒特挂毯,蓝色,有点粗糙,具有中世纪风格。我看见它们象一片云彩,在这古老的森林边缘,在这深紫红色的传奇式的名字上空飘游,希尔德贝常在这片森林里狩猎。这深邃而神秘的土地,这遥远的年代,只要我和这个女领主,湖泊的仙女德-盖尔芒特夫人在巴黎接触过一次,我就可以象进行了一次旅行那样洞察到它们的秘密,仿佛在她的脸上和言谈中具有老树和湖堤的魅力,象她档案室那本破旧的习俗汇编那样刻有世纪的特征。可就在那时候,我认识了圣卢。他告诉我,他们家是在十七世纪买下这座城堡的,仅仅从那时起它才取名盖尔芒特。在这以前,他们家住在附近的地方,封号不是在这个地区获得的。后来,城堡周围建起了村庄,也以盖尔芒特命名。为了不使城堡的景致遭受破坏,颁布了地役法,规定道路的走向和限止房屋的高度。至于挂毯,底图全都出自布歇之手,是盖尔芒特家的一个艺术爱好者于十九世纪购置的。它们张挂在一个到处蒙着红棉布和长毛绒布的非常俗气的客厅里,并排挂着几幅拙劣的狩猎图,是那位艺术爱好者亲手画的。圣卢向我揭示了与这座城堡的名字不相关的东西,这样一来,我就不再象从前那样,只根据盖尔芒特这个名字的响亮的音节来看这座城堡了。于是,在名字的深处,我看到的不是这个城堡在湖面上的模糊不清的倒影。对我来说,德-盖尔芒特夫人的住所就是她在巴黎的府邸,盖尔芒特府,它象她的名字一样清澈可鉴,因为它还没有受到任何庸俗的、不透明的物质的侵扰。正如教堂不仅意味着礼拜堂,而且还包括全体信男信女一样,盖尔芒特府也同样包括所有分享公爵夫人生活的人。可是她那些挚友,我与他们素未谋面,他们与我不过是一些知名的富有诗意的名字;知其名而不知其人,这就只会增加和保护公爵夫人的神秘色彩,在她周围加上一圈很大的光轮,这圈光轮最多不过是会逐渐减弱罢了——
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